Contenu du Un sanctuaire nancéien

En 1505, René II commande à son sculpteur ordinaire Mansuy Gauvain une statue en pierre polychromée en hommage à la Vierge. Le même sculpteur est également chargé un peu plus tard de réaliser sous le règne du duc Antoine, fils de René II, la splendide porterie du palais ducal et peut-être le tombeau de René II dans l’église des Cordeliers.

Pour cette commande, l’artiste exploite le thème iconographique de la Vierge de Miséricorde, très populaire à cette époque. Sous les plis de son grand manteau doré qu’elle écarte de ses mains, Marie abrite l’ensemble du genre humain, symbolisé par une foule de petits personnages : à sa droite, on reconnaît notamment un pape, des cardinaux, des évêques et des prêtres et, à sa gauche, des souverains couronnés. Tous sont agenouillés, les mains jointes et le regard implorant tourné vers la Mère de Dieu.

Cette statue, bien visible derrière l’autel dans une grande niche, allait faire l’objet d’une grande vénération du fait des nombreux miracles survenus par l’intercession de la Vierge de Bonsecours, ainsi que le relate le chanoine Nicolas Julet :

     « Vous verrez proche Nancy,
Ville métropolitaine,
Riche tableau racourcy
Des beautez de la Lorraie,
Non guerres loin de ses tours,
Son autel de bon secours,
    Autel où est le portraict,
En bosse, de ceste Dame
Qui charmant d’un doux attrait
Le peuple qui la réclame,
L’accueille sous son manteau,
Comme son plus cher troupeau. »

Contenu du Un sanctuaire nancéien
Contenu du Un sanctuaire nancéien

« Tel était Bon-Secours au XVIe siècle. Mais une transformation profonde se préparait. L’ermitage allait devenir un couvent, et le modeste oratoire, une chapelle de plus en plus vénérée et régulièrement desservie » résume l’abbé Léon Jérôme. Rapidement, la « chapelle des Bourguignons » devient un sanctuaire et un haut lieu de pèlerinage, du fait des miracles relatés : aveugles qui ont retrouvé la vue, paralytiques guéris, possédés quittés par le démon…

D’abord desservie par des ermites, la chapelle est dotée en 1609 d’un clergé permanent par le duc Henri II, et se voit confiée à l’ordre des Minimes, ordre fondé au XVe siècle par saint François de Paule et prônant, dans la mouvance des franciscains, une vie de pénitence perpétuelle dans un grand dépouillement évangélique. Ceux-ci acceptent les charges suivantes : maintenir l’édifice en bon état et dire des messes.

De ce fait les fidèles affluent en nombre toujours plus grand, la chapelle « ornée, parée, toute nette » est « visitée plus qu’à l’ordinaire parce que plus souvent s’y célèbre la messe et s’y administrent les divins sacrements » explique Nicolas Julet.

Bientôt, la petite chapelle initiale, de trente pieds de long (soit une dizaine de mètres), ne suffit plus : en 1629, le duc Charles IV décide de la faire agrandir, en ajoutant à l’oratoire primitif une nouvelle nef. L’ancienne chapelle, inchangée, devient alors abside de la nouvelle église. La surface de l’édifice est presque triplée pour pouvoir accueillir tous les pèlerins, dont la dévotion à la Vierge ne fait qu’accroître avec la Guerre de Trente Ans.

L'estampe d'Israël Silvestre ci-contre donne un aperçu de l'état de la chapelle après agrandissement, au XVIIe siècle.

Contenu du Un sanctuaire nancéien