Contenu du Roland Grünberg et la mémoire polonaise

Roland Grünberg (1933-2021) est né à Strasbourg de parents émigrés polonais.

De confession juive, il est confronté très jeune à la discrimination et à l’exclusion. Il se réfugie alors dans un univers moins hostile, plus rassurant, peuplé de marionnettes, de créatures humaines, animales et végétales. Ce monde fantastique fascine Jean Cocteau qui le surnomme le « réaliste de l’irréel ».

Personnalité importante du paysage culturel nancéien, Roland Grünberg œuvre à faire connaître la culture polonaise en France. Au Théâtre d'essai étudiant de Grenoble, fin 1959, il crée les costumes et décors pour la première française d'un drame fantastique polonais : Les Aïeux, d'Adam Mickiewicz (1798-1855). 

Ce poème dramatique romantique, écrit sur plusieurs décennies, dont une partie pendant l'Insurrection de novembre, fait la part belle au mysticisme polonais : malgré leur patrie perdue, les Polonais sont appelés à préserver leurs racines et à se lever pour accéder à un destin libérateur, à l'exemple de celui de Jésus-Christ. 

L'œuvre, adaptée à la déclamation théâtrale, inspire aussi à Gustav Mahler le premier mouvement de sa Symphonie no2. Elle revêt pour les Polonais une importance extrême. Représentée fin 1967 au Théâtre national de Varsovie, elle est à l'origine des troubles étudiants de 1968 en Pologne, réprimés par l'URSS.

Homme d'arts et de lettres, Grünberg s'investit dans la création du Festival mondial du théâtre en 1963 avec Jack Lang.

Il fait venir en France et à Nancy le metteur en scène polonais Jerzy Grotowski (1933-1999), créateur et animateur du célèbre Théâtre-Laboratoire d'Opole.

Grünberg et Grotowski
Roland Grünberg à gauche et Jerzy Grotowski à droite au Festival mondial du théâtre de Nancy, en 1964.

Roland Grünberg, amateur de jazz, participe à la création du premier festival Nancy Jazz Pulsations en 1973. Il crée toutes les affiches du festival pour l’année 1973, le journal et même des chars.

Il fait découvrir en Lorraine les graveurs polonais, notamment Jozef Gielniak (1932-1972), en organisant une exposition Quatre graveurs polonais contemporains : Jacek Gaj, Jozef Gielniak, Lucjan Mianowski, Jerzy Panek, au musée de Lunéville en 1964, et l'exposition Quinzaine culturelle internationale : exposition des gravures fantastiques de Jacek Gaj, Jozef Gielniak, Roland Grunberg au Centre culturel lorrain universitaire de Nancy en 1968. 

Son œuvre graphique est empreinte de l'inspiration des maîtres polonais.

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