La mirabelle
La mirabelle - comme la groseille, la myrtille, la fraise et la quetsche - fait partie du patrimoine agricole, culturel et historique de la Lorraine.
Les premières apparitions de la mirabelle dateraient du XVe siècle. Il semblerait que ce fruit soit originaire d’Asie Mineure, d’Orient ou de Chine, puis introduit en France par le duc d’Anjou et de Lorraine, René le Bon. Les premiers mirabelliers auraient été plantés à Mirabeau dans le Vaucluse, d’où son nom. Au XVIe siècle, Catherine de Médicis et son fils Charles IX se voient offrir des mirabelles confites au sucre lors de leur voyage en Lorraine. En 1892, une épidémie anéantit le vignoble lorrain. Il s’en suit l’extension des plantations de mirabelliers notamment entre 1920 et 1930, ce qui entraînera une valorisation économique dans les années 70.
La mirabelle, aussi appelée « l’or jaune », est incontestablement l’un des plus beaux symboles de la Lorraine. Elle ne pèse pas plus de 15 grammes, est jaune comme le soleil et ne se mange que pendant quelques semaines de la mi-août à la mi-septembre. Il en existe deux variétés : la mirabelle de Metz (la plus réputée) est la plus petite (22 mm de diamètre) et a une peau fine colorée de jaune et rouge. Celle de Nancy est plus grosse (30 mm de diamètre) et a une peau jaune et épaisse. La Lorraine produit à elle seule plus de 70% de la production mondiale. Metz lui consacre, à chaque fin du mois d'août, une fête spécifique avec l’élection d’une « Miss Mirabelle ». En 1974, une confrérie de la mirabelle de Lorraine est créée pour la défense et la promotion de la mirabelle régionale.
Elle est utilisée en cuisine pour la confection des desserts comme la traditionnelle tarte aux mirabelles, les flans, les clafoutis, les babas, et se décline à l’envi, crue, en compote, en confiture, en sirop, en glace ou sorbet, en eau-de-vie… Elle est également présente dans des plats salés pour caraméliser du gibier, de la volaille, de la viande blanche. Elle a gagné ses lettres de noblesse en 1996 en décrochant un Label d’IGP (Indication Géographique Protégée).
La groseille de Bar-le-Duc
La groseille fait son apparition dans les jardins français à partir du XIIe siècle en Lorraine et au XVIe siècle à la table du roi de France. Depuis le Moyen Âge, la ville de Bar-le-Duc est réputée pour sa confiture de groseilles sans pépins. La recette, qui date de 1344, se transmet depuis des générations dans le plus grand secret. Les groseilles sont épépinées délicatement à l’aide d’une plume d’oie dont la pointe est finement taillée en biseau. Ce procédé permet au fruit de garder sa consistance avant la cuisson. Elles sont ensuite plongées dans un sirop brûlant pour devenir de la confiture appelée le « caviar lorrain ». Ce procédé nécessite un savoir-faire spécifique. Aujourd’hui, il ne reste qu’une seule entreprise qui entretient la tradition. Cette confiture se déguste à la cuillère, pour accompagner du foie gras ou de la glace à la vanille, devenant ainsi une gourmandise de luxe : Alfred Hitchcock exigeait notamment d’en avoir tous les matins sur son plateau du petit déjeuner, tandis que Raymond Poincaré en raffolait et en offrait à ses invités.
La brimbelle
La brimbelle, plus connue sous le nom de myrtille, est le fruit emblématique des Vosges. L’origine du mot brimbelle viendrait de l’ancien français « bran » qui signifie noire et « beilles » qui veut dire billes. Ces fruits se cueillent du côté de Gérardmer et sur le versant alsacien, de juin à octobre. Ce sont de petites baies de couleur bleue-noire, à chair rouge, à la saveur douce et agréablement acidulées. Ramassées à l’aide d’un peigne ou à la main, les brimbelles se dégustent de nombreuses façons : en confiture, au sirop, en liqueur, en vin, en eau-de-vie, en sorbet, en tisane… Mais, la véritable star est la savoureuse tarte aux myrtilles, très appréciée des touristes. La commune vosgienne de la Grande-Fosse et le bourg de Bruyères célèbrent en été ce fruit si singulier. Elles peuvent aussi apparaître dans des plats salés, ou en sauce, ou pour accompagner une terrine de poisson ou de viande. La brimbelle fait partie de la carte d’identité des Vosges.
