À la découverte de Versailles (mais en Lorraine) !

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23 septembre 2020 par Laury ZINSZ

Le thermalisme à Martigny-les-Bains, ne jamais dire fontaine je ne boirai pas de ton eau ! 

L’aventure commence pour la station thermale de Martigny-les-Bains en 1849 lorsqu’une analyse scientifique de l’eau de la source révèle une qualité d’eau supérieure à la moyenne et des propriétés permettant de soulager les affections arthritiques. Certains médecins affirment même que l’eau de Martigny serait supérieure à celle de Vittel ou de Contrexéville ! C'est dire !

En août 1859, la source est vendue par la commune. C’est Madame Veuve (comme on dit à l'époque) Maubertier qui s’en porte acquéreuse pour 2 000 francs. Elle fait alors construire un pavillon abritant la source ainsi que des chambres d’hôtels et des bains. Ce premier pas vers le thermalisme va rapidement prendre fin suite à la faillite de la propriétaire. Qu’à cela ne tienne ! Martigny n’a pas dit son dernier mot ! L’affaire est rachetée 75 000 francs par un investisseur qui décide de se jeter à l’eau.

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Martigny-les-Bains (Vosges), La Nacelle de l'étang du parc

Ce dernier va donner une nouvelle impulsion au site en faisant creuser un lac, dessiner un parc, tracer des allées, et en captant une nouvelle source : la source de Grimollet atypique car naturellement savonneuse. L’affaire commence à bien marcher, mais le propriétaire tombe malade et décède des suites de son affection. Il tente de léguer ses possessions à l’ancienne propriétaire ayant fait faillite pour la remercier de son soutien face à la maladie, mais les frais de successions onéreux les empêchent de mener la transaction à terme. En 1879, une toute nouvelle société va être créée, mais va également rapidement avoir le bec dans l’eau …

L’apogée du « Versailles thermal » à la Belle Epoque, ça coule de source !

C’est en 1882 que Messieurs Kieffer et Chapier deviennent propriétaires de l’établissement thermal de Martigny. Ils entreprennent alors d’importants travaux d’embellissement du complexe. Ils font agrandir le parc originel et implanter des boutiques. La mort de Monsieur Kieffer en 1883 n’ébranle pas l’affaire. Mieux, en mai 1896, face au succès retentissant, il est nécessaire de créer une société anonyme pour gérer le site qui portera le nom de Société Martig. C’est le début de la prospérité pour le thermalisme de Martigny qu’on surnomme désormais la « Versailles thermale ». Les curistes bénéficient, en plus de l’accès aux bains, d’attractions diverses telles que le golf, le tennis, le croquet ou les petits chevaux.

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Martigny-les-Bains (Vosges), Les Petits Chevaux dans le Parc
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Martigny-les-Bains (Vosges), Jeux de tennis

A cette époque, le site comporte pas moins de quatre hôtels qui peuvent accueillir jusqu’à 400 curistes à la fois. En 1899, Monsieur Chapier meurt et lègue sa société à son beau-fils. 

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Martigny-les-Bains (Vosges), Grand Hôtel

Au milieu des curistes, les « sourcières » s’affairent pour leur servir l’eau de la fontaine aux fers. 

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Martigny-les-Bains (Vosges), Etablissement Hydrominéral, Pavillon des Sources, Intérieur

À la Belle Epoque, Martigny acquiert peu à peu une renommée qui s’étend au-delà des frontières françaises, rivalisant avec les célèbres villes thermales voisines que sont Contrexéville ou encore Vittel. Ainsi, des personnalités comme le shah de Perse Mozzafer Ed Dine se rendent plusieurs fois dans la ville au début du XXe siècle afin de se ressourcer. Le souverain est venu trois fois à Martigny, en 1900, 1902 et 1905. 

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Martigny-les-Bains (Vosges), Sa majesté le Shah de Perse à la fenêtre du salon de l'Hôtel International (11 août 1902)

Le shah de Perse séjourne à Martigny-les-Bains en 1902 dans le cadre d’un voyage en Europe.

L’activité thermale à Martigny-les-Bains prend l’eau…

En 1914, il y a de l’eau dans le gaz entre la France et l’Allemagne et la guerre ne tarde pas à se déclarer. Les hôtels thermaux de la ville sont réquisitionnés pour être transformés en hôpitaux militaires. Au sortir de la guerre, la station thermale entre dans une période de stagnation de son activité. L’arrivée de la Seconde Guerre mondiale est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Elle bouscule encore plus gravement les finances de la structure et les Allemands mettent le feu au Grand Hôtel. 

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