Metz se dégermanise avec joie

 L'Alsace-Lorraine redevient française

Metz, 17 novembre 1918. Après une semaine de troubles liés à la chute du régime impérial et à l’évacuation de l’armée allemande en déroute, les Messins, pour la plupart fidèles patriotes et amoureux de la France, sont désormais rassurés. À Paris, des cortèges patriotiques et des délégations étrangères manifestent en l'honneur de l’Alsace-Lorraine libérée. Dans deux jours, on prévoit dans la cité messine, en présence des principaux dignitaires de la république, une grande cérémonie pour célébrer la victoire, la fin de l'annexion et accueillir comme il se doit, nos vaillants soldats français.

Les Messins savourent leur revanche

En attendant, ce matin, dans les rues de Metz, la population civile et militaire poussée par un fort sentiment de revanche qui couve depuis 48 ans se dirigent vers différents points de la ville en découdre avec les grandes figures historiques statufiées de l'empire.

En deux temps trois mouvements, la statue de Frédéric-Charles de Prusse, héros de la guerre franco-prussienne de 1870 tombe dos contre terre. Le vent de l'histoire était trop fort, ses pieds d’argile n’ont pas résisté. Libérés de son regard altier, les Messins en liesse assistent heureux à son dernier souffle.

Pour l'occasion, les dames et les enfants ont revêtu leurs plus beaux costumes, et les vétérans de 1870-1871, tirés à quatre épingles, arborent fièrement leurs médailles d'anciens combattants.

Après la cérémonie, dès que l’espiègle torero et porte drapeau de l’armée des petits combattants lui aura asséné le coup fatal, il est prévu de pousser Frédéric-Charles dignement dans les eaux claires de la fontaine du jardin Boufflers, et de fêter l’événement dans une brasserie débarrassée du portrait de Guillaume II.

Les Messins célèbrent aussi le retour de la paix

Un peu plus loin, au jardin de l’Esplanade qui surplombe la vallée de la Moselle, on assiste à un moment de joie plus retenue. La foule aux jolis chapeaux, rassemblée autour de la statue renversée de Guillaume 1^er, savoure la victoire des alliés qui est aussi la victoire de la France.

Au premier plan, un officier français qui ressemble à s'y méprendre au Maréchal Joffre, donne au photographe l'occasion de transmettre au monde entier le sourire de la fraternité et de la paix.