Les enluminures n’étaient pas les seuls éléments à apporter de la lumière dans le corps du texte. Si l’encre d’écriture la plus communément employée était noire, elle était parfois rehaussée par une couleur, souvent rouge plus rarement bleue, verte ou jaune, qui était réservée plus spécialement aux lettres initiales, titres d'ouvrages ou de chapitres. Mais l'or et l'argent étaient également utilisés pour l'écriture dans les manuscrits les plus luxueux : on nomme cette technique la chrysographie.

Chrysographie :

" Art et technique de l’écriture en lettres d’or, ou de la peinture à l’or, mis en œuvre notamment dans la transcription des évangéliaires et des psautiers du haut Moyen Âge, en Occident comme dans l’Empire byzantin. "

Dictionnaire encyclopédique du Livre

La chrysographie dans les livres remonte à la Haute Antiquité. Ces ouvrages étaient souvent consacrés à quelques divinités et conservés dans les temples. Durant le règne de Constantin, cette technique était réservée aux copies de la Bible. L'un des plus anciens exemplaires conservé est un Psautier de S. Germain (Bnf Latin 11947) du VIe siècle : les titres et certains mots tels que Deus ou Christus sont tracés à l’encre d'or. 

Mais l’encre d’or et d’argent était surtout utilisée à l’époque carolingienne pour copier certains livres liturgiques, lectionnaires ou évangéliaires, sur un parchemin préalablement teint en pourpre comme en témoigne l’Évangile selon saint Marc (bmi Épinal, MS 265 P/R). Parfois, on écrivait aussi en caractères d'or sur vélin blanc, mais la lisibilité était moins confortable. La chrysographie devint courante durant tout le Moyen Âge pour signaler, notamment dans les calendriers des Psautiers et des Livres d’heures, les fêtes à célébrer avec la plus grande vénération. 

Le Calendrier à l’usage du diocèse de Toul (MS 237 P/R) conservé à la bmi d’Épinal en est un exemple. En haut de chaque page sont inscrits le mois, le nombre de jour du mois et de la lune en lettres d’or. Sous les lettres KL de Kalendes, sur la gauche, apparaissent les indications relatives aux calendes et aux lettres dominicales, également inscrites en doré. Enfin, les noms des saints sont de couleur rouge ou bleue, mais les principales fêtes de l'année et les saints honorés dans le diocèse de Toul sont en lettres d'or.

Le Moyen Âge nous a laissé de nombreuses recettes de chrysographie. Les plus anciennes datent du VIIIe siècle. L’encre d’or était obtenue à partir d'or moulu, broyé avec du mercure. Lorsqu'on écrivait en or sur du vélin blanc, on traçait préalablement les lettres en rouge pour leur donner plus d’éclat. 
A la différence des initiales et des ornements d'or qui sont dessinés au pinceau ou exécutés avec des feuilles d'or, les lettres d'or des manuscrits étaient tracées au calame ou à la plume. Ensuite, et comme pour l’enluminure, on apportait de l’éclat à l’or en brossant soigneusement les caractères avec une pierre d’agate.

L’usage de la chrysographie s’éteindra avec la fin de l’Empire carolingien (Xe siècle). Sauf exception, l'or ne fut dès lors plus employé que dans les initiales, les ornements, les lettres ornées et les miniatures, mais ce n'est plus là de la chrysographie.

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