Les moulins de Lorraine

Cartes

Les moulins de Lorraine

Il fut un temps où les moulins foisonnaient en terre lorraine. L'eau étant plus régulière que le vent, la grande majorité étaient des moulins à eau.

 

 

Plombières-les-Bains, Le Moulin des Ecrevisses

Plombières-les-Bains est établie sur les rives de l'Audronne. Celle-ci traverse une vallée dans laquelle le ruisseau des écrevisses se jette. Autrefois les écrevisses étaient nombreuses dans toute la région.

À l'époque féodale, Plombières compte deux moulins banaux. En 1655, les habitants rachetent le droit de banalité pour vingt-quatre francs versés tous les ans. 

Liverdun : le moulin et le château

Le moulin de Liverdun se situe sur l'ancien site des vannes en contrebas du château et était alimenté par un bras de la Moselle. Grâce à lui s'installera une glutennerie. En 1910, le moulin devient une petite centrale électrique. La glutennerie perd sa ressource en céréales et disparaît. Eugène Lerebourg y installe plus tard une confiturerie.

Les moulins ont des destinations très diverses : ils peuvent être à huile, à colorants, à foulon, à tan, à papier, à broyer, à moudre, à martinet, à aiguiser, à scier. Ils peuvent aussi facilement changer d'activités comme à Boulay : aiguiserie en 1615, huilerie en 1620, puis moulin à tan. 

 

Grands Moulins à Nancy

Les moulins sont présents à Nancy depuis au moins le XIXe siècle. L'ensemble dit "Les Grands Moulins de Nancy" appartiennent aujourd'hui aux Grands Moulins de Paris. Ils furent érigés en 1912 par une famille d'industriels minotiers et se nommaient alors les Moulins Vilgrain. Incendiés en 1944, ils furent reconstruits par les architectes Jacques et Michel André.

Jusqu'en 1885, la production lorraine était insuffisante et nécessitait une importation des autres régions. C'est à ce moment qu'apparaissent les grands moulins qui travaillent sur de grandes quantités. Le modernisme développe le machinisme et avec lui une plus grande sécurité. La farine est également de meilleure qualité. 

Une scierie (prise du lac de Retournemer)

Le scierie de Retournemer fut construite en 1765. D'autres scieries s'élevèrent dans les alentours, Les scieries pouvaient être louées à des particuliers. Celle de Xonrupt l'était en 1771 pour un cens de 11 livres 12 sous et 6 deniers.

 

 

Port-sur-Seille - Le Moulin

Mais pourquoi les seigneurs avaient-ils tant de moulins ? La raison en est très simple : un moulin banal est très rentable.

Deux banalités existent : la banalité conventionnelle qui permet aux sujets de venir par eux-mêmes et la banalité légale qui oblige les sujets à s'y rendre. Cet impôt assure un revenu régulier au seigneur qui le perçoit.

Vue de la Tuerie Saint Georges et du moulin des Quatre-Tournants, prise du pont Saint Georges

Pour faire fonctionner le moulin, il est nécessaire d'augmenter la force du cours d'eau sur lequel il est établi. L'aménagement d'un canal et plusieurs vannes commandent le débit. Le gonflement des eaux à cet endroit se nomme un remous. La chute se situe précisément entre l'amont et l'aval, et sa puissance dépend de la hauteur du déversoir. 

Le moulin des Quatre Tournants a été érigé en 1547 et se situait non loin du pont de la préfecture. 

Les tournants sont des roues à palettes creuses qui tournent grâce à la force hydraulique.

Épinal, La Moselle aux Grands-Moulins

Cette carte postale représente la Moselle aux Grands-Moulins, ainsi que la Maison Romaine, la passerelle de Bir Hakeim et le quai de Dogneville.

Épinal connaît une grande réussite économique vers 1600 grâce à la production du papier et à son commerce. Six moulins ainsi qu'une cinquantaine d'autres dans la région permettent de fabriquer le papier à partir de chiffons.

 

Autigny-la-Tour (Vosges), Le Moulin du Bas

Autigny possède deux moulins : le moulin du Haut ou Moulin Saint du Moulin datant du début du XIXe siècle et le moulin du Bas érigé en 1565. Ce dernier dispose d'un très beau mécanisme qui lui servait à moudre le blé.

Pour avoir un moulin, il faut une terre, de l'eau, une pente, une chute d'eau... et de l'argent. Ce qui est le cas des nobles et des abbayes. 
Les communautés religieuses construisent et exploitent leurs moulins, participant ainsi à leur expansion sur le territoire.
Les seigneurs installent la plupart du temps un moulin dans chaque village et en possèdent parfois plusieurs. Il peut arriver que le même moulin appartienne au seigneur et à l'abbaye ce qui engendre régulièrement des conflits. Avec la Révolution française et la fin des privilèges, les meuniers peuvent en devenir propriétaire.

En 1835, la Moselle compte 615 moulins et seulement 8 en 1986. En France, leur nombre atteint les 69 000 en 1890, et 1 430 en 1986.
La Seconde Guerre mondiale achève la destruction de nombreux édifices. Des propriétaires vont aussi s'en débarrasser et renoncer à leur droit d'eau car leur entretien constitue une charge trop lourde. 

Raon-aux-Bois (Vosges), Moulin et pont du Fouxel

Cette petite commune a connu une belle activité grâce à sa filature bâtie en 1887, à sa féculerie créée en 1921 et à la présence d'une importante scierie avec un haut-fer. Les habitants pouvaient apporter leurs grains à moudre dans un des quatre moulins.

La fin du XIXe siècle voit le déclin des moulins à farine. Les départs en ville, le dépeuplement des campagnes, la reprise des propriétés par les jeunes mais sans l'activité des moulins y sont pour beaucoup... Avec la naissance des grands moulins, les petits meuniers ont très peu de parts de marché. Ils n'ont plus qu' un petit débouché local.