Histoire

Comment toucher du bois en Lorraine ?

La forêt est une ressource qui a donné, et qui donne encore, du travail à beaucoup de Lorrains. Voici quelques lignes sur les métiers oubliés, et menus ouvrages d'autrefois en lien avec le travail du bois en Lorraine. 

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La forêt est une ressource qui a donné, et qui donne encore, du travail à beaucoup de Lorrains. Voici quelques lignes sur les métiers oubliés, et menus ouvrages d'autrefois en lien avec le travail du bois en Lorraine. 

Les schlitteurs

Du schlitteur au trépas, il suffit d’un faux pas !

L’apparition de la schlitte ne peut être datée par les spécialistes. Si d’aucuns pensent que ce mode de transport est apparu dans les Vosges pendant le haut Moyen Âge, aucune certitude ni consensus ne se dégage. Dans les Vosges, le terrain se prête particulièrement bien à la méthode du schlittage, la pente ayant une inclinaison idéale pour le glissement de la schlitte sur sa voie. Si dans d’autres régions comme les Hautes-Alpes, des méthodes similaires ont été observées, il n'y a que dans les Vosges que cette technique s’appelle le schlittage.

Le plan des voies de schlittage s’organisait en “arêtes de poisson” autour d’une voie principale rejointe par d’autres voies secondaires. Ces chemins de bois, fréquemment utilisés aux XVIIIe et XIXe siècles pour subvenir aux demandes de bois d’œuvre et de bois de feu furent remplacés au XXe siècle par des portions de voies ferrées ou par des chemins forestiers favorisant l’utilisation de la motorisation. La pratique du schlittage resta néanmoins fréquente pour la récolte du bois d’affouage, le bois servant au chauffage du foyer. Sur ces “échelles de tourmente” glissaient par tous les temps les schlitteurs. 

Oh schlitte !

La schlitte était légère (pas plus de 25 kg) car elle était remontée en haut de la pente par le schlitteur.  Elle était également souple et résistante pour pouvoir passer dans les endroits les plus cahoteux. Le chargement des schlittes variait entre 2 et 3 stères de bois. Une stère de bois de hêtre pèse 400 kg au printemps et 600 kg à l’automne. Le schlitteur pendant sa descente prend appui sur des traverses disposées régulièrement le long de la voie de bois. Il est équipé de chaussures spécifiquement dédiées à cette tâche. Non sans risque, cette pratique fatiguait lors de la montée, et risquait de tuer lors de la descente. 

De nos jours, des manifestations sont organisées pour les curieux afin de reconstituer cette tradition.

Le débardage pouvait se faire également avec des bœufs ou des chevaux.

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Les bûcherons

Il est temps de bûcher !

Lorsque l’on naissait fils de bûcheron ou de schlitteur, la tradition voulait que l’on exerce ce même métier. Régulièrement ces deux fonctions étaient exercées par les mêmes hommes. Ces derniers ont été pendant longtemps des ouvriers polyvalents combinant leur activité de bûcheron à une autre activité telle que paysan, ouvrier de la toile ou de la pierre ou, plus récemment, moniteur de ski ou de randonnée. Cette polyvalence permettant d’avoir un complément financier, surtout pendant la rude période hivernale. Ce métier difficile et fatigant, s’opérait souvent en équipe. L’arrivée de la tronçonneuse a permis cependant d’alléger cette tâche d’abattage. 

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Les sagards

Les scieurs d'autrefois

Dans le massif vosgien, dès le Moyen Âge, l’eau des rivières et des ruisseaux sert à faire fonctionner de petites scieries. Ainsi émerge la figure du sagard dans la région. Il est ce que l’on pourrait appeler un “scieur d’autrefois”. De l’allemand Säger, il gérait pour le compte d’une scierie domaniale, communale ou privée une exploitation. Les scieries étaient autrefois nommées haut-fer, du nom de la grande lame de scie verticale utilisée pour l’exploitation du bois. À l'origine, ce métier était également souvent exercé de père en fils. Le sagard se présente comme un personnage isolé, vivant dans un fond de vallée, loin du village, faisant des journées de 15 à 16 heures pour compenser les arrêts dûs au froid en hiver et à la sécheresse en été. Lorsque le bois arrive sur le chantier à grumes, le sagard enlève l’écorce et l’arase, avant de le déplacer vers le chantier de sciage pour être débité. Il habite sur place avec sa famille. La femme et les enfants participent à l’ouvrage en entassant les écorces et les éclats de bois dans un bâtiment annexe à la scierie. En été, les ressources étaient trouvées au jardin. Ainsi, la vie du sagard se déroulait-elle presque en autarcie. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, on ne se succédait plus de père en fils dans les scieries, ces derniers préférant faire des études et se diriger généralement vers des métiers plus rémunérateurs et moins physiques.

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Les menus métiers du bois

Métiers d'appoint autour du bois

Ces métiers temporaires autour du bois étaient souvent des sources de revenus complémentaires. Dans la Meuse, à Vaubécourt, il était coutume de fabriquer des battoirs à lessive et des boîtes à sel alors que Dompierre-aux-Bois était plus connu pour ses sabots en hêtre. Si certaines activités liées au bois étaient pratiquées dans la région comme ailleurs, la saboterie ou la tonnellerie par exemple, d’autres activités étaient spécifiques. Dans les Vosges, en effet, on compte au nombre des activités singulières : la fabrication de râteaux, la fabrication d’"essis" ainsi que l’évidage des corps de fontaine et des tuyaux pour l’arrivée d’eau.