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À l’ombre des mirabelliers en fleur

En parcourant la Lorraine, les villages lorrains paraissent très similaires : des maisons trapues et profondes accolées les unes aux autres et alignées parallèlement à la rue centrale. Ce sont principalement les matériaux de construction qui peuvent déterminer la localisation du village, grès rose pour les Vosges, pierre de Jaumont pour le pays messin. La forme des fermes lorraines est un héritage du passé lié aux modes de vie et surtout aux activités agricoles variées et au petit élevage. Composées de plusieurs « rains », ou travées, elles devaient faire cohabiter les hommes, les récoltes et les animaux. Sur le devant de la maison, côté rue, outils, tas de bois et de fumier s'entassaient sur le vaste usoir. À l’arrière de la maison s’étendaient le jardin puis le verger où la mirabelle était reine.

Le village lorrain comprenait parfois quelques édifices : une mairie, une école, une fontaine ou un calvaire et presque toujours une église avec sa placette où les jours d’été les villageois se réunissaient pour le couarail. Nombre d'auteurs et d'artistes comme Maurice Barrès, Jean Robinet ou encore Jean Morette ont immortalisé ces villages lorrains.

Marquées par l’exode rural dès 1840, les campagnes sont désertées et les fermes laissées à l'abandon. Mais depuis une trentaine d’années le tourisme vert a encouragé la rénovation du bâti et l’embellissement des villages.

Le bonheur est dans le pré

Jusqu’au début du XXe siècle les Lorrains habitaient majoritairement les villages et cultivaient la terre. Les pratiques communautaires notamment de l’assolement triennal ont modelé un paysage de champs ouverts. Dans ce système, la culture des céréales était la plus répandue : blé pour la consommation, avoine pour les chevaux et orge vendue aux brasseries. L’élevage était alors secondaire, cependant les paysans même les plus pauvres pouvaient posséder une vache, des poules et presque toujours un porc grâce à la vaine pâture.

Des vaches ...made in Lorraine

Au début du XXe siècle, les paysans se sont adaptés à la fin des pratiques communautaires, au départ des manouvriers et à la demande croissante en viande. L’élevage est alors devenu la première activité agricole. Les vaches à robe pie noire de race Prim’holstein ont envahi les champs et la Lorraine est devenue rapidement une terre laitière et fromagère. Cette conversion a modifié durablement la campagne lorraine. Les fermes et les troupeaux ont quitté le cœur des villages pour s’installer à l’écart. Les terres cultivées jadis ont été converties en prairie. Les champs ouverts ont été clôturés à renfort de poteaux et de fils barbelés.

Conscients de la richesse de leur terroir, les Lorrains font revivre ce patrimoine agricole notamment par la réintroduction de la vache de race vosgienne ou par la pratique de la marcairie grâce aux fermes-auberges. De plus, la création des trois Parcs Naturels Régionaux couvrant la Lorraine et l’obtention de nombreux labels qualité contribuent à la protection du patrimoine agricole lorrain.

Promenons-nous dans les bois

Très présente en Lorraine, couvrant près de 37 % du territoire, la forêt a longtemps appartenu à l’univers familier des Lorrains. Exploitée et défrichée dès le VIe siècle, la forêt était un espace de ressources pour les populations : affouage, marronage, glandée et cueillette. Les usines à feu -- salines, verreries et mines -- l’ont aussi surexploitée.

La forêt lorraine était un lieu peuplé et animé par les travailleurs des bois. Les bûcherons abattaient les arbres. Les sagards débitaient les planches. Les schlitteurs débardaient le bois avec leur luge sur les pentes vosgiennes. Et les « oua-lous » de Raon-l’Étape tiraient les radeaux chargés de grumes sur les cours d’eau.

Paradoxalement ce lieu vivant et nourricier était perçu comme un lieu maléfique et dangereux, peuplé de loups, sorcières, sotrés et autres créatures magiques. Les statuettes à la Vierge insérées dans des niches d’arbres, les toponymes et les chapelles sont les témoignages de ces peurs ancestrales.

Les artistes et écrivains lorrains, comme Maurice Barrès, André Jacquemin, Victor Prouvé ou Émile Gallé, se sont fait les chantres de cette forêt.

"Je ne riais pas quand le vieux curé de Portieux, me racontait qu’un soir de son enfance, au côté de son père, par la porte entrebâillée de leur hutte de bûcherons, il avait vu les fées danser dans une clairière. « Ne bouge pas, petit, lui disait son père ; elles sont capricieuses, tantôt bonnes, tantôt méchantes ; le meilleur est qu’elles nous ignorent. » Je ne riais pas, je l’aimais davantage comme un homme privilégié. Les fées s’égaillent-elles toujours dans les clairières de la profonde forêt de Darney ?"

Maurice Barrès, La grande pitié des églises

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