La Libération d'Épinal vue par un éditorialiste
Le 27 septembre 1944, L'Abeille des Vosges publiait un poignant éditorial sur la Libération d'Épinal …
Un fragment de manuscrit est ce qui subsiste d’un texte dont le reste a accidentellement disparu. Les manuscrits deviennent fragments pour deux raisons principales. La fragmentation des manuscrits peut être accidentelle ou volontaire, la deuxième raison étant beaucoup plus courante que la première :
- La fragmentation accidentelle des manuscrits est le résultat de catastrophes majeures comme des destructions ou des dégradations de bâtiments contenant des bibliothèques ou des lieux de conservation : bombardement, incendie, effondrement, dégât des eaux, etc.
- La fragmentation volontaire des manuscrits résulte quant à elle de l’évolution des connaissances. Durant tout le Moyen Âge, des manuscrits plus anciens, jugés désuets car leurs contenus étaient démodés, sont ôtés de la circulation et déreliés afin d’être réutilisés.
Les manuscrits les plus impactés par cette fragmentation volontaire sont les manuscrits liturgiques. En effet, les réformes liturgiques qui jalonnent les siècles et imposent des modifications importantes les rendent caducs beaucoup plus rapidement que d’autres types de manuscrits. Mais, avec le développement de l’imprimerie vers 1454, ce sont l’ensemble des manuscrits qui sont concernés par cette fragmentation. Les textes des manuscrits sont corrigés, commentés selon les avancées scientifiques et, surtout, agrémentés d’outils facilitant leur lecture (pagination/foliotation, index, table des matières…). Ainsi, pour un même texte, le livre imprimé est préféré. Ce sont donc souvent dans les reliures des imprimés que nous trouvons désormais de nombreux fragments de manuscrits.
Les fragments de manuscrits sont réutilisés de différentes manières :
- Ils peuvent servir de palimpsestes. Ce sont des parchemins grattés à l’ongle ou au bâton afin d’en effacer le texte original puis réutilisés pour réécrire dessus. Cette pratique se comprend par le coût élevé du parchemin. Mais, elle diminue grâce au développement des ateliers de parcheminiers ; l’accès au parchemin devient alors moins restreint.
- Ils peuvent servir de matériaux de reliure. C’est l’utilisation la plus courante des fragments de manuscrits. La reliure, même la plus simple, coûtant cher, la réutilisation de vieux matériaux permet d’économiser quelques pièces. Et, les matériaux utilisés pour la fabrication des manuscrits sont robustes. Ainsi, le parchemin et le cuir de la reliure sont découpés afin de renforcer les plats, les claies, les charnières, les coins, les coiffes…
Nous retrouvons beaucoup de fragments de manuscrits au niveau de la couvrure des plats et du dos des livres. Ce sont majoritairement des fragments in-folio afin que les feuillets couvrent entièrement la surface extérieure du livre. Ils sont de fait plus facilement identifiables car les feuillets sont entiers bien que lisibles que d’un côté.
D’autres éléments de la reliure doivent être protégés. C’est le cas notamment des contreplats protégés par des contregardes. Normalement, la couvrure de cuir est collée dans un premier temps sur les plats et le dos. Puis, elle est repliée et collée sur les contreplats afin de bien adhérer. Cependant, les rebords formés peuvent tout de même se décoller en raison d’une manipulation trop intensive de l’ouvrage. Ainsi, les relieurs collent parfois des feuillets de parchemin ou de papier au niveau des faces intérieures des plats afin de les protéger des frottements. Beaucoup de fragments de manuscrits servent à cette fin. La bmi d’Épinal a retrouvé un fragment d’un graduel du XIIe siècle au niveau du contreplat supérieur d’un manuscrit de droit canon et d’histoire ecclésiastique du XVe siècle (ms 108 P/R). Son identification s’est faite grâce à la présence d’une notation musicale particulière (en neumes) et abandonnée dès la fin du XIIe siècle.
Les fragments de manuscrits peuvent aussi servir de feuillet de garde. La bibliothèque de Metz conserve un recueil de sermons du XIIIe siècle (ms 1232) dans lequel sont inclus deux feuillets de garde provenant de manuscrits antérieurs. Le deuxième feuillet de garde a été identifié. Il s’agit d’un fragment d’un rouleau d’association de prières du XIe siècle.
