Contenu du Sur les traces des Paraiges…

Une puissance politique

Les Paraiges représentaient une institution originale, spécifique à Metz, de 1234 à 1552. Pendant cette période, grâce à leur connaissance de la Coutume, à leurs relations et à leur fortune, ils accaparent l’ensemble des magistratures municipales. Par le biais de mariages et par la copie du mode de vie, ils se rapprochent de la noblesse régionale. Preuves de leur richesse et de leur puissance, ils nous ont laissé des hôtels particuliers, lieux d’apparat et de fêtes : l’hôtel de Heu, le Passetemps, l’hôtel de Gournay et l’hôtel de Burtaigne. Ces bâtiments, par leurs dimensions, attirent les regards et affichent un certain niveau de vie.
L’Hôtel de Burtaigne fut construit par les Gournay. On y célébra en 1531 le mariage de Claude de Gournay, fils du maître-échevin et conseiller du duc de Lorraine, Michel de Gournay, avec Catherine de Créhange. Sa toiture basse en retrait et les bandeaux moulurés au-dessus des fenêtres et ponctués de frettes crênelées sont deux particularités de l’architecture messine et lui donnent des airs de château. L’Hôtel de Heu, quant à lui, fut édifié vers 1480 pour la famille de Heu, famille faisant partie des Paraiges et qui fournit à la ville douze maîtres-échevins. Philippe de Vigneulles la qualifie de « plus belle maison de Metz ». Cette demeure luxueuse se compose de cinq pavillons renfermant deux vastes salles servant probablement de lieu d’apparat. Ses dimensions démontrent le souci de confort et de faste.

Une puissance assise sur la richesse

Les chroniqueurs du XIVe siècle surnomment Metz « la Riche ». C’est un lieu favorable aux échanges, à la circulation des marchandises et des richesses. L'Hôtel de la Bulette conserve encore actuellement son aspect médiéval.
Il abritait l’administration de la Bulette, droit perçu sur les actes concernant les propriétés. À la fin de la rédaction de l’acte, une gouttelette de cire (que l’on nommait bulette), servait alors de signature aux contrats. L’hôtel servit ensuite notamment de prison ou encore d’hôpital.

À partir du XIIIe siècle, les changeurs tiennent boutique sur les places du Champ-à-Seille et du Change (actuelle Place Saint Louis). Cette dernière conserve encore les vestiges de cette période, des maisons à arcades, destinées aux familles de bourgeois et de marchands. Au rez-de-chaussée, on trouvait la boutique. Le premier étage était celui où l’on recevait les riches clients et les amis dans des salons. Les toitures étaient dissimulées derrière des murs-écrans, souvent prenant la forme de créneaux. On souhaitait en effet imiter les châteaux féodaux et ainsi se présenter comme égaux des nobles.
Parmi ces notables, on trouve les Gournay qui apparaissaient comme les banquiers messins les plus puissants de 1250 à 1350 environ.

De vastes entrepôts ressemblant à des forteresses  dominent le paysage urbain. Propriétés de nantis, laïcs ou religieux, on y stocke les céréales, le bois ou encore l’artillerie. L’un de ces vastes bâtiments, le Grenier de Chèvremont forme maintenant une partie du Musée.

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Les donations aux églises, signes de l’influence

Au XIIIe siècle notamment, Metz est une ville où le religieux dessine le paysage. On y trouve en effet 150 églises, couvents ou chapelles pour 30 000 habitants. Les grandes familles participent à ces chantiers en installant des chapelles familiales dans les églises. Vers 1473, la famille d’Esch fait ainsi ériger une chapelle destinée à l’inhumation des membres de sa famille dans l’église Saint-Eucaire.
Les Gournay sont présents à Saint-Martin.
Et la chapelle des Louve et des Gournay, don de Poinsignon Dieu Amy à l’église Saint-Maximin, date de 1365. Le jeune Jacques-Bénigne Bossuet y prononce le 24 octobre 1658, l’une de ses premières oraisons funèbres, celle d’Henry de Gournay.