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- Metz, capitale de l'Austrasie (511-751)
- La brillante civilisation mérovingienne
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- Naissance de la Lotharingie (855)
- Les États indépendants des fils de Charlemagne
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- La translation des reliques de saint Goëry (984)
- Un Aquitain patron d’Épinal
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- Victoire de René II sur Charles le Téméraire (1477)
- La bataille de Nancy
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- Les Trois-Évêchés deviennent français (1552)
- Le siège de Metz
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- La Lorraine au cœur de la Guerre de Trente Ans (1648)
- Un territoire exsangue
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- La naissance de Jean-Charles Pellerin (1756)
- L'imagerie populaire, une industrie d'art régionale
Histoire
De l'Austrasie à la France
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- Metz, capitale de l'Austrasie (511-751)
- La brillante civilisation mérovingienne
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- Naissance de la Lotharingie (855)
- Les États indépendants des fils de Charlemagne
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- La translation des reliques de saint Goëry (984)
- Un Aquitain patron d’Épinal
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- Victoire de René II sur Charles le Téméraire (1477)
- La bataille de Nancy
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- Les Trois-Évêchés deviennent français (1552)
- Le siège de Metz
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- La Lorraine au cœur de la Guerre de Trente Ans (1648)
- Un territoire exsangue
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- La naissance de Jean-Charles Pellerin (1756)
- L'imagerie populaire, une industrie d'art régionale
Les territoires connus aujourd'hui comme lorrains ont commencé, à la chute de l'Empire romain, par être austrasiens. Sièges d'une brillante civilisation à la fois germanique et romaine, les villes du Sillon lorrain traversent le Moyen Âge et l'époque moderne entre Saint Empire Romain Germanique et royaume de France.
Ce parcours emmène le lecteur en six étapes d'Ausone à Jean-Charles Pellerin.
Les territoires connus aujourd'hui comme lorrains ont commencé, à la chute de l'Empire romain, par être austrasiens. Sièges d'une brillante civilisation à la fois germanique et romaine, les villes du Sillon lorrain traversent le Moyen Âge et l'époque moderne entre Saint Empire Romain Germanique et royaume de France.
Ce parcours emmène le lecteur en six étapes d'Ausone à Jean-Charles Pellerin.
La brillante civilisation mérovingienne
À la mort de Clovis, son fils Thierry Ier reçoit en partage le nord-est du royaume franc. Celui-ci prend alors le nom d’Austrasie et la capitale en est fixée à Metz, ville gallo-romaine à peu près centrale. C’est aussi dans la cité de Metz que Sigebert Ier épouse la fille du roi des Wisigoths Brunehaut en 566. Au début du VIIIe siècle, ils sont progressivement supplantés par leurs intendants ou « maires du palais » appartenant à la dynastie des Pippinides. Descendant à la fois de l’évêque de Metz et des maires du palais, Pépin Ier devient roi des Francs en 751 et fonde ainsi la dynastie carolingienne.
La cité de Metz compte à cette époque jusqu’à 30 000 habitants. Les rois mérovingiens règnent au palais de la Cour d’Or au sommet de la colline Sainte-Croix. La cour et la cathédrale sont de hauts lieux de culture dont les princes encouragent la littérature, la poésie, la musique et l’architecture. Les principales figures en sont le poète Venance Fortunat (v. 530-609) sous Sigebert, l’évêque Arnoul (582-640), mort en odeur de sainteté, et l’évêque Chrodegang (v. 712-766), introducteur de la cantilena metensis ou chant messin, l’ancêtre du chant grégorien chrétien.
Les États indépendants des fils de Charlemagne
C’est lors du traité de Prüm signé entre les trois fils du roi Lothaire Ier que naît la Lotharingie. Il s’agit de la partie nord du royaume de Lothaire, le petit-fils de Charlemagne. Les limites du territoire sont la Meuse, l’Escaut, le Rhin, la Mer du Nord et les Vosges. Mais peu de temps après, à la mort de Lothaire II en 870, le traité de Meersen partage son royaume entre ses frères Charles le Chauve (Toul et Verdun) et Louis le Germanique (Metz et Thionville) : c’est la fin de la Lotharingie indépendante.
