Un animal politique
Dans l’imaginaire populaire, le cheval est un animal très souvent attaché à la figure du souverain. On dit que c’est un « animal politique ». Cette symbolique date de l’Antiquité puisque Marc-Aurèle, empereur romain du ier siècle, est fréquemment représenté à cheval.

Nicolas Béatrizet, un graveur du xvie siècle, a, par exemple, représenté Marc-Aurèle entrant en triomphe au Capitole. Sur l'estampe ci-contre, il est possible de voir le souverain accompagné de plusieurs chevaux qui le tirent sur une sorte de char. Ici, il ne monte pas un cheval mais l’animal tient quand même une place importante sur cette gravure. Ils sont attelés en quadrige, soit 4 chevaux, et occupent la moitié inférieure de l'espace dans l'image.
Ainsi, dès l’Antiquité, le cheval est considéré comme un moyen de souligner sa puissance.
![[Statue équestre de Marc Aurèle] undefined](https://rgw.atolcd.com/swift/v1/sillon_container_prod/entrepot/thumbnails/entrepot/B543956101_M-FG-AL-00022_07_yqcJ0Hc.jpg)


Symbole de classe sociale
Plus qu’un instrument de pouvoir, le cheval est utilisé pour manifester un statut social. En effet, l'historien Daniel Roche affirme que la monture est un peu comme la représentation de la société que le roi domine.
C’est pour cette raison qu’à l’époque moderne, le souverain commande, de manière quasiment systématique, une représentation équestre de lui-même. C’est le cas en France mais aussi dans les autres royaumes européens.
Il est possible de trouver de nombreuses effigies, à l’image de la Statue équestre de Charles III, duc de Lorraine, qui sont souvent du même type. Le souverain est représenté sur le dos de l’animal, comme si celui-ci était son trône.

Le cheval a bel et bien une symbolique élitiste et est associé aux classes dirigeantes durant toute la période moderne. Posséder un cheval implique en effet d'un payer le prix, de le dresser, d'en prendre soin et de le monter.
Un pouvoir total
Toutefois, sur plusieurs représentations équestres, le cheval est cabré. Lorsque l’animal se cabre, on dit que c’est un cheval libre et qu’il n’est pas maîtrisé. Or, sur le Portrait du prince de Phalsbourg, l’équidé semble malgré tout contrôlé par le souverain.

Ces représentations tendent à montrer que la personne détenant l’autorité possède la compétence pour gouverner et commander et qu’elle peut maîtriser même les situations les plus compliquées.
Le pouvoir politique et social est pleinement incarné dans les montures. Savoir maîtriser le cheval lorsqu’il est cabré relève de l’art équestre qui est difficile à acquérir et à exercer dans le temps, ce qui le cantonne le plus souvent aux élites.
