En 1747, la reine Catherine Opalinska meurt à Lunéville. Elle est la première à être inhumée dans la crypte située sous le chœur de Bonsecours. Après avoir lancé un concours opposant plusieurs sculpteurs, le duc Stanislas commande au sculpteur Nicolas Sébastien Adam un monument funéraire pour la reine défunte qui est aujourd’hui considéré comme le chef-d’œuvre de sa carrière.

Le monument de forme pyramidale, tout en verticalité, évoque l’ascension de l’âme. Sculptée dans le marbre blanc, la souveraine y est représentée à genoux, les mains jointes, ayant déposé au sol le sceptre et la couronne, tandis qu’un ange aux ailes déployées lui montre le chemin du Ciel. Déjà celui-ci prend son envol, emporté sur un nuage. Les vases, de part et d’autre, laissent échapper une fumée en trompe-l’œil, comme des encensoirs. On peut apercevoir sur le piédestal deux médaillons illustrant les vertus de la duchesse : la Foi, représentée sous les traits d’une femme tenant d’une main une flamme, de l’autre une croix ; la Charité, prenant l’apparence d’une femme allaitant un enfant, suivant l’iconographie habituelle.

Le sculpteur fait preuve d’une très grande virtuosité dans la taille du marbre, donnant l’illusion du mouvement et de la vie, comme si la reine était encore animée, pourvue d’une âme jusque dans la sculpture. L’ange semble en pleine ascension, tandis que son bras levé vient s’aligner avec les plis du manteau de la souveraine tombant en cascade sur le tombeau de marbre noir.

Contenu du La nécropole de la famille Leszczynski
Contenu du La nécropole de la famille Leszczynski

Stanislas meurt quelques années plus tard, en 1766. Pour faire pendant au tombeau de son épouse placé à gauche du maître-autel, un monument funéraire est commandé au sculpteur Louis-Claude Vassé. Achevé par son élève Félix Lecomte, il n’est mis en place que tardivement, en 1775.

Dans une composition pyramidale assez semblable à l’œuvre d’Adam, en marbre noir et blanc, le mausolée de Stanislas présente le duc allongé à l’antique, vêtu à la polonaise et appuyé sur son bâton de commandement. A côté de lui ont été déposés les emblèmes de la royauté. Sur le vaste socle de marbre gris, un globe terrestre est posé, enveloppé dans un voile de deuil pour symboliser la tristesse universelle causée par la mort du souverain. Deux allégories l’entourent : à gauche la Lorraine, sous les traits d’une femme agenouillée qui tourne le regard vers son maître ; à droite la Charité, sous l’apparence d’une femme éplorée et effondrée sur le sol, à moitié couverte par le voile du deuil.

Une épitaphe gravée dans le marbre évoque les bienfaits du roi polonais :

« Ici repose Stanislas le bienfaisant éprouvé par toutes sortes de vicissitudes sans être abattu, toujours Roi même dans l’exil, admiré du monde entier, né pour faire en tout lieu le bonheur des peuples, accueilli avec tendresse par Louis XV, son gendre, il gouverna la Lorraine plutôt en père qu’en maître, pourvut à ses besoins et ne cessa de l’embellir. […] »

La reine Marie Leszczynska, fille de Stanislas et épouse du roi Louis XV, fit le souhait que son cœur repose auprès de ses parents dans la nécropole familiale. Lorsque sa mort survient en 1768 à Versailles, on fait transporter son cœur à Bonsecours, pour lequel Vassé réalise un petit monument commémoratif sur demande de Louis XV. Celui-ci est placé à gauche du mausolée de Stanislas.

Le monument, de petites dimensions, présente une épitaphe au-dessus de laquelle deux angelots éplorés serrent de leurs petites mains le cœur de la reine, tandis qu’un voile laisse apparaître un médaillon représentant le portrait de la défunte.

Contenu du La nécropole de la famille Leszczynski
Contenu du La nécropole de la famille Leszczynski

Enfin, un quatrième monument funéraire s’ajoute à la nécropole familiale : il s’agit du tombeau de François Maximilien Ossolinski, grand maître de la Maison de Stanislas et cousin de ce dernier. Il avait profité du séjour à Nancy de Nicolas Sébastien Adam en 1749 pour lui commander son tombeau en marbre blanc, placé dans l’une des chapelles à sa mort en 1756. Il est aujourd’hui visible dans le chœur, à côté du mausolée de Catherine Opalinska.

Le sculpteur choisit de représenter le blason du duc enveloppé dans le manteau de chevalier du Saint-Esprit autour duquel deux angelots veillent sur les armes du défunt.

 

Dans le contexte révolutionnaire, les Pères Minimes sont expulsés en 1791 et l’église dédiée au culte constitutionnel. Les tombeaux de la famille Leszczynski sont profanés et leurs mausolées réchappent de justesse à la destruction : les sculptures sont transférées à la chapelle de la Visitation (actuelle chapelle du lycée Poincaré), transformée en musée. L’église elle-même faillit être détruite par son acquéreur en 1798, mais un soulèvement des habitants environnants permet d’éviter la destruction, avant qu’elle soit finalement rendue au culte. Les monuments peuvent retrouver leur place initiale dès 1807.