Les utopies de nos ancêtres se sont-elles réalisées ? 

De bien belles idées

Entre 1876 et 1911, Nancy voit sa population presque doubler, atteignant à la veille de la Première Guerre Mondiale les 120 000 habitants, davantage qu'aujourd'hui. La nécessité d'organiser et de développer harmonieusement la ville se fait sentir. Pour les organisateurs, la cité moderne, belle et organisée, est la condition de la prospérité nationale. Est donc mise sur pied cette exposition pendant laquelle différents exposants feront part de leurs idées pour améliorer la ville et la vie au sein de celle-ci. Il ne s'agit pas en effet de l'extension purement technique de la ville mais aussi de l'élévation professionnelle et morale de ses habitants. Les logements doivent être beaux et hygiéniques, et les personnes formées. C'est un élan que l'on constate dans de nombreuses villes du pays, et même au-delà des frontières.

Les objets architecturaux choisis pour l'affiche, présentés de haut en bas en ordre chronologique, sont emblématiques de la modernité de Nancy à différentes époques. En effet la Porte de la Craffe date du milieu du XIV^e siècle et représente la nouveauté en matière défensive. La place Stanislas est voulue par Stanislas au XVIII^e siècle comme un trait d'union entre la Vieille Ville et la Ville Neuve. Quant à la marquise Art Nouveau de la porte d'entrée de la Chambre de Commerce et d'Industrie, conçue par Louis Majorelle, elle est symbolique de la modernité nancéienne du début du XX^e siècle.

Et concrètement ?

L'exposition présente des objets nombreux et variés. Sont montrés ainsi des plans et maquettes de villes et d'agglomérations industrielles françaises et étrangères, des plans d'extension de la ville de Nancy, des idées de circulation des eaux orientée vers une meilleure salubrité, des plans et des vues de constructions modernes, métalliques et mécaniques, des plans et des maquettes d'habitations ouvrières et à bon marché, des programmes de cours d'écoles d'apprentissage, d'enseignement professionnel et d'hygiène sociale, des travaux exécutés par les élèves de ces cours, des plans de cités-jardins, des plans de circulations des transports en commun. Tous ces documents tentent de préfigurer l'avenir en montrant ce qui se fait déjà dans le présent. D'autres documents offrent un panorama rétrospectif de la construction de la ville de Nancy, tels des gravures et autres photographies. Au programme de l'exposition sont également prévues des conférences explicatives sur des sujets divers : les plans d'aménagement des villes, les fonctions de la cité moderne par exemple.

Après l'exposition

D'autres manifestations du même type se déroulent en 1914 et 1915, notamment à Lyon et à Paris. Les Chambres de Commerce de différentes villes font pression sur le législateur afin que des lois viennent entériner les bonnes idées proposées. La loi Cornudet de 1919 rend obligatoire l'établissement de plans d'extension pour les communes de plus de 10 000 habitants. D'autres plans de reconstruction sont mis en place, notamment à cause des destructions liées à la Première Guerre Mondiale. Concernant Nancy, les ambitions de 1913 sont rapidement abandonnées, suite à la guerre et à la crise économique. Avec le retour de la croissance dans les années 1960, quelques projets voient le jour, mais avec des formes urbaines très différentes de ce qui était envisagé dans les années 1910.