Histoire

Se distraire à Nancy en 1909

L’Exposition internationale de l'Est de la France à Nancy en 1909 est une fête. Elle s’accompagne de nombreuses réjouissances programmées par la municipalité : visites officielles, congrès ou encore manifestations thématiques s’enchaînent durant six mois. L’ensemble fait de Nancy la capitale de l’Est de la France aux yeux des visiteurs. De certaines animations émane un puissant sentiment patriotique, l’objectif proclamé par Louis Vilgrain, Président de la Chambre de Commerce de Nancy, dans son discours inaugural étant de « faire une œuvre originale et régionale ». Si l’on considère la fréquentation globale et l'intérêt suscité par les différentes attractions, nul doute que le succès a été au rendez-vous.

Contenu du Se distraire à Nancy en 1909

L’Exposition internationale de l'Est de la France à Nancy en 1909 est une fête. Elle s’accompagne de nombreuses réjouissances programmées par la municipalité : visites officielles, congrès ou encore manifestations thématiques s’enchaînent durant six mois. L’ensemble fait de Nancy la capitale de l’Est de la France aux yeux des visiteurs. De certaines animations émane un puissant sentiment patriotique, l’objectif proclamé par Louis Vilgrain, Président de la Chambre de Commerce de Nancy, dans son discours inaugural étant de « faire une œuvre originale et régionale ». Si l’on considère la fréquentation globale et l'intérêt suscité par les différentes attractions, nul doute que le succès a été au rendez-vous.

Le coin des enfants

La butte du Guignol

Dans un coin du parc Sainte-Marie, au sommet d’une butte en rocaille, après avoir gravi des petits sentiers arborés, les enfants retrouvent chaque dimanche et chaque jeudi après-midi le théâtre guignol de l’exposition.

À l’entrée du petit amphithéâtre, un gardien à la grosse moustache rousse d’un abord un peu rude et gaulois veille au grain, tandis que les gamins et les fillettes sagement installés sur les trois premiers bancs arborent leurs plus beaux habits et leurs plus beaux chapeaux. Mais dès le lever du rideau, surprise, le petit auditoire comme un seul homme réagit avec une impertinence et une joie non dissimulée aux mésaventures du commissaire Pandore rossé par Arlequin ou molesté par Polichinelle ou aux facéties de Guignol et de son fils Guillaume. Un spectacle digne de la Comedia dell’arte soutenu par des échanges improvisés et complices entre les marionnettes et le jeune public.

Inutile de dire que la butte du guignol a connu un grand succès populaire avec, certains jours, des dizaines de représentations et des records d’audience montant parfois à plus de 2 000 spectateurs.

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Le kiosque à musique

Les concerts rassemblent une foule enthousiaste

Le kiosque à musique du parc Sainte-Marie a été conçu volontairement durant l’exposition internationale comme un point de rendez-vous reposant et agréable.

Son pavillon octogonal construit en bois clair, couvert d’une coupole pour l’acoustique et éclairé par 8 puissants globes électriques pour mieux affirmer l’idée de progrès est niché dans un écrin de verdure. Il accueille chaque jour, dans une ambiance de fête, généralement en début d’après-midi, les musiciens d’orchestre ou de fanfares militaires venus des quatres coins de France offrir un moment musical et de détente aux nombreux visiteurs repus de tant de merveilles. Il arrive bien sûr, de temps à autre, que le son des instruments soit recouvert par le brouhaha de la foule ou le bruit des attractions voisines. Il n’empêche, le kiosque à musique connaît un grand succès d’audience populaire au point de rivaliser avec la pelouse de l’exèdre qui offre une programmation musicale plus savante.

En novembre, à la clôture de l’exposition, le kiosque à musique a naturellement convaincu les organisateurs de son utilité, échappant ainsi à la destruction programmée de la plupart des édifices logés dans le parc. Il reste encore aujourd’hui un petit espace ouvert et populaire de la vie musicale nancéienne.

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Les pavillons de dégustation

La gastronomie à l'honneur

La part donnée à la gastronomie dans l’exposition est non négligeable.

La Lorraine, mais aussi la Bourgogne, la Champagne et l’Alsace présentent leurs produits, aussi bien en alimentation qu’en spiritueux.
La configuration des lieux est pensée de telle sorte que le palais de l’alimentation se situe dans la continuité de la ferme lorraine. Les visiteurs passent facilement de l’étable modèle à l’industrie fromagère ou à la biscuiterie. De nombreux stands présentent les spécialités régionales de charcuterie, fromages, farines, conserves de luxe, confiserie, chocolats, ou encore condiments.

Les spiritueux regroupent tous les crus des régions de l’Est, avec une part belle réservée aux vins d’Alsace. La bière et les importants progrès de l’industrie brassicole depuis la période de l’annexion sont largement mis en valeur. Les dégustations se font sur les stands, mais aussi dans le grand restaurant, dans le consortium des brasseurs et dans les tea-rooms installés de part et d’autre du Parc.

Le succès de ces dégustations est à la hauteur de la qualité des produits présentés. La consommation des visiteurs et les prix décernés en sont les résultats concrets.                 

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Le quartier des attractions

Manèges et divertissements sont au rendez-vous

Le pari de concilier fête et délassement avec le sérieux du digne progrès scientifique est pleinement remporté par les attractions proposées aux publics variés de l’Exposition.

