L’imagerie populaire est à rapprocher du début et du développement de la gravure sur bois, qui permirent sa fabrication et sa diffusion. Les images produites à ce moment-là puisent leur inspiration dans la religion. Produites par des moines, elles représentent les intercesseurs et sont vendues bon marché à de nombreux croyants en vue de se placer sous la protection de ces saints. L’imagerie est donc à ses débuts avant tout une imagerie pieuse, destinée également à propager la foi chrétienne auprès des classes modestes. La plus ancienne image connue date de 1370, elle porte le nom de son premier propriétaire l’imprimeur Jules Protat qui la retrouva. Il s’agit du Bois Protat, considéré aujourd’hui comme la plus ancienne matrice en bois gravé d’Europe occidentale. Le motif représente une scène de la Crucifixion : un centurion et deux soldats romains.
La xylogravure constitue l’une des premières techniques de fabrication de ces images. Elle consiste à graver un modèle en négatif sur du bois, généralement dans du poirier ou du cerisier, qui sont des bois à la fois tendres et résistants à l’aide d’une gouge, d’un burin ou d’un ciseau. Seul le dessin apparaitra en relief d’où le nom de taille d’épargne. Les parties creusées, elles resteront blanches à l’impression. Une fois le motif réalisé, on encre le bois à l’aide d’un rouleau ou d’un tampon puis on imprime la feuille sous une presse. Il est possible de combiner xylogravure et caractères typographiques pour réaliser simultanément l’impression.
Au milieu du XVe siècle l’imagerie populaire connaît un essor important. Les laïcs commencent à fabriquer ce type d’images dans un but mercantile. Ils continuent de fabriquer des images religieuses, mais ils se mettent aussi à développer en parallèle une iconographie profane. La création de ces images reste encore anonyme. On ne signe pas les créations.
Beaucoup d’imagiers font leur apparition en province au XVIIe siècle. Au début du XVIIIe siècle, chaque grande ville ou presque possède son imagerie : Chartres, Orléans, le Mans, Lille, Metz, Strasbourg…n’en sont que des exemples. Le succès de ces images est grandissant. On les retrouve partout. Vendues en ville dans les librairies ou les marchés, elles sont aussi diffusées par colportage dans les campagnes gagnant ainsi l’ensemble de la population. Les autorités commencent à craindre ce mode de diffusion massif car l’imagerie n’est pas seulement décorative, elle est aussi l’un des moyens d’accès à l’actualité et à l’information. Comme la lecture n’est pas encore dans les usages, l’imagerie populaire constitue l’un des moyens le plus direct et attrayant pour véhiculer les courants moraux et les idées de l’époque à l’ensemble de la population.
Une nouvelle technique va révolutionner la diffusion de ces images : la lithographie !
Inventée en 1796 en Allemagne par Aloÿs Senefelder, la lithographie est une technique d'impression fondée sur la répulsion réciproque de l'eau et des corps gras. Le support est une pierre dont la surface a été poncée et sur laquelle on a reproduit un dessin à l'encre grasse. La pierre est ensuite mouillée si bien que les parties dessinées, qui sont grasses, refusent l’eau mais acceptent l’encre déposée par les rouleaux encreurs. Cette technique, rapide, peu coûteuse, facilement maîtrisable et corrigeable, finit par supplanter la xylogravure. Concernant la mise en couleur de ces images, que ce soit pour l'une ou l'autre technique deux solutions sont envisageables. La première consiste à utiliser un bois gravé ou une pierre lithographique par couleur. Ce procédé est donc long et coûteux. C'est pourquoi, on lui préfère la seconde technique, celle du pochoir !
Par la suite, d'autres techniques feront leur apparition comme la zincographie, la chromolithographie ou encore l'aquatype, facilitant le nombre de tirages. Une image est en moyenne tirée à plusieurs milliers d’exemplaires, allant parfois jusqu’à 500 000 tirages.
Le XIXe siècle voit de ce fait apparaître la censure dont le rôle est censé préserver de toute offense la religion, les bonnes mœurs, la vie publique ou privée des citoyens et l’autorité légitime. Même si celle-ci existait déjà dans une moindre mesure en fonction des différents régimes politiques en place, ce n’est que depuis 1835 que les imprimeurs sont soumis au dépôt légal en préfecture. « Lorsqu’il s’agira de gravure, lithographie, estampe, ou emblème se multipliant par tirage, l’auteur ou l’éditeur, en recevant l’autorisation déposera au ministère de l’intérieur ou au secrétariat de la préfecture, une épreuve destinée à servir de pièce de comparaison. Il certifiera la conformité de cette épreuve avec celle qu’il proposera de publier » Ordonnance du 3 septembre 1835 art1. alinéa 2. Malgré tout, les imagiers continuent de produire et d’imprimer toujours plus.
Rien ne semblait donc pouvoir arriver à freiner la propagation de ces images, si ce n’est l’apparition de nouveaux supports comme les journaux ou la photographie, qui finalement arrivèrent à supplanter ce mode de communication et de divertissement !