Bien que cette partie de l’empire de Charlemagne soit historiquement la plus prestigieuse, puisqu’elle englobe les capitales impériales Metz et Aix-la-Chapelle, elle ne bénéficie pas de la même dynamique politique et culturelle que les royaumes occidental (le royaume franc) et oriental (l’Empire germanique). Évêques et comtes disputent aux rois carolingiens la suprématie sur les populations et des richesses telles que les salines, le verre et les pierres précieuses. Sur le plan artistique, la Renaissance carolingienne s’exprime dans toute sa splendeur avec des réalisations comme l’Évangéliaire de l’évêque Drogon et le Tonaire de Metz.
Un Aquitain patron d’Épinal
Selon la tradition, saint Goëry serait né en Aquitaine dans la seconde moitié du VIe siècle. Ayant perdu la vue, il implore saint Étienne et aurait été miraculeusement guéri. Il décide alors de se consacrer à Dieu et est nommé évêque de Metz en 629. À sa mort en 643, il est enterré hors des murs de Metz, au monastère de Saint-Symphorien. Trois siècles plus tard, en 984, l'évêque de Metz, Thierry de Hamelant, fait transporter les reliques de saint Goëry vers l'église d'Épinal, en présence de l'évêque Gérard de Toul. Lors de cette translation, les deux reliquaires confectionnés pour l’occasion qui n'arrivaient pas à s'emboîter s’ajustent miraculeusement au cours de la messe.
Considéré comme le saint protecteur de la ville d'Épinal, saint Goëry est fêté le 19 septembre et ses reliques sont encore aujourd'hui conservées à la basilique Saint-Maurice d'Épinal.
La bataille de Nancy
Au matin du 6 janvier 1477, Charles le Téméraire, puissant duc de Bourgogne, gît mort et inconnu dans les parages de l’étang Saint-Jean à Nancy. Au terme de deux ans de guerre, la victoire totale du roi de France Louis XI et de son allié René II, duc de Lorraine, sur leur adversaire, est acquise.
Le duché de Lorraine se dressait en effet entre les deux ensembles territoriaux rassemblés par les ducs de Bourgogne : leur duché ancestral, au sud, et le Luxembourg et les Pays-Bas, au nord. Il apparaissait comme un obstacle à l’ambition de Charles de se tailler un royaume entre France et Saint Empire germanique.
La bataille de Nancy du 5 janvier 1477 a l’allure d’un combat désespéré pour le duc Charles qui fait le siège de la ville depuis fin octobre 1476, après avoir subi deux défaites sévères dans le Jura. René II, cantonné à Saint-Nicolas-de-Port, décide d’attaquer à l’aube en plein hiver. Le combat se déroule dans les bois de Saurupt et près de la Commanderie Saint-Jean. Il est bref et sans quartier. Le corps du Téméraire n’est retrouvé que trois jours plus tard.
Pour commémorer cette victoire fondatrice de l’identité lorraine, René II fait réaliser par l’un de ses proches, l’érudit Pierre de Blarru, un poème épique de plus de 5 000 vers. Le manuscrit est édité en 1519 par Jean Basin de Sandaucourt et imprimé par Pierre Jacobi, pionnier de l’imprimerie, à Saint-Nicolas-de-Port.
Le siège de Metz
Emblématique des Trois-Évêchés avec Toul et Verdun, Metz est au milieu du XVIe siècle une ville dont le rayonnement intellectuel et économique est en train de passer. Dans le conflit entre la France de François Ier puis Henri II, et le Saint Empire romain germanique de Charles Quint, elle observe une neutralité fluctuante : elle n’est pas suffisamment armée pour avoir le luxe de choisir son protecteur.
