Histoire

Les origines de l'imprimerie à Épinal

Bien qu’Épinal s’affirme au XVIe siècle comme un centre urbain et économique prospère grâce aux activités papetières, le développement du commerce et de la fabrication du livre y est très tardif. Les besoins en ouvrages sont pourvus principalement par les libraires et imprimeurs nancéiens. Ce n'est qu'à la fin du XVIe siècle que s’installe le premier libraire spinalien connu, Demange Didelot. Il doit se fournir en livre à Anvers et Strasbourg puisque le premier imprimeur spinalien, Pierre Houion, ne s’installe qu’en 1616. L’activité de ce dernier est reprise à sa mort en 1638 par Ambroise Ambroise, second imprimeur spinalien connu.

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Bien qu’Épinal s’affirme au XVIe siècle comme un centre urbain et économique prospère grâce aux activités papetières, le développement du commerce et de la fabrication du livre y est très tardif. Les besoins en ouvrages sont pourvus principalement par les libraires et imprimeurs nancéiens. Ce n'est qu'à la fin du XVIe siècle que s’installe le premier libraire spinalien connu, Demange Didelot. Il doit se fournir en livre à Anvers et Strasbourg puisque le premier imprimeur spinalien, Pierre Houion, ne s’installe qu’en 1616. L’activité de ce dernier est reprise à sa mort en 1638 par Ambroise Ambroise, second imprimeur spinalien connu.

Pierre Houion

Premier imprimeur installé à Épinal

Pierre Houion (ou Hovion) est né à Troyes. Il y exerce, rue Notre-Dame, comme imprimeur en 1612 et 1613 où il publie quelques canards destinés au colportage. Il se marie à Anne Briden, issue d'une famille de typographes troyens. Fuyant concurrence et créanciers, il s'installe à Épinal. De 1616 à 1628, il réimprime des oeuvres déjà publiées en Lorraine et de toute son activité spinalienne, seulement sept impressions sont connues :
• un ouvrage imprimé en langue italienne de Lorenzo de Peraglia Preconio gloriosissimo della vita solitaria del Vescovo san Basilio (1616),
• un livre de piété de 152 pages, Discours de l'amour de Dieu envers les hommes, de la punition de leur ingratitude, de la récompense des bons et des moyens pour l'obtenir (1616),
• le Discours des choses advenues en Lorraine depuis le décez du duc Nicolas jusques à celui du duc René, de Nicolas Remy en 1617, déjà imprimé à Pont-à-Mousson en 1605 par Melchior Bernard,
• Les Roys et Ducs d'Austrasie depuis Theodoric premier, fils aisné de Clovis jusques à Henry de Lorraine II , de Nicolas Clément (1617),
• le Discours de la comète qui apparut au mois de novembre et décembre de la présente année (1619), du Père Levrechon d’après l’édition du mussipontain Melchior Bernard, 
• Les Sept trompettes spirituelles, pour réveiller les pêcheurs, et les induire à faire pénitence,... de Bartholomeo da Saluzzo en 1620,

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Les Sept trompettes spirituelles, pour réveiller les pécheurs, et les induire à faire pénitence. Mises en lumière par le R. P. Barthélemy Solutive recollect. Et traduittes d'italien en françois par le R.P. Fr. Charles Jouye,...

• et Les Loix municipales et coustumes générales du Bailliage de Chaulmont en Bassigny (1623), témoignant de l’existence d’une clientèle cultivée dépassant les limites de la cité spinalienne. 

Ce sont les libraires qui assurent la diffusion des livres, notamment le spinalien Enoch Huraux. Mais les relations de ce dernier avec Pierre Houion revêtent parfois un caractère conflictuel. En 1620, il est attaqué en justice par Huraux à propos d'impressions jugées défectueuses des Sept trompettes spirituelles, puis en 1625 pour injures. Houillon meurt en 1629 avant la liquidation de son dernier procès. Sa veuve se remarie selon les usages avec un compagnon de l’atelier, Ambroise Ambroise, permettant l’exploitation ininterrompue de l’atelier.

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Ambroise Ambroise

Successeur de Pierre Houion

Ambroise Ambroise (15..-164?) est le fils de Jean Ambroise habitant à Domvallier (Vosges). Il épouse, le 15 septembre 1614, Jeannon, fille de Jean Maljean, un bourgeois de Mirecourt. Ils ont un fils, Jean, né le 16 novembre 1615, qui est à l'origine de la dynastie des imprimeurs Ambroise de Laval. Ambroise Ambroise crée un atelier à Mirecourt, où il imprime en 1616 pour l'abbaye de Poussay un ouvrage in folio intitulé Officium Beatae Mennae virginis. Il est également graveur sur bois et exécute pour Pierre Houion à Épinal les illustrations des Rois et ducs d'Austrasie (1617). En 1623, il a l’intention de créer sur le ruisseau d'Harol un moulin à papier mais le projet n'aboutit pas. Devenu veuf, il part travailler à Épinal, sans doute chez Pierre Houion.

À la mort de Pierre Houion, il épouse en seconde noce la veuve de ce dernier, Anne Briden, le 16 décembre 1629, et reprend son atelier. Outre les imprimés officiels, il en sort des livres assez volumineux : le premier étant un Conseil préservatif et curatif contre la peste plus contre les piqueures venimeuses et les poisons de Rodolphe Le Maistre en 1631 puis Coutumes générales du duché de Lorraine plusieurs fois rééditées entre 1631 et 1633 dont le frontispice est gravé par Jacques Callot (1631), la réédition des Recherches des sainctes antiquitez de la Vosge de Jean Ruyr en 1633 et 1634, et le Commentaire sur les coustumes de Lorraine de Pierre Canon en 1634.

Sa deuxième épouse décède en 1638, il se remarie alors avec Mengeolle Louis, sans doute parente du libraire spinalien Claude Louis. Comme le matériel de l’imprimerie apparttient aux enfants de Pierre Houion, dont le curateur est le libraire Nicolas Thouvenot, il est obligé de quitter la ville, privé de son outil de travail. Il s’installe à Metz et travaille pour l'un des deux ateliers existants. En 1642, sa troisième épouse fait seule le voyage de Metz à Épinal pour soutenir sa cause devant le bailliage d'Épinal.

 

Conclusion

Dès la fin des années 1620, la prospérité de la ville d’Épinal est mise à mal par les épidémies de peste (1628-1636) et par les occupations successives de l’Armée française (entre 1633 et 1670). En 1664, la Ville ne compte plus que 1 300 habitants contre 4 000 vers 1600. Ce contexte n’est pas favorable au commerce et à l’impression de livres. Depuis le départ  d’Ambroise Ambroise pour Metz en 1638, aucun imprimeur ne semble avoir exercé à Épinal. L’activité reprend en 1658, année durant laquelle Claude Cardinet s’installe dans l’atelier abandonné. Il est certainement encouragé par les besoins nécessaires en temps de guerre : imagerie et littérature pieuses pour les populations traumatisées mais aussi cartes à jouer pour occuper les soldats. La création du Collège des Jésuites en 1660 crée également de nouveaux débouchés pour l’imprimerie spinalienne. L’atelier de Cardinet est géré par Sébastien d’Espice de 1674 à 1679 puis par François Maret à partir de 1679. Il vend l’affaire en 1694 à Jean-Louis Bouchard qui à son tour le cède à Étienne Legros en 1699. Ce premier atelier créé en 1617 par Pierre Houion garde un monopole tout le long du XVIIe siècle, car aucun autre imprimeur ne s’installe.