On dispose de onze lettres de Prosper Morey à sa famille restituant son séjour à la Villa Médicis. Sous les directions contrastées d’Horace Vernet puis de Jean-Dominique Ingres, l’élève architecte apparaît comme un pensionnaire consciencieux et acharné de travail.

L'Académie de Rome

Fondée par Colbert en 1666 pour le séjour des artistes français, l’Académie de France à Rome est d’abord installée dans le palais Mancini. Incendiée pendant les guerres révolutionnaires, cette demeure est abandonnée par Napoléon, et les lauréats du prix de Rome sont hébergés à partir de 1803 à la Villa Médicis, déjà riche d’un passé artistique et muséal. 
Les pensionnaires y disposent de chambres particulières : celle de Prosper Morey fait « 24 pieds sur 30 environ. (…) Elle est voûtée et donne sur la façade d’entrée et par conséquent sur la plus belle promenade de la ville, une fontaine superbe est sous ma croisée et de là j’aperçois toute la ville de Rome et tout ce qui peut l’entourer ». La chère y est bonne : « une seule chose me chagrine, c’est de devenir trop gras ». Inscrit à la bibliothèque dès son arrivée, il puise dans cette collection riche en ouvrages contemporains sur l'histoire de l'art et particulièrement l'architecture antique plus d’une centaine de prêts.

Contenu du Le pensionnaire de la Villa Médicis
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L'ère Vernet

À l'arrivée de Morey, le peintre Horace Vernet dirige l’Académie. La vie est mondaine, amicale, presque familiale car Vernet réside avec son père, le peintre Carle Vernet, sa femme et leur fille Louise. Il donne de nombreuses fêtes et réceptions fréquentées par les nombreuses personnalités politiques et les artistes français et italiens résidant à Rome. Une soirée dansante se tient tous les jeudis. « Voulons-nous aller en soirée », dit Morey, « nous avons un directeur dont les salons nous sont toujours ouverts et dans lesquels nous trouvons la meilleure société de Rome ».
Moderniste, à l'origine d'un projet de réforme complète du cursus des pensionnaires de l'Académie, Horace Vernet est remplacé en 1834 par Jean-Dominique Ingres, tout aussi célèbre mais bien moins mondain et extraverti que son prédécesseur. Les soirées de l’Académie sont alors qualifiées de « mornes » ou de « tranquilles » selon le point de vue de l’observateur. A l’époque de Morey, on pouvait y écouter régulièrement le messin Ambroise Thomas, prix de Rome de musique en 1832, jouer inlassablement Mozart et Glück, les deux compositeurs favoris du directeur.

Les fouilles archéologiques

Avec la création de l’Académie de France en 1663, Rome prend une place particulière dans la formation des artistes et architectes français.
Un réel intérêt des architectes se manifeste pour l’étude des monuments du passé. Les voyages d’amateurs se multiplient et souvent, ils se font accompagner d’artistes ou d’architectes qui dessinent tout ce qu’ils découvrent. Le cours d’archéologie, qui prend une place de plus en plus importante dans la formation des architectes, devient un enseignement officiel à partir de 1836 à l’Académie de France.
Les pensionnaires sont invités à faire des fouilles par eux-mêmes. En 1832, Morey en sollicite au temple de Mars vengeur puis au Panthéon d'Agrippa, mais cette dernière autorisation lui est refusée en raison de fouilles simultanées au tombeau de Raphaël qui se situe au même endroit.
Il fait également venir de Paris une « chambre claire » pour dessiner d’après nature.

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