Le congrès des jeunes de 1920 à Nancy

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21 janvier 2019 par Lucie Behr
Le premier Congrès des Jeunes de France s’est tenu à Nancy du 12 au 26 septembre 1920. A l’initiative de gens de lettres, ce congrès veut bousculer le monde artistique tout juste deux ans après la guerre. Il veut donner un espace à l’expression artistique des jeunes qui n’ont pu exposer, s’exprimer pendant ce long conflit mondial.

Manifestations d‘art, auditions musicales, tables rondes animent Nancy et s’adressent aux artistes d’un territoire allant d’un grand Est élargi jusqu'à Paris. On attend Jean Cocteau qui publie déjà depuis le début du siècle, le compositeur et pianiste Erik Satie.

Toutes les expressions artistiques sont acceptées dans la mesure où elles sont inédites. Des commissions sont nommées pour décerner les prix. On repère quelques grands noms lorrains qui se distinguent en ce début de siècle :  Prouvé, Wiener, Daum…

Des auditions musicales, littéraires, des manifestations artistiques vont se succéder tout au long de ces semaines.

Ces expositions seront suivies d’un congrès. L’ordre du jour du congrès replace l'événement dans le contexte historique du moment : les répercussions de la guerre sur les jeunes, au point de vue social ; les poètes et la guerre. D'autres thématiques de ce congrès mettent en lumière les questions de société qui interrogent déjà à cette époque : où en est la question du féminisme ? Décentralisation et Régionalisme ?

Journalistes et élus n'ont que des mots élogieux pour cet événement

Émile Nicolas (1871-1940), critique d'art et membre fondateur de l'Ecole de Nancy, confirme l'idée d'une nouvelle dynamique d'après guerre que ce Congrès veut impulser :

    "le congrès donnera une impulsion salutaire et vivifiante à cette France de demain que nous voulons grande par ses richesses, par sa générosité, par sa sagesse !"

Est Républicain du 13/09/1920 (Source Kiosque Lorrain)
Est Républicain du 13/09/1920 (Source Kiosque Lorrain)

Le maire de Nancy Henri Mengin termine son allocution de clôture en déclarant :

    "il a fallu le Congrès des jeunes pour que de véritables révélations artistiques nous fussent présentées dans un cadre charmant d'originalité et de fantaisie".

Appuyé par les propos de son adjoint Monsieur Antoine :

    "Nous n'avons rien vu de semblable depuis l'exposition de 1909."

Des lauréats dans toutes les disciplines

L'Est Républicain du 6 octobre 1920 livre les noms des lauréats.

- Arts appliqués : une table avec coins ciselés de Jules Cayette, dont le talent n'a cessé d'être confirmé.

- Musique : Marcel Bernheim avec les Nuits Bleues.

- Littérature : Charles Baudouin (1893-1963), plus tard psychologue, romancier et traducteur. Mais c'est avec ses poèmes qu'il se distingue au Congrès des jeunes de 1920. Dès 1915, Charles Baudoin a quitté la Lorraine et se trouve à Genève, ville qu'il ne quittera plus. Il est déjà un poète reconnu. Son premier recueil de poésies En sourdine publié en 1915 rassemble 145 poèmes. Mais c'est certainement avec le recueil Baptismale (1919) qu'il se distingue et reçoit le prix du Congrès des jeunes. Dans l'Est Républicain du 29 septembre 1920, Hippolyte Roy (1867-1932) en parle en termes très élogieux :

    "un poème de fraîcheur et de candeur constituant un pur, un vrai chef d’œuvre".

- Peinture : Jean Goutière-Vernolle (1896-1981), peintre du pastel et de l'aquarelle, il  s'est fait une spécialité des scènes bretonnes. Fils du critique d'art nancéien Émile Goutière-Vernolle (1856-1927), il est membre fondateur du Comité Nancy-Paris. Il est présent au Congrès des jeunes et présente une toile intitulée Femmes macédoniennes et plusieurs toiles de paysages bretons.

Le Congrès des jeunes et après ?

Ce Congrès avait de grandes ambitions mais n'a pas su s'inscrire dans la durée. Cependant, cette initiative a peut-être permis aux artistes et intellectuels locaux de l'immédiat après-guerre de se rendre compte de leur besoin de s'organiser pour s'exprimer et exprimer leur art.  Le comité d'action artistique et littéraire fondé par plusieurs acteurs du Congrès des jeunes sous la dénomination « Comité Nancy-Paris » (1923) a sûrement trouvé dans ce congrès, ou dans sa difficulté à se renouveler, ses prémices.

 

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