Histoire

L'architecture thermale

Les villes d’eaux vosgiennes sont de petites cités paisibles nichées dans des écrins de nature, composées de quelques milliers d’âmes. Avec la montée de la fièvre thermale, elles voient fleurir de nouvelles constructions. Il faut offrir aux curistes des soins de qualité dans un cadre d’exception. On rénove les thermes obsolètes, on construit des casinos et des théâtres, des parcs, des villas, des buvettes, des champs de course, des golfs, des cinémas, des kiosques à musique. Tout est pensé pour recevoir les curistes fortunés dans les meilleures conditions possibles. Cet essor architectural perdure jusque dans les années 30, et s’achève avec le Front populaire et la Grande dépression.

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Les villes d’eaux vosgiennes sont de petites cités paisibles nichées dans des écrins de nature, composées de quelques milliers d’âmes. Avec la montée de la fièvre thermale, elles voient fleurir de nouvelles constructions. Il faut offrir aux curistes des soins de qualité dans un cadre d’exception. On rénove les thermes obsolètes, on construit des casinos et des théâtres, des parcs, des villas, des buvettes, des champs de course, des golfs, des cinémas, des kiosques à musique. Tout est pensé pour recevoir les curistes fortunés dans les meilleures conditions possibles. Cet essor architectural perdure jusque dans les années 30, et s’achève avec le Front populaire et la Grande dépression.

Des architectes de renom à Vittel

Vittel, le casino

En 1854, Louis Bouloumié crée la nouvelle station thermale de Vittel. Pionnier du thermalisme moderne en Lorraine, il part financièrement de presque rien, et il n’est pas aidé par le pouvoir en place. Au début la station est de bric et de broc. La Grande source, surnommée depuis toujours la fontaine Geremoy, est recueillie dans un bassin en grès que l’on abrite dans une baraque en sapin. La source des demoiselles, nouvellement découverte, est abritée par un édicule, une petite construction isolée qui aujourd’hui représente le plus vieil établissement de la station thermale. Le premier établissement de bains comprend six cabines, puis dix en 1861. Léon Bouloumié veille aussi à la qualité des eaux thermales, il établit avec l’appui de la législation en vigueur un périmètre de protection en menant une politique d’achat des sols. Toutefois les installations sont provisoires, fragiles et rapidement obsolètes face aux évolutions des conditions d’hygiène.

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Vittel (Vosges), Source des demoiselles

En 1882, Ambroise Bouloumié (le fils aîné) décide de faire de Vittel une ville thermale ambitieuse et verdoyante capable d’allier la santé aux plaisirs mondains. Il confie la réalisation des thermes à son ami et curiste Charles Garnier, architecte de l’Opéra de Paris.

Après deux ans de travaux, la cité thermale bénéficie d’une jolie galerie des sources en péristyle reliée aux deux pavillons. Cette galerie présente une seule façade dans un beau style mauresque et avec un décor de faïences artistiques. Les thermes sont en forme de demi-décagone à usage des bains individuels, ils sont ouverts sur un promenoir en métal et en verre. La grande galerie des sources est à la fois ouverte et fermée, c’est un endroit de rencontre et de convivialité, tandis que les thermes sont exclusivement réservés aux soins. L’architecture de Garnier est pensée pour que « les buveurs en chapeau melon ne rencontrent pas les curistes en peignoir ».

Le Casino dessiné par Garnier est considéré comme l’un « des plus beaux et des plus artistiques parmi les établissements thermaux de France ». Sa silhouette est grandiose et élégante, avec son imposant dôme central flanqué de deux campaniles, ses lignes pures, les larges et hautes baies de son atrium et son élégante colonnade. Mais les modes évoluent et les destructions par les guerres et les incendies jalonnent l’histoire architecturale des villes d’eau ; Vittel n’y fait pas exception.

En 1905, Pierre Bouloumié (le fils cadet) décide de rénover les thermes de Garnier devenus obsolètes. L’établissement a deux étages ; un grand atrium vitré s’ouvre sur un grand hall spacieux et hygiénique commun à tous les services. Le sol est recouvert de mosaïques romaines, les murs sont revêtus de faïence, les colonnes et les balcons sont en fer forgé couleur vert et or. Le premier étage est accessible par un grand et majestueux escalier. Des plantes vertes pour l’ornement et des meubles légers en rotin blanc et vert pour l’ameublement.

En 1930, sous l’effet des modes, l’orientalisme de Garnier est abandonné pour un style plus épuré. La grande galerie des sources est agrandie et rénovée par Auguste Bluysen, les ferronneries « belle époque » de Garnier sont enduites d’une épaisse couche de béton et de stuc blanc, donnant à l’ensemble architectural un aspect minéral et lumineux. Le casino, détruit par un incendie, est reconstruit en 1929 dans le style Art déco. On conserve l’orientation et la composition de la façade, trois baies centrales flanquées de deux tours à coupole. En revanche, la grande coupole qui couvrait l’atrium est supprimée.