C’est le Français qui l’emporte. Par la diplomatie d’abord, il obtient le droit d’annexer les Trois-Évêchés contre son soutien aux princes protestants allemands en lutte contre Charles Quint. Par la force ensuite, il fait entrer ses troupes à Metz en avril 1552. Son lieutenant le duc de Guise y organise un siège particulièrement rude, en plein hiver (octobre 1552-janvier 1553), alors que le froid et les maladies disputent à l’artillerie le nombre des victimes. Le célèbre chirurgien Ambroise Paré est présent sur les champs de bataille lorrains et notamment à Metz ; il voit la détermination et les blessures de part et d’autre. Malade lui-même, Charles Quint lève le camp début 1553 pour se réfugier dans sa forteresse de Thionville.
Sans l’avoir vraiment choisi, bien qu’un mouvement politique et intellectuel francophile s’y dessine alors depuis quelques années, Metz devient ainsi une première possession française en Lorraine.
Un territoire exsangue
La Guerre de Trente Ans a secoué l’Europe de 1618 à 1648 et s’est conclue, dans les traités de Westphalie, par la reconnaissance mutuelle par les États de leur souveraineté respective à l’intérieur de leurs frontières.
La Lorraine est touchée à partir de 1633. Après avoir signé plusieurs traités avec Louis XIII, Charles IV de Lorraine se voit imposer l’occupation française par la paix de Charmes. Une catastrophe économique et démographique, cumulée à des conditions climatiques déplorables, s’abat alors sur la région. Le désordre administratif accompagne les passages de troupes et leurs exactions, en rendant la vie difficile. Livrées à elles-mêmes, les populations sont la proie des épidémies, de la famine et de la guerre. Les plus grands malheurs frappent : les villages sont désertés, les champs abandonnés, les habitants et leur matériel réquisitionnés ou rançonnés, la peste et la mortalité font des ravages.
Artistes et écrivains ne manquent pas de rapporter l’horreur vécue. En Lorraine, elle est associée à l’oeuvre de Jacques Callot. Ce sont pourtant des scènes vécues aux Pays-Bas et en Italie qui ont inspiré son travail. Les Misères et malheurs de la guerre (1629-1633) racontent en 17 gravures le sort des soldats, de leur recrutement à leur récompense par un prince protecteur, en s’attardant sur le sort cruel réservé à ceux qui se sont livrés à leurs pires instincts.
Mais pour les Lorrains, 1648 ne signifie pas pour autant la fin des désastres : la Fronde et la guerre franco-espagnole amènent leur cortège de destructions et de misère jusqu’en 1659.
L'imagerie populaire, une industrie d'art régionale
Jean-Charles Pellerin (1756-1836) appartient à une famille de marchands cartiers d’Épinal. L’industrie cartière est alors florissante dans les Vosges et en Lorraine. Outre la xylographie, l’artisan maîtrise l’horlogerie, métier qu’il exerce conjointement avec la carterie jusqu’à la Révolution.
Les maîtres cartiers avaient pour habitude d’éditer des images coloriées au pochoir. A Épinal, c’était le cas de Vatot et Didier, dont l’activité cesse à l’orée de la Révolution, laissant le champ libre à Pellerin. Il crée une imprimerie en 1800 où il introduit le procédé stéréotypique pour publier des livrets de la bibliothèque bleue, des livres de dévotion et des canards (feuillets de faits divers sanglants). Un catalogue de 1814 fait état de 164 images disponibles dans sa librairie : religion, actualité, récits populaires, images satiriques et planches de soldats.
Le succès est certain : ses fils sont marchands d’images à Metz, il a des voyageurs qui fournissent jusqu’à Lyon, et les colporteurs assurent les ventes dans les campagnes. Après la mort de Pellerin, l’entreprise se tourne avantageusement vers la lithographie et inonde le marché d’images patriotiques et scolaires, jusqu’à la fin du XXe siècle.