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La Grèce

En 1838, Morey est engagé comme architecte et dessinateur dans la mission de l’archéologue Raoul-Rochette. Chargé de dessiner les récents produits des fouilles de l’Acropole, il voyage durant trois mois d’Athènes aux îles grecques et aborde en Turquie.
L’archéologie en Grèce est très récente, puisqu’elle date de l’expédition de Morée organisée entre 1828 et 1833. Il s’agissait d’une expédition militaire dans le Péloponnèse dont le but était de soutenir l’insurrection des Grecs contre l’Empire ottoman. Comme ce fut le cas pour l’expédition d’Égypte de Napoléon Bonaparte, le corps expéditionnaire se double à partir de 1829 d’une commission composée de scientifiques et d’artistes. Leur mission consiste à cartographier le Péloponnèse, étudier la faune et la flore, et effectuer des fouilles archéologiques. Ils s’intéressent non seulement aux ruines antiques, mais aussi aux traces de l’époque byzantine. Cette mission et les nombreuses publications qu’elle suscite conduisent à la création de l’École française d’Athènes en 1846.

Les dessins sont exécutés sur papier et sur calque et répartis dans 4 albums, dont un préparatoire à la publication intitulé Monuments de la Grèce mesurés et dessinés par Prosper Morey. Ils sont pris principalement à Athènes dans l’Héphaïstéion, qui servait alors de musée provisoire, et surtout sur l’Acropole : Propylées, temple d’Athéna Nikè, Parthénon. Dans les îles, Morey restitue des paysages contemporains en même temps qu’il relève soigneusement les bâtiments antiques. Il voyage à Syros, Délos, Mykonos, Milo et Santorin.

A la recherche de la cité de Troie

Le 2 août 1838, une compagnie de quatre personnes, un archéologue, un architecte, un interprète et un guide, aborde l’embouchure du Simoïs. Son  objectif : marcher sur les traces controversées des découvreurs du XVIIIe siècle pour retrouver l’emplacement de la mythique cité de Troie.
Munis des cartes dressées par Choiseul-Gouffier dans son Voyage pittoresque de la Grèce (1782-1822), et par Jean-Baptiste Lechevalier dans le Voyage dans la Troade (1802), augmentées d’une carte donnée par Antoine-François Mauduit, alors bibliothécaire de l’Académie de France à Rome, Raoul-Rochette et Morey abordent les rivages d’Asie mineure. Leur objectif est double : obtenir de Mehmet Rechid Pacha, alors gouverneur de la Grèce au nom de l’Empire ottoman, la cession des bas-reliefs du temple d’Assos à la France, et partir à la recherche des ruines de Troie.

Une excursion sur le site de Troie, vraiment ?

Dans son discours de réception à l’Académie de Stanislas en 1850, publié plus tard sous le titre Recherches archéologiques dans la Troade, Morey raconte avec pittoresque cette inoubliable journée sur les rives du Simoïs. On leur montre dans un premier temps le lieu indiqué par leurs cartes, mais Morey n’y reconnaît pas vraiment le paysage décrit par Homère. Désespérés par le temps que promet de prendre cette excursion alors qu’ils n’en ont guère, nos deux archéologues font demander à un berger s’il connaît « des ruines » aux alentours. Celui-ci les emmène un peu plus loin dans la vallée du Scamandre, à l’entrée d’un défilé où Morey et Raoul-Rochette pensent reconnaître à coup sûr les portes d’entrée de la cité mythique : le paysage devant leurs yeux, notamment les distances entre sommets des montagnes et plaine fluviale, leur paraît plus conforme à l’Iliade. Heureux de leur visite, ils repartent alors vers Constantinople.

L’autorisation d’emporter les fragments du temple de l’île d’Assos arrive tandis que la frégate La Surprise a emmené les archéologues en excursion à Malte. Au retour de Troade, ils passent quelques jours à Constantinople, où Morey visite la ville et dessine ses principaux monuments, dont le tombeau de Soliman le Magnifique.