-
- Les images religieuses
- Pour se protéger
-
- Une substitution à la culture savante
- Pour diffuser l'art
-
- Les images politique et d'actualité
- Pour s'informer
-
- Les images de contes et autres récits
- Pour se divertir
-
- Des images à découper
- Pour jouer et s'amuser
-
- Des images pédagogiques
- Pour s'instruire et éduquer
-
- Des images publicitaires
- Pour faire la promotion
Histoire
Les rôles et usages de l’imagerie populaire
-
- Les images religieuses
- Pour se protéger
-
- Une substitution à la culture savante
- Pour diffuser l'art
-
- Les images politique et d'actualité
- Pour s'informer
-
- Les images de contes et autres récits
- Pour se divertir
-
- Des images à découper
- Pour jouer et s'amuser
-
- Des images pédagogiques
- Pour s'instruire et éduquer
-
- Des images publicitaires
- Pour faire la promotion
Les images populaires, de simples images naïves ? Leurs rôles et leurs usages dans notre quotidien ont été considérables par le passé.
Les images populaires, de simples images naïves ? Leurs rôles et leurs usages dans notre quotidien ont été considérables par le passé.
Pour se protéger
L’imagerie populaire est avant tout une imagerie religieuse. C’est le premier thème qui est apparu et qui a continué à perdurer au fil des siècles. À son début, cette imagerie tient son inspiration de l’iconographie médiévale. Elles traitent des mêmes sujets que les livres d’heures, les vitraux, les chapiteaux…de l’époque. On y aborde des scènes de l’Ancien ou du Nouveau Testament, selon des modèles qui traverseront parfois les décennies. La figure du Christ, de la Vierge ou encore des Saints sont le plus souvent mis en avant. Il faut dire qu’outre leur aspect de diffusion du dogme chrétien, ces images avaient pour mission de préserver leur propriétaire des maladies, du mauvais sort et d’exaucer les prières. Ces images étaient collées ou clouées dans les armoires, les coffres, dans les étables…. Certaines sont entourées d’un texte formant une prière ou un cantique. L’étude de ces images montre que le mode de représentation de ces figures religieuses ne changeait guère. Les attitudes restent en effet le plus souvent les mêmes et sont parfois copiées des tableaux de grands maîtres. Chaque saint était muni d’attributs qui lui sont propres et cela afin de faciliter leur reconnaissance auprès d’un public peu lettré.
Pour diffuser l'art
L’imagerie populaire a remplacé dans les intérieurs modestes, une iconographie bourgeoise, que les plus pauvres ne peuvent s’offrir. On reproche souvent aux images populaires leur naïveté. Pourtant, leur inspiration est fréquemment issue de la culture savante. On constate en effet, que les imagiers reprennent à leur compte, bon nombre de chefs-d’œuvre d’artistes reconnus. Pour être plus exact, c’est avant tout de l’estampe que les imagiers s’inspirent. Il faut souligner en effet, qu’à partir du XVe siècle, la gravure est devenue un moyen de reproduire et de diffuser les tableaux dans toute l’Europe. Les peintres eux-mêmes tel que Rubens, se livrent à la reproduction de leurs œuvres par ce procédé. Il n’en reste pas moins que ces gravures coûtent cher, même si elles ont un rôle de vulgarisation. L’imagerie populaire constitue donc un moyen abordable d’accéder à ces œuvres même si ce n’est pas son rôle premier. Il faut souligner que la reproduction de ces images savantes, ne se veut pas forcément fidèle à l’originale, c’est avant tout le sujet qui intéresse. En effet, on constate parfois que les imagiers adaptent, transforment, modifient les compositions selon leur propre sensibilité et compétences aussi, car si ce sont des artisans, ce ne sont pas toujours des artistes…
Pour s'informer
Avant que la presse ne se développe, l’imagerie d’actualité constitue l’un des rares moyens de se tenir informé. Les imagiers ont alors produit des images retraçant des faits divers, les dernières grandes batailles ou encore les événements marquant de la vie publique ou politique. C’était l’occasion idéale aussi pour se livrer à de grandes envolées admiratives ou moralisatrices en fonction du sujet car chaque événement est source de leçon à tirer pour le peuple.
On comprit très vite alors le pouvoir que pouvait avoir ces images en termes de perception des faits. L’imagerie n’a donc pas été exempte de toute propagande. L’exemple le plus marquant est sans doute celui de la légende napoléonienne, où l’image a su entretenir le culte de Napoléon. Toutes les grandes batailles y sont retracées. Les faits sont le plus souvent glorifiés ou minimisés dans le cas contraire. Certaines attitudes ou gestes n’ont rien à envier parfois à celles du Christ-Messie. Napoléon accorde une grande importance à cette communication et n’hésite pas à réduire le nombre d’imprimeurs autorisés pour mieux les contrôler : « Il m’importe beaucoup que ceux-là seuls puissent imprimer qui ont la confiance du gouvernement ». L’imagier qui a su le plus tirer partie de cette époque napoléonienne est sans nul doute Pellerin à Epinal. Il est certain que la centaine d’images produites contribuèrent à faire sa renommée dans tout le pays. Plus proche de nous, on peut citer également l’exemple du Maréchal Pétain, dont un recueil de douze images à sa gloire et celle du peuple français, fut imprimé à Limoges.
