L’église Notre-Dame-de-Bonsecours, un sanctuaire lorrain

Le XVII^e siècle est une période particulièrement troublée pour la Lorraine qui devient le théâtre des terribles combats de la Guerre de Trente Ans et de plusieurs épidémies. En mars 1630, la peste atteint la ville de Nancy, ravagée durant sept années.

« Il mourait par jour vingt-cinq à trente personnes que l’on jetait pêle-mêle dans une grande fosse où elles étaient portées sans cérémonie, sans prêtre, sans croix, sans luminaire, et souvent nuds et sans draps »

raconte Don Calmet dans son Histoire ecclésiastique et civile de la Lorraine.

Face à ce fléau, la ville décide de s’en remettre à la Vierge Marie et promet solennellement de faire dire une messe toutes les semaines ; en échange, les magistrats l’implorent de délivrer la population nancéienne de la peste et de prendre sous sa protection la famille ducale.

L’épidémie prend fin, et pour honorer ce vœu, on choisit la chapelle de Notre-Dame-de-Bonsecours où les Pères Minimes s’engagent à célébrer à perpétuité une messe basse tous les samedis ainsi que trois messes hautes tous les ans, l’une pour la Saint-Roch (grand saint invoqué contre les épidémies), une autre le lendemain de la fête de l’Assomption, et la dernière à la mémoire des défunts victimes de l’épidémie.

Afin de marquer ce vœu et le transmettre aux générations à venir, le texte est gravé dans le marbre : le sculpteur Siméon Drouin est chargé de réaliser un monument en ex-voto, lequel se compose d’une plaque de marbre noir comprenant le texte, surmontée d’un fronton triangulaire et entourée de trois saints protecteurs, Saint Sébastien, Saint Charles Borromée et Saint Roch.

On pouvait y lire l’inscription suivante :

« Ô Vierge puissante, qui pouvez faire cesser tous les maux, écoutez ma promesse et protégez Charles IV, Nicole son épouse, tous les autres grands, cléments et pieux princes de l’Auguste Maison de Lorraine et enfin tous les citoyens ; agréez-la de telle sorte que par vous ils soient préservés de tous maux, que par vous encore ils habitent triomphants dans les Cieux. Qu’il en soit ainsi ! Qu’il se fasse ainsi ! L’an du Seigneur MDC.XXXI. »

Cet ex-voto initial est détruit lorsque le duc Stanislas fait construire la nouvelle église de Bonsecours. Le choix est fait de le remplacer en 1742 par un nouveau monument que l’on peut voir encore aujourd’hui : surmontant un large cul-de-lampe rocaille, une plaque de marbre gravée est encadrée de pilastres et terminée par un couronnement cintré au sommet duquel est placée une Vierge à l’enfant exécutée par le sculpteur Barthélémy Mesny d’après un modèle de Remy-François Chassel.

Originellement entouré de part et d’autre par deux figures symbolisant la Ville de Nancy et la Lorraine, le monument présente aujourd’hui deux petites statuettes en plâtre de saint Roch et saint Sébastien, tandis que les originaux de Drouin sont conservés à la cathédrale de Nancy, au Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain et à l’église de Racécourt (Vosges).

D’autres ex-voto, d’un genre bien différent, viennent également orner l’église de Bonsecours : il s’agit de drapeaux turcs, pris comme trophées de guerre au cours de différentes batailles.

L’un d’entre eux a été envoyé par le jeune Charles (futur duc Charles V) qui remporte en 1664 la bataille de Vienne contre les Turcs. Pour rendre hommage à la Vierge, le prince lui offre le drapeau pris à l’ennemi vaincu. Des copies de ces trophées, dont les originaux sont conservés au Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain, sont encore visibles, accrochés aux quatre coins de la nef.

Une plaque se trouvant à droite de la chaire rappelle cet événement :

« À vous souveraine Maîtresse des armées chrétiennes, Charles, Prince de Lorraine, dédia ces prémices de la glorieuse victoire remportée naguère à Saint Gothard sur l’armée ottomane. Lui-même les a cueillies de sa propre main et c’est sa reconnaissance qui les a suspendues ici près de vos autels. […] ».

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