Il en est de même pour la bibliothèque de Nancy. Son Glosa de partibus orationis (ms 356), manuscrit du IXe siècle, renferme deux fragments de manuscrits antérieurs qui servent de feuillet de garde. L’un d’eux provient d’un recueil de gloses irlandaises du IXe siècle.
Des fragments de manuscrits sont parfois utilisés pour renforcer le dos et la couture des cahiers. Ceux-là ne sont pas visibles, à moins de dérelier l’ouvrage. La seule façon de connaître leur présence est de laisser le temps faire son œuvre ou bien de restaurer le livre.
Les bibliothèques du Sillon lorrain possèdent quelques manuscrits mutilés au XIXe siècle, époque de redécouverte et de revalorisation de l’enluminure médiévale. Durant cette période, de nombreuses enluminures ont été découpées dans les manuscrits par des collectionneurs peu scrupuleux afin de les vendre comme de petites œuvres d’art. C’est notamment le cas de l’Histoire des croisades, manuscrit du XIIIe siècle conservé à la bmi d’Épinal (ms 125). Il est amputé de plusieurs lettrines historiées et des feuillets sont manquants ou incomplets. D’après les inventaires connus, la disparition de ces feuillets est postérieure à 1844. Les enluminures extraites étaient de nouveau découpées afin d’éviter que leur provenance ne soit identifiée. Elles pouvaient ensuite être rassemblées dans des recueils d’enluminures voire encadrées comme de véritables petits tableaux. Certains s’en servaient aussi comme des cartes à collectionner.
Mener un travail d’enquête sur les fragments a de nombreux intérêts. Les fragments permettent de dater une reliure puisque la reliure est forcément postérieure à la date d’écriture du fragment. De même, la présence de fragments d’un même manuscrit dans différentes bibliothèques très éloignées les unes des autres atteste de l’importante circulation du manuscrit. Les fragments sont donc des témoins non négligeables de l’histoire du livre. Ils le sont aussi pour l’histoire des connaissances puisque l’identification d’un fragment permet de réfléchir au moment où un texte est considéré comme périmé. Enfin, certains fragments sont parfois la seule preuve directe de l’existence d’un texte.
Parfois, certaines bibliothèques retrouvent des fragments de textes très précieux comme à Colmar, en 2009. Un fragment de la Bible de Gutenberg, premier livre imprimé, a été retrouvé dans la reliure d’un bréviaire du XVIe siècle. Quant à l’université de Bristol, elle a retrouvé des fragments de manuscrits sur la légende Merlin l’enchanteur, écrits en France entre 1250 et 1275, au niveau de la reliure d’un livre imprimé.
Il est donc intéressant et important pour les bibliothécaires de recenser ces fragments de manuscrits même si ce recensement se fait plutôt lors de découvertes fortuites (consultation, restauration, catalogage). La notification de la présence de ces fragments et défets dans les notices bibliographiques des documents desquels ils proviennent est indispensable mais insuffisante. Il faudrait créer une notice bibliographique pour chaque fragment mais cela nécessiterait alors de réussir à les identifier. Or, si certains fragments peuvent être facilement identifiés, d’autres demandent des compétences bien particulières. Le travail d’enquête et de recensement doit donc être mené conjointement avec des chercheurs, des paléographes et des philologues. Depuis quelques années, les chercheurs ont commencé à répertorier les feuillets dans des bases de données qui permettent de repérer et d’analyser ces fragments (Fragmentarium ou Relicantus).
Yann Sordet (dir.), Le XIXe siècle en lumière : redécouverte et revalorisation de l'enluminure médiévale en France au temps du livre industriel, Librairie Droz, Histoire et civilisation du livre, 2021.
Malcolm Walsby, “La survie improbable : les livres sauvés par leur matérialité”, La Revue de la BNU, 21, 2020.
Le 27 septembre 1944, L'Abeille des Vosges publiait un poignant éditorial sur la Libération d'Épinal …
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