Pour se divertir
Pendant longtemps et cela essentiellement depuis le XVIIIe siècle, l’imagerie contribua à diffuser les contes, légendes et fables issus du folklore populaire. Le succès et l’intérêt de ces images, n’en est que plus grandissant avec le développement de l’imagerie enfantine. C’est ainsi que les contes de Perrault inspirèrent de nombreux imagiers français.
L’impression de ces images représente une manne financière importante pour ces artisans notamment en forte période de censure car elles y sont peu soumises. Classiques et indémodables, elles plaisent à tous, petits ou grands. Mais la concurrence dans ce domaine est rude, c’est pourquoi il faut faire preuve d’inventivité et s’autoriser quelques libertés. À côté des retranscriptions plus ou moins fidèles, on retrouve donc des images émanant directement de l’imagination des imagiers : ce sont des suites des contes classiques (ex : le mariage du Petit Poucet, imagerie de Metz) ou offrant un point de vue différent du récit traditionnel (ex : la sœur du Petit Poucet, imagerie Vagné). On retrouve aussi parfois une adaptation de ces contes dans un univers plus exotique comme Le Petit Chaperon indien chez Marcel Vagné, à Pont-à-Mousson. Les fables de la Fontaine et de Florian, très prisées des salons mondains, ne sont pas non plus en reste, et trouvent écho dans l’imagerie populaire. De nombreux récits issus de la littérature de colportage sont également adaptés sous forme d’images populaires. Il s’agit de grandes légendes comme celle de Pyrame et Thisbée ou encore Geneviève de Brabant. Mais aussi de grands romans comme Paul et Virginie, Robinson Crusoé, etc.
À côté de ces textes classiques, les imagiers n’hésitent pas à inventer d’autres récits ou petites histoires, qui prennent la forme de nos bandes dessinées modernes. Ce type d’images souvent drôle et moralisateur, jalonne une grande partie de la production imagière française. C’est d’ailleurs sans doute à ces images que l’on pense en premier lorsqu’on évoque l’imagerie populaire. Au même titre que les contes, les fables ou les légendes, elles sont produites en très grand nombre et se destinent aux adultes comme aux enfants. Les récits mettent en scène des personnages très éclectiques : enfants, militaires, religieux… Elles ont pour cadre la vie quotidienne ou bien encore les pays lointains et sont influencées par le progrès technique et l'actualité. En cela, elles sont le parfait reflet des idées et des préoccupations de l'époque.
Pour jouer et s'amuser
Les différentes imageries ont produite de nombreuses formes d’images destinées à la distraction et l’amusement. Dans ce domaine, les imagiers n’ont cessé de faire preuve d’imagination pour toucher un public toujours plus large d’enfants: des images à construire et découper
- Les Théâtres et jeux de construction
Le concept d’images à découper existe depuis le XVIIIe siècle, on imprimait alors différents plans qu’il s’agissait de juxtaposer pour obtenir une image en relief. C’est le début des petits théâtres de papier reproduisant différents décors et personnages. Ces petits théâtres de papier à leur création n’étaient pas destinés au jeu comme on pourrait le penser. Les enfants n’étaient donc pas les premiers destinataires de ces images à découper. Avant tout, ces théâtres se rapprochent davantage du jeu d’optique : on souhaitait mettre en scène et en relief ce que l’œil voyait. Ces petites scènes étaient donc plus destinées à être contemplées qu’à servir de jeu. Néanmoins peu à peu, les formats se sont agrandis rendant plus facile leur manipulation. Les enfants ont ainsi pu s’approprier ce jeu de construction et de représentation pour créer à leur manière de petites histoires.
Dans cette même idée, sont apparues les planches de construction. C’est Wentzel à Wissembourg en 1861 qui lance en premier ce type d’image. Il s’agissait de proposer aux enfants la reconstitution de petits bâtiments en trois dimensions par un système d’assemblage de languettes à coller. Wentzel proposa cette série sous le nom « Le petit architecte » que reprit à son compte Pellerin en 1862, puis d’autres concurrents comme Elie Haguenthal à Pont-à-Mousson. On retrouve dans ces images la même diversité que pour les petits théâtres de papier alliant les architectures les plus classiques telles que les châteaux, aux sujets plus originaux comme la locomotive, ou les maisons de pays lointains… C’est un type d’images qui rencontre un grand succès car elle associe à la fois le côté pédagogique (connaissance du monde moderne) et ludique du jeu. Elle demande une attention minutieuse qui n’est pas sans déplaire aux parents pour occuper utilement leurs enfants.
- Les pantins et poupées à habiller
Les pantins sont apparus à Paris au début du XVIIIe siècle. Ils sont fabriqués tout d’abord par les imagiers de la rue Saint-Jacques avant que d’autres imagiers de province ne se les approprient. Ces marionnettes contribuent elles aussi à diffuser le folklore populaire lorsqu’elles prennent l’apparence de Polichinelle, Arlequin, Pierrot, Colombine… On peut rattacher à ses pantins, une autre catégorie d’images : les poupées à habiller, apparues dès le Second Empire. Sur ces planches, on retrouve de nombreux costumes d’hommes ou de femmes qui donnent un attrait documentaire à ces images.
