Histoire

Enseigner et apprendre en ville au XIXe siècle

Le xixe siècle est celui de l'école comme en témoignent les nombreuses lois promulguées en faveur de l'instruction publique. Les villes voient alors fleurir de nombreux établissements scolaires.

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Le xixe siècle est celui de l'école comme en témoignent les nombreuses lois promulguées en faveur de l'instruction publique. Les villes voient alors fleurir de nombreux établissements scolaires.

1828-1880

Enseignement primaire pour tous et toutes ?

En 1833, la loi Guizot qui fonde l'enseignement primaire est adoptée. Celle-ci rend obligatoire pour les communes de plus de 500 habitants la présence d'une école de garçons. Les écoles de filles ne sont pas obligatoires mais les communes sont invitées à en proposer une par l'ordonnance Pelet en 1836. La loi Falloux, en 1850, rend obligatoire les écoles de filles dans les communes de plus de 800 habitants. La limte descend à 500 habitants en 1867 dans la loi Duruy.
Au xixe siècle, l'école dispense des savoirs pratiques (lire, écrire, compter) et les classes ne sont pas mixtes excepté pour les écoles maternelles. Les garçons sont préparés à la vie publique tandis que les filles sont préposées aux tâches ménagères. L'enseignement primaire est assuré par les communes avec l'aide de l'État et de l'Église. L'Église est plutôt hostile à ces lois car les enseignants avaient une obligation de formation que les religieux et religieuses possédaient peu. Les communes eurent également quelques difficultés à accepter ce dispositif pour des raisons financières.

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Classe de garçons faisant des jeux de construction

Les écoles normales

La loi Guizot valorise également le métier d'instituteur. Chaque département doit être doté d'une école normale et l'enseignant reçoit un appartement avec jardin, un salaire communal décent et une contribution payée par les parents.

À Nancy, la première école normale était située dans l'ancien couvent des Cordeliers puis, la ville acquiert en 1866 un domaine pour y construire un bâtiment plus spacieux. Dans les Vosges, l'école normale des instituteurs se trouve à Mirecourt et fut créée dès 1828. La formation des institutrices a d'abord eu lieu rue Vieil-Hospice à Épinal, puis une école fut construite en 1881 dans l'actuelle rue des Fusillés de la Résistance. Ce bâtiment accueille aujourd'hui une école maternelle et primaire.

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Montigny-les-Metz. Ecole Normale Catholique des Instituteurs

En Moselle, la première école est construite plus tardivement par les Allemands à Montigny-lès-Metz en 1910. Le projet, défini en 1906, prévoit un établissement scolaire pour 120 élèves-instituteurs, avec gymnase et jardin botanique pédagogique. Le rez-de-chaussée est dédié aux salles de classe, avec une intendance et un réfectoire. Le premier étage accueille des salles de musique, une salle de dessin et une bibliothèque. Le dernier étage est dédié aux dortoirs et aux logements des enseignants.

 

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1881-1882

Une école républicaine et laïque

Les lois Jules Ferry votées en 1881 et 1882 sont importantes pour l'instruction publique en France. Ce sont ces lois qui rendent l'école gratuite et l'instruction obligatoire pour les enfants de 6 à 13 ans. L'école se laïcise par le remplacement des religieux par des laïcs dans le corps enseignant et l’élimination du contenu religieux des programmes scolaires.

Les salles de classe

La loi du 17 juin 1880 promulgue des préconisations pour la construction des écoles et notamment :

  • La hauteur de la salle doit être de 5 mètres sous plafond sans colonnes métalliques de soutènement

  • Les tables doivent être séparées par un couloir de 50 cm entre chaque rangée;

  • Les tables-bancs doivent être adaptées à la taille des élèves

  • La lumière doit venir de gauche et de droite pour répondre aux normes des hygiénistes, qui pensaient lutter ainsi contre les scolioses et les myopies.

  • Le nombre maximum d’élèves par classe est fixé à 40 dans une école à plusieurs classes, et à 50 dans le cas d'une classe unique.

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Années 1880

La construction des écoles

Le Règlement pour la construction et l'ameublement des maisons d'école de 1880 donne des recommandations pour l'implantation des écoles dans les villes et les matériaux de construction. Des modèles de plan d'école sont envoyés dès 1871 aux préfets pour la construction des bâtiments.

Emplacement

Les écoles ne devaient pas se trouver à moins de 100 mètres d'un cimetière et placées sur un lieu central, facile d'accès et bien aéré. Les écoles devaient également être éloignées des lieux malsains et bruyants tels les cafés, les cabarets et les auberges. Les écoles sont donc souvent construites dans les centres des villes et villages, près des églises paroissiales car les curés avaient un droit de regard sur l'éducation.

Matériaux de construction

Les matériaux perméables comme les grès tendres sont exclus de la construction. Les toitures devaient, de préférence, être faites avec des tuiles plutôt que de l'ardoise ou du métal.
À Nancy, les écoles ont été construites sous la direction de deux architectes municipaux importants : Prosper Morey de 1850 à 1800 et Albert Jasson de 1881 à 1923. Prosper Morey se charge de dix écoles dont quatre sont lancées avant 1870. On lui doit les écoles Saint-Georges, Stanislas et Boudonville. Le style de ces écoles est simple et il tend vers le pragmatisme au contraire de son successeur, Albert Jasson. Ce dernier produit les plans de quinze autres écoles avec une forte dimension esthétique. Les écoles Braconnot et Tiercelins notamment ont des façades décorées de briques rouges et de céramiques.

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Années 1880

Différents types d'école

Les mairies-écoles

Ces bâtiments qui rassemblent deux utilités matérialisent la « République » dans les villages. Si les locaux étaient partagés, les parties école et mairie avaient des espaces bien distincts au sein du bâtiment. Dans les recommandations de 1880, il est bien précisé que les services sont séparés et l’école doit se trouver au rez-de-chaussée.
On trouve ces mairies-écoles plutôt dans les villages et petits bourgs comme à Girancourt, Colroy-la-Grande, Fontenoy-le-Château, Raon-aux-Bois, Chantraine ou Saulcy-sur-Meurthe.

À Épinal, en 1824, l’école et la bibliothèque sont réunis dans le même bâtiment assez imposant où l’on peut lire sur la façade les initiales « RF » « République française ». La bibliothèque se trouvait au premier étage et l’école au rez-de-chaussée.

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Épinal, École de la Bibliothèque

 

Monument public communal

L’école devient monumentale pour frapper les esprits et devenir un symbole de la République. Les écoles Maxonrupt à Remiremont furent construites en 1899 à la place d’un ancien abattoir. C’était une école de garçons qui a coûté 149 000 Francs. L’enseignement était donné par des laïcs. Le bâtiment est très imposant et répond aux normes de l’époque.

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Remiremont, Écoles Maxonrupt

Groupes scolaires mixtes

Les groupes scolaires mixtes sont installés dans de grands bâtiments souvent symétriques pour accueillir filles et garçons dans chaque aile.

 

Écoles de quartier

Les écoles de quartiers, dans les grandes villes, sont souvent moins monumentales que dans des villes de taille moyenne. En effet, elles ont des contraintes de voiries importantes et sont souvent dans des bâtiments préexistants.