Nancy, terre d'accueil des Polonais
La Voix libre du citoyen, ou gouverner selon Stanislas

La Voix Libre du citoyen, en polonais Głos wolny wolność ubezpieczający, est un traité de gouvernement élaboré par Stanislas Leszczynski et publié pour la première fois à Nancy en 1749.
La page de titre de la version originale du texte en polonais affiche la date de 1733. Or, Durival, homme de confiance de Stanislas, fait savoir ailleurs que l’ouvrage « fut imprimé à Nancy, chez Antoine en 1749, mais sous la date 1733 & avec le titre Głos Wolny… ».
En 1733, le roi de Pologne déchu tente une restauration dans son pays. Il est réélu mais doit renoncer à la couronne en 1736. Dès 1749, le chevalier de Solignac, secrétaire du souverain, aidé par Tercier, savant polyglotte et soutien du roi, fait paraître à Paris la traduction en français sous le titre La Voix libre du citoyen.
L’œuvre, que Stanislas porte en lui depuis longtemps, est l’un des projets de réforme sociopolitique les plus célèbres de l’histoire de l’État polonais. Pierre Antoine, l’imprimeur nancéien, parlera plus tard, en 1761, d’un « plan de gouvernement, où l’on admire les maximes de la politique la plus sage & la plus approfondie ».

Ce texte n’est pas exactement un traité mais plutôt la synthèse de plusieurs mémoires écrits par Stanislas et assemblés par son secrétaire, comme le montre le manuscrit original. Chacun forme un chapitre et le tout exprime finalement la vision du roi pour un gouvernement idéal de la Pologne.
La situation dans laquelle se trouve le pays est désastreuse :
… les tribunaux sont sans justice, les conseils sans union, les armées sans discipline, le trésor sans argent, & où tout périt, tout se détache, tout se dissout au milieu des dissensions & des désordres.
Pour éviter les révolutions, il faut réformer les institutions. Administration, justice, clergé, assemblées, armée… du peuple au souverain, Stanislas passe tout en revue pour y infuser des idées neuves, nourries de ses fréquentations avec des philosophes comme Montesquieu.
En souverain qui n’oublie pas l’aide de Dieu, il propose aux citoyens d’examiner son plan qui repose sur « un juste équilibre entre la puissance de la Majesté, & les droits de la liberté ».


La lecture du texte appelle plusieurs remarques :
- La définition hésitante des termes « sujet » et « citoyen » : Stanislas ne définit nulle part ces deux termes. Qu’il évoque une monarchie ou une république, il emploi presque indifféremment l’un ou l’autre.
- La liberté : inscrite dans la devise de Stanislas, « Elementum meum Libertas », elle figure aussi dans le titre Glos Wolny qui signifie en polonais « La voix qui assure la liberté ». Plus qu’une idée ou un concept, c’est un credo pour le roi déchu de Pologne.
- La collaboration à l’esprit de paix : Stanislas veut œuvrer à la paix en Europe, cette aspiration est manifeste dans ses œuvres de fiction comme dans ses mémoires politiques et philosophiques.
La paternité du roi de Pologne sur ce texte a pu être contestée, et celui-ci attribué à l'intelligence de son fidèle Solignac ou aux frères Zaluski, de grands intellectuels polonais proches de lui. Cependant, le manuscrit original conservé à la Bibliothèque de Nancy montre bien que, si le secrétaire particulier a réécrit ou reformulé le texte français, l'ensemble est bien de la main de Stanislas Leszczynski.