- Les soldats à découper
Conjointement on observe dans la production imagière, des planches faites de rangées de petits soldats. On les représente de profil, en position de combat, à cheval…parfois certaines planches sont beaucoup plus répétitives, on y retrouve alors un soldat représenté de manière identique sur plusieurs lignes. Nombreuses sont ces planches dans la production imagière, elles évoquent souvent avec beaucoup de détails et de minutie les costumes des différentes armées. Ainsi on peut y voir à la fois les armées françaises et étrangères. Ces images d'une valeur documentaire contribuèrent à rendre les uniformes célèbres. Même si ce n’est pas leur rôle premier, elles sont souvent collectionnées par les enfants qui se les échangent. Collées sur un support rigide, elles constituent une parfaite armée de soldats pour jouer.
- Les jeux de plateaux et loteries
En parallèle de ces images à découper, on dénombre aussi bon nombre de jeux de plateau, dont le traditionnel jeu de l’oie. Largement diffusés, les motifs des plateaux connaissent à l’époque de multiples variantes qui mettaient en scène différents domaines : militaire, littéraire, historique…
Les loteries étaient l’une des spécialités de l’imagerie d’Epinal, on en dénombre peu dans les autres centres imagiers. Les petites images présentes sur la planche étaient découpées. On les piochait et le nombre de points inscrits en dessous déterminait si l’on gagnait ou perdait autant de billes, de haricots ou de sous… Comme pour les jeux de l’oie, les loteries abordaient des sujets très variées et se voulaient même parfois pédagogiques !
- Les chansons
Les chansons font leur apparition dans l’imagerie populaire au début du XIXe siècle. Elles participent au même titre que les contes ou d’autres images à la diffusion du folklore populaire. On en trouve de plusieurs types: le cantique, la complainte ou encore des mélanges de plusieurs airs populaires sur une même planche. Les chansons enfantines ou les rondes connaissent un grand succès. Les chants patriotiques qui exaltent le pays sont également émis sous cette forme.
- Les devinettes et rébus
Sans être une exclusivité, l’imagerie d’Epinal a fait des devinettes et des rébus l’une de ses spécialités. Longtemps en vogue, nos grands-parents se souviennent encore aujourd’hui des heures passées à chercher à résoudre ces petits jeux que l’on retrouvait chez les marchands pour emballer les marchandises.
Pour s'instruire et éduquer
Que ce soit à travers les jeux, les historiettes, l’imagerie religieuse ou d’actualité, l’imagerie populaire est avant tout le moyen d’instruire et d’éduquer toute une population. La morale bourgeoise y est véhiculée. Initiatrice des valeurs jugées fondamentales : ordre, travail, patriotisme, famille…l’imagerie est avant tout produite dans un but didactique pour façonner le parfait citoyen. Cette impression est d’autant plus renforcée depuis que l’imagerie cherche à toucher les enfants. On ne se cache pas pour condamner la naïveté, la curiosité, l’étourderie, les caprices…qui sont les gages d’une bonne éducation. Quelle soit implicite ou explicite la morale ou bonne conduite fait souvent partie intégrante de ces images. L’image populaire devient aussi le support pour diffuser la connaissance et instruire les enfants comme les adultes. Ainsi on voit apparaître ce que l’on appelle les tableaux pédagogiques. Ce sont des planches thématiques et ordonnées, qui sont utilisées dans les classes pour apprendre aux enfants à reconnaître les différents animaux, végétaux et objets du quotidien. Ils visent à faire prendre conscience à l’enfant du monde qui l’entoure. L’imagerie produit d’également de nombreux alphabets portant sur des sujets très différents toujours dans le but d’apprendre. Pour les adultes, on note la production d’images relevant d’avantage de l’encyclopédie comme la série de plusieurs planches sur l’Histoire de France produite par Marcel Vagné à Pont-à-Mousson ou encore la série des leçons de choses de Gluck à Epinal.
Pour faire la promotion
A la fin du XIXe siècle, l’imagerie populaire peine à exister. Les journaux, les livres ont peu à peu séduit le public et pris le pas sur le rôle que remplissait l’imagerie. Cette dernière se tourne alors vers la publicité. Les imagiers cherchent à mettre toutes leurs compétences et leur talent au service de la promotion de biens de consommation. Parallèlement, il est bon de rappeler que même si elle ne visait pas dans un premier temps cette fonction publicitaire, elles en ont été pendant longtemps le support. En effet, il n’était pas rare de retrouver au dos de ces images, des publicités pour vanter tels ou tels produits ou magasins.
Bien d’autres exemples ou usages de ces images pourraient être présentés ici tant les thématiques abordées sont riches et variées. Mais on peut néanmoins considérer celles-ci comme les principales. Elles sont dans l’ensemble communes à toutes les imageries françaises.