Après la visite de plusieurs parcs attractifs étrangers d’envergure, le comité cède l’organisation de ces animations à Mr. Brown, directeur du parc de Manchester. Des attractions simples et connues telles le Palais du rire, le Diorama, la Palmistry (l’art de lire les lignes de la main), le Petit théâtre oriental, le Houp-là (jeu des anneaux) côtoient des constructions mécaniques bien plus complexes et parfois vertigineuses. De factures légères et robustes en bois exotiques, celles-ci nécessitent un soin particulier à leur réalisation, ainsi qu’une surveillance et un entretien quotidiens.

Quatre de ces structures connaissent un fort engouement : le 8 Volant, grand-huit au faîte culminant à 17 mètres, le Toboggan amorçant un départ sur tapis roulant, le Pèlerinage, ancêtre de la Maison hantée, le Water-Chute, sans oublier le Miniature Railway, petit train sinuant à travers le site, hors monopole de Mr Brown.
En revanche, le Cake-Walk et le Double Tourbillon sont des échecs : le public, soumis à des secousses et gesticulations non maîtrisées se trouve sans doute ridiculisé… Les structures sont démontées rapidement.

Le water-chute

Avec le 8 Volant et le Toboggan, le Water Chute, autre attraction sensationnelle d’origine canadienne, exige au départ un encombrement du site qui aurait pu en empêcher l’installation par la nécessité d’y creuser un lac imposant. 

À l’instar des 2 autres structures géantes, l’ouvrage est construit en érable et pin, bois forts, souples et légers importés des États-Unis. Installés dans de petites barques, les participants s’élèvent à environ 25 m pour redescendre sur un plan incliné à la vitesse de 80 km/h — imaginez ! —. L’arrivée en ricochet sur l’eau garanti les sensations pour les embarqués et le spectacle est des plus pittoresque pour le public installé autour du lac joliment ombragé.

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Les illuminations

Une exposition qui scintille

De mai à novembre 1909, dans l’encart quotidien « À l’exposition » de l’Est Républicain, sont annoncés les horaires des illuminations, variant entre 8h et minuit passé suivant l’avancée de la saison. Ainsi peut-on profiter en nocturne, par delà les allées du site, des palais mis en lumières, des animations (attractions, concerts, tournois sportifs) grâce à une machinerie spécifique dernier cri.

 

 
Des moteurs alimentés par la Station Centrale électrique de l’Exposition produisent l’éclairage général par le biais de 400 lampes à arc ainsi que les illuminations par moultes lampes à incandescence.

Les maisons Aubert de Neuilly, Fabius Henrion ou encore Barbier, Benard et Turenne de Paris ont fourni les diverses lampes Beck, flammes et autres ampoules nécessaires à la réalisation de l’ensemble.

Ainsi 20 000 lampes à incandescence soulignent la nuit les façades et motifs architecturaux des palais : 2 000 ampoules ornées de perles de verre décorent l’intérieur de la Salle des fêtes, 5 000 lampes diverses éclairent l’extérieur et l’intérieur des pavillons particuliers.
Enfin, un imposant projecteur joue de ses rayons mouvants et de lueurs changeantes à travers les gerbes d’eaux et la nuit étoilée ou nuageuse, ce qui offre une spectaculaire féérie aux yeux du visiteur noctambule.
 

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Le village sénégalais

Une vitrine des colonies

Conçu pour donner une image à la fois positive et concrète de la colonisation française, le village sénégalais rencontre un succès important tout au long de l’exposition. Il s’agit de proposer une leçon de choses ethnographique sur les peuples d’Afrique occidentale : Ouolofs, Mandringues, Sérères et Toucouleurs.
Il se présente comme un authentique village, tout autant en termes d’architecture que pour ce qui y est montré : le chef du village, Mahmadou Seck, bijoutier, est accompagné de sa famille. 150 autochtones exercent leurs métiers devant les spectateurs. Ils sont cordonniers, tailleurs, forgerons, dessinateurs, bijoutiers ou constructeurs de pirogues. Le tout « au son d’une musique infernale ». Cela dit, la vision de ces populations désignées comme primitives est très connotée et leur présence suscite avant tout de la curiosité et donne à l’exposition sa note d’exotisme.

Selon Louis Laffitte, Président de l’Exposition Internationale de l’Est de la France, la valorisation du travail des colonies est assurée. Il insiste sur le fait que Nancy y contribue  tout particulièrement avec son Institut Colonial créé en 1902. Nombre de commerçants utilisent en outre les ressources des colonies. Le bois d’ébène du Sénégal est le produit exportable le plus prisé.

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Le village alsacien

Un minutieux travail de scénographie

Porté par un Comité composé de Lorrains et d’Alsaciens installés à Nancy en raison de l’Annexion, le village alsacien occupe une place d’honneur dans l’Exposition. Une authentique maison alsacienne est au centre d’une scénographie faite d’éléments construits et de décors en trompe l’œil. Une taverne complète ce décor. A l’étage des vitrines exposent au regard des coiffes alsaciennes, des lettres de baptême, des souhaits de confirmation ou du mobilier. Pour faire écho à ces éléments de la vie quotidienne alsacienne, des meubles et des ustensiles campagnards lorrains sont exposés.

Les mises en scènes et les nombreuses animations qui se déroulent au village sont des moments emplis d’émotion pour les Nancéiens et les nombreux Alsaciens installés en Lorraine. Le défilé des paysans et des paysannes venus d’Alsace et portant le costume traditionnel accueillis à la gare de Nancy inaugure la fête alsacienne du 27 juin et reste un des moments inoubliables de l’Exposition : défilés, chants, danses, banquets, loterie, kermesse et musique se succèdent toute la journée.

Le village est totalement détruit à l’exception de la maison alsacienne, au coeur d’une querelle culturelle et urbanistique durant plusieurs années avant d’être définitivement installée dans le parc Sainte-Marie.

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