La quetsche
Cette prune aux origines obscures, issue de l’une des variétés du prunier de Damas, aurait été rapportée de Syrie par les Croisés en 1148. Selon certaines sources, l’existence du quetschier remonterait à l’Antiquité. Le mot quetsche vient du nom allemand « zwetsche ». De l’Alsace, la culture de ce fruit va se répandre en Lorraine et ses alentours.
La quetsche est reconnaissable à sa forme oblongue, à sa chair ferme, sucrée et juteuse, d’un jaune d’or foncé, et à sa robe violette. Elle se consomme de la fin de l’été au début de l’automne. C’est un excellent fruit de table qui se cuisine en accompagnement de viandes (porc, lapin, oie, dinde et gibier). Elle est appréciée crue, en sirop, en compote, en confiture, en sorbet, en eau-de-vie. Elle se marie très bien aux épices (gingembre, cannelle, cardamone, vanille…) et est à l’honneur dans de nombreuses recettes aussi bien sucrées que salées (tarte, crumble, clafoutis, muffin…). En Lorraine, la quetsche reste le parent pauvre de la mirabelle même si on la retrouve partout. Il existe une Confrérie de la Prune et de la Quetsche lorraines de Farébersviller.
La fraise de Woippy
Avant de tomber dans l'oubli, la fraise de Woippy a connu son âge d'or. C’est en 1868, à l’issue d’un voyage en Bretagne, que les frères Vion ramenèrent à Woippy quelques fraisiers qui, replantés, ont formé la souche des fraiseries de la localité et des environs. La culture fraisière s’est développée et, à partir de 1898, les fraises destinées à la consommation et aux conserveries ont été expédiées en Allemagne. Leur succès a été à l’origine de la construction de la première gare de Woippy en 1901. En 1908, l’exportation des fraises s’étant intensifiée, la construction d’une nouvelle gare (gare actuelle) fut rapidement décidée. De 1919 à 1939, Woippy et le Val de Moselle se hissèrent au premier rang national pour la culture de ce fruit. La Seconde Guerre Mondiale a mis fin à cet essor. En effet, l’occupation allemande et l’expulsion de nombreux producteurs ont entraîné son déclin. Mais elle est ensuite redevenue prospère, cela jusqu’en 1962. Après cette date, sa production diminua fortement. Au début des années 70, on retrouve encore des fraises de Woippy sur les étals de Metz et de sa région, aux Halles de Paris jusqu’en Allemagne et en Suisse. À travers la Fête des Fraises (organisée chaque année en juin), Woippy reste le symbole de la fraisiculture mosellane. La concurrence de producteurs plus dynamiques, tels que l’Espagne, a fait disparaître la fraise de Woippy. Celle-ci n’est plus cultivée que localement. Les fraises de Woippy sont proposées sur le bord des routes et dans les champs où elles peuvent être cueillies par les clients eux-mêmes.
La Lorraine reste une région créatrice de diverses gourmandises inscrites au patrimoine français, aiguisant par conséquent la curiosité des touristes et des étrangers de passage dans la région. Leur succès est d’autant plus important que toutes ces gourmandises sont confectionnées à base de produits du terroir lorrain. La dernière-née est une pâtisserie créée en hommage aux 800 ans de la cathédrale de Metz : le Pralin du Graoully. Ce dernier est le résultat d’un concours proposé par la Fédération des pâtissiers messins.
Il existe encore de nombreuses gourmandises lorraines à découvrir. Il suffit de " passer par la Lorraine ". Bonne dégustation !