Dans le cadre du quadricentenaire de la naissance d’Israël Silvestre (Nancy, 1621 – Paris, 1691), le Musée des Beaux-Arts s'associe à la Bibliothèque municipale de Nancy et au Palais des ducs de Lorraine-Musée lorrain pour consacrer une exposition-dossier à un des plus grands graveurs du XVIIe siècle. L’exposition présentée du 2 juillet 2021 au 3 octobre 2021 au Musée des Beaux-Arts montre une sélection d’estampes représentatives de la diversité de la production de l’artiste (vues de Lorraine, vues d’Italie et vues de France notamment). De Paris à Rome, de Nancy à Naples, des jardins de Saint-Cloud aux pentes de l'Etna, les vues de Silvestre nous convient à un voyage tant géographique que temporel.

Contenu du Invitation au voyage : choix de gravures d'Israël Silvestre (1621-1691)

Dans le cadre du quadricentenaire de la naissance d’Israël Silvestre (Nancy, 1621 – Paris, 1691), le Musée des Beaux-Arts s'associe à la Bibliothèque municipale de Nancy et au Palais des ducs de Lorraine-Musée lorrain pour consacrer une exposition-dossier à un des plus grands graveurs du XVIIe siècle. L’exposition présentée du 2 juillet 2021 au 3 octobre 2021 au Musée des Beaux-Arts montre une sélection d’estampes représentatives de la diversité de la production de l’artiste (vues de Lorraine, vues d’Italie et vues de France notamment). De Paris à Rome, de Nancy à Naples, des jardins de Saint-Cloud aux pentes de l'Etna, les vues de Silvestre nous convient à un voyage tant géographique que temporel.

Biographie d'Israël Silvestre

Biographie d'Israël Silvestre

Israël Silvestre est un dessinateur et graveur né à Nancy en 1621. Son père, Gilles Silvestre, devenu peintre à la suite de son mariage avec Élisabeth Henriet (elle-même fille du peintre du duc de Lorraine Claude Henriet), l’initie à cette pratique dès son plus jeune âge, ainsi qu’au dessin. À la mort de son père, Israël n’a que dix ans et part vivre chez son parrain Israël Henriet (1590 ? - 1661) à Paris. Ce dernier n’est autre que l’éditeur de l’œuvre de Jacques Callot (1592 - 1635). Il enseigne au jeune homme le dessin à la manière du maître lorrain, ainsi que la gravure à l’eau-forte.

Dans l’atelier de son oncle, Israël se lie d’amitié avec le graveur Stefano della Bella (1610-1664), avec qui il collabore à plusieurs reprises. Israël Henriet meurt en 1661, faisant de son neveu son unique héritier et exécuteur testamentaire. Israël reçoit alors le fonds d’éditeur de son oncle, notamment les précieuses plaques de cuivre de Jacques Callot et de Stefano della Bella.

Comme beaucoup d’artistes de son temps, Israël Silvestre séjourne en Italie : un premier séjour entre 1638 et 1641, suivi d’un second en 1643-1644 puis d’un troisième en 1653. Il exécute d’après nature de très nombreux dessins des sites et monuments de Rome, Naples, Florence ou Venise. C’est dans ce matériel qu’il puisera les motifs de ses vues gravées, publiées en recueil parfois plusieurs années après son retour.

Excellent dessinateur et graveur, Israël Silvestre acquiert rapidement une notoriété et devient un des plus célèbres graveurs de paysages et de vues topographiques de son temps. Dès 1663, il prend la charge de graveur ordinaire du roi et contribue à propager la gloire de Louis XIV en réalisant des œuvres diffusant les succès du règne. Il travaille également pour de grands projets : pour Fouquet au château de Vaux-le-Vicomte, pour Colbert qui le charge en 1665 de dessiner les places fortes de l’Est du royaume. En 1673, Louis XIV le nomme maître à dessiner du Dauphin, il est alors chargé d’apprendre au jeune prince la pratique du dessin et initie celui-ci à l’art de la gravure à l’eau-forte.

Israël Silvestre meurt le 11 octobre 1691 à l’âge de 70 ans, laissant derrière lui plus d’un millier d’œuvres.

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Portrait d'Israël Silvestre

Portrait d'Israël Silvestre

Gérard Edelinck (Anvers, 1640 – Paris, 1707)

d’après Charles Le Brun (Paris, 1619 – Paris, 1690)

Portrait d’Israël Silvestre

après 1670 ?

Eau-forte et burin, 3ème état

Bibliothèques de Nancy, P-FG-ES-07335

Charles Le Brun était très lié à la famille Silvestre. Il exécuta au pastel le portrait d’Israël Silvestre et de sa femme probablement vers 1670, après la réception de l’artiste à l’Académie royale de peinture et de sculpture. C’est ce portrait qui servit à Gérard Edelinck pour la réalisation de la gravure. L’artiste, dessinateur du roi, est présenté en buste de trois quart, la lumière éclairant son visage et son regard. Le cartouche, montrant une vue du Pont-Neuf à Paris, est surmonté des outils du dessinateur et du graveur.

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Vue de Nancy

Nanceium. Nanci

Nancy, vers 1660 ?

Deux feuilles réunies dessinées par Silvestre et gravées par Silvestre, Nicolas Cochin (Troyes 1610 – Paris 1686) et Adam Perelle (Paris 1640 - Paris 1695)
Eau-forte, 2ème état sur 2

Bibliothèques de Nancy, Inv. H-FG-ES-00003

La planche représentant Nancy est une oeuvre de grande dimension : plus de 80 cm de long sur 20 cm de hauteur. Elle reprend le style de ses vues topographiques, construites dans la manière de graver de Jacques Callot : un premier plan animé ombré et la vue en arrière plan, animée de personnages, cavaliers, mendiants, animaux ou carosses. Il multiplie les plans et les détails, permettant ainsi à l’oeil de s’enfoncer dans les lointains de la composition. Les différentes morsures de la plaque permettent de créer des nuances du noir aux gris plus clairs, créant ainsi parfaitement l’illusion de la perspective.

Si les