En 1936, une piscine est construite dans le Palmarium pour le plaisir des curistes. Lieu d’embouteillage des deux sources, la piscine couverte est l’oeuvre de Fernand Cesar, architecte de l’Ecole de Nancy, déjà auteur de l’hôtel de luxe l’Ermitage. Il contribue 40 ans après Garnier à embellir la station thermale et le parc de divers projets architecturaux qui scandent la ronde du buveur : chalets, kiosques, édicules, tea-rooms…

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Le théâtre-casino de Contrexéville

Contrexéville, Galerie de l'établissement

À l’instar de Vittel le domaine thermal est construit par touches successives en fonction des besoins des curistes et des modes. Les galeries qui relient l’hôtel aux thermes deviennent rectilignes et dominent le parc. En 1885, en pleine fièvre thermale, l’architecte Frédéric Schertzer innove avec le fer, la fonte et le verre. Il érige un splendide pavillon des sources dans le style des pavillons Baltard des Halles de Paris. Cet architecte d’origine alsacienne est un temps conseiller municipal et adjoint au maire de Nancy. 

Le théâtre-casino est inauguré en 1900, dessiné par le spinalien François Claquin, avec la collaboration de Frédéric Schertzer pour les charpentes à structure métallique.  Pastiche du XVIIIe siècle, il comprend une salle de théâtre et il est percé de sept fenêtres à la Boffrand en façade principale. Les deux campaniles coiffés de petits dômes apportent une touche de renaissance italienne. La décoration intérieure est baroque, « rocaillée », à la manière du Grand Salon de l’hôtel de ville de Nancy inauguré en 1886. 

En 1905, la Société des eaux minérales de Contrexéville demande à Charles Méwès de « rajeunir la station pour la tenir à la hauteur du progrès et du confort moderne ». L’architecte alsacien modernise les installations devenues obsolètes. Le pavillon des sources de Schertzer est détruit, remplacé par un pavillon circulaire, et les fameuses galeries avec les colonnades en ciment armé sont décorées de céramiques bleues dans le style méditerranéen.

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Le Bain Napoléon à Plombières

Plombières-les-Bains, le casino

En 1811, Nicolas Grillot construit le Bain national dans l’ancien couvent des capucins vendu pendant la Révolution. Le style est marqué par le retour à l’antique d’inspiration gréco-romaine. Il comprend à la Belle Epoque quatre piscines flanquées de cabinets comprenant baignoires et douches. Nicolas Grillot (1769-1924) est le chef de file d’une dynastie d’architectes nancéiens, sous la houlette de Guy de Gisors, fondateur de l’architecture thermale nationale. En 1935, on demande à Robert Danis de rénover l’architecture intérieure du bâtiment dans le style Art Déco. La buvette est entourée d’un muret en mosaïque et dotée d’une splendide colonne lumineuse qui distribue l’eau thermale.

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Plombières-les-Bains, La Buvette thermale (Architecte Danis)

En 1856, pour faire face à l’augmentation des baigneurs, on construit le Bain Napoléon, véritable cathédrale de la santé. Son architecture néo-classique, monumentale fait l’admiration de tous les curistes étrangers. La façade en pierre de taille est ornée à son fronton de l’aigle royal, et offre un aspect imposant et harmonieux. Au rez-de-chaussée, le hall d’entrée est décoré de riches sculptures. La nef est une salle des pas perdus de 55 mètres de long, 15 mètres de large et 11 mètres de haut. Elle dessert à la fois les galeries de bains et les galeries couvertes qui donnent accès de chaque côté du bâtiment au Grand Hôtel.

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Le Nouveau casino

Le Casino est inauguré en juin 1879. Dessiné par François Clasquin, c’est un vaste bâtiment de 96 mètres de longueur. On pénètre dans l’établissement par un double escalier qui donne accès à un vestibule très vaste, éclairé par une coupole vitrée au milieu de la construction. L’édifice comprend une salle de théâtre, une salle de billard, un salon de lecture, une salle de jeu, et un salon réservé pour les dames. La façade de l’établissement est occupée par une terrasse couverte, lieu de promenade et de consommation.

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Retour à Bains-les-Bains

Bains-les-Bains, Intérieur des Grands Bains

Le bâtiment du Bain romain, au cœur de la cité, est reconstruit en 1845 par Louis Gahon. Il supplante le vieux bain et comporte trois bassins ovales en enfilade, entourés d’un péristyle à colonnade surmonté d’un balcon. L’architecture intérieure reste dans le style de l’Antiquité afin de rappeler le passé ancien de la ville. La buvette de la source Saint-Colomban est à l’entrée.

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Bains-les-Bains, Intérieur du bain romain

Le Bain de la promenade est situé à quelques mètres du Bain romain. L’édifice comprenant trois étages, construit au milieu du XVIIIe siècle, est rénové en 1930 dans le pur style Art Déco. Le bâtiment est situé face au Parc thermal et attenant à l’Hôtel des bains datant du XIXe siècle

Plus que Vittel, Contrexéville ou Plombières, Bains-lès-Bains est aujourd’hui la principale destination des curistes.