Contenu du La poupée

Parmi les jeux les plus anciens au monde et les plus typiques des fillettes, on trouve la poupée dont le nom vient du latin « pupa » (petite fille). Objet affectif et social, on la retrouve jusque dans l’imagerie populaire.


Histoire de la poupée


L’archéologie a mis au jour dans les tombes d’enfants de l’Antiquité et du haut Moyen-âge des poupées emmaillotées auprès des fillettes défuntes. Si celles en bois, en terre cuite, en chiffon, en cire, en paille, n’ont pas survécu, les poupées en ivoire, aux bras et jambes déjà articulés, aux yeux incrustés de pierreries, sont là pour témoigner.

Au fil des siècles, la poupée du pauvre peut être un simple bas ou sac bourré de chiffons ou de paille, parfois un pilon de bois peint ou sculpté, prenant forme grâce aux vêtements cousus ou tricotés avec amour par une mère ou une aïeule. Aux petites filles riches appartiennent celles qui sont coulées et pressées dans des moules, ambassadrices des modes dans les cours d’Europe.

Pour celles-ci le métier de poupetier naît au XVe siècle. On en trouve en plâtre, en carton-pâte (XVIIe, XVIIIe siècles), en peau ou cuir, en terre cuite, diffusées dans toute l’Europe par les colporteurs. Puis viennent au XIXe siècle les corps en papier mâché, en porcelaine en « gutta percha » (latex naturel), en celluloïd, en métal. Si les corps et visages de porcelaine viennent souvent d’Allemagne, c’est Paris qui habille à la dernière mode les poupées les plus luxueuses, aux paupières mobiles, parlantes, diffusées dans les grands magasins et bientôt par les catalogues de vente par correspondance.

Rôle de la poupée


Ombre de la fillette, compagne toujours fidèle de ses jeux, témoin de sa vie, caressée ou grondée, la poupée est un stimulus qui permet à l’enfant d’accéder au royaume de l’imagination, ou une présence, un réceptacle privé où il distille ses peurs, ses espoirs, ses chagrins. Elle comble et désespère, apporte consolation et tendresse. Substitut aux relations humaines, elle reflète aussi les modèles de comportement, de relations familiales et sociales. Elle sert également à sublimer la maternité : la petite fille apprend son futur rôle de maman.

Les poupées de luxe du XIXe siècle, entourées de leur riche mobilier ont encore pour objet d’inculquer aux enfants de bonne souche l’idéal de la bourgeoisie ou de l’aristocratie. Ne peut-on en dire autant de l’environnement des Barbie actuelles (maison, voiture, cheval, avion…) même s’il est pour le coup diffusé à toutes les petites filles, même celles qui n’auront jamais les moyens de posséder un cheval ou un avion ?! De 1905 à 1960, la poupée Bleuette lancée par le magazine « La semaine de Suzette » s’adresse aussi aux fillettes de la « bonne société ».

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Poupée Bleuette

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La poupée dans l’imagerie populaire


L’imagerie populaire nous fournit quelques belles illustrations de petites filles jouant à la poupée. Elles datent principalement du second Empire. On peut les classer en trois catégories : celles qui montrent les différents jeux de la fillette, les histoires moralisatrices et les poupées merveilleuses imaginaires. Dans la première, la fillette apprend son futur rôle de mère et s’occupe de sa poupée comme d’un enfant : soins du corps, promenade, enseignement, mais aussi punition. Toutes ces activités reflètent l’éducation des enfants de l’époque.

Dans la deuxième catégorie, on met en comparaison une petite fille sage qui s’occupe bien de sa poupée, et une autre qui la délaisse, finissant par apprendre à bien se comporter, la morale est sauve par l’exemple. Dans le cas du méchant frère, qui enlève la poupée et la détruit, il finit en prison ! La catégorie poupée merveilleuse, parlante ou savante met en scène des poupées vivantes qui accomplissent des prouesses. La poupée parle et marche, joue du piano, récite des fables ou chante, joue aux échecs avec la grand-mère ou aux cartes avec le grand-père, cuisine, donne des leçons de géographie…

Quelques images évoquent la fin de la poupée, la fillette étant devenue grande. Dans l’un des cas elle tombe par la fenêtre et se brise, dans l’autre elle s’envole par la fenêtre, probablement pour rejoindre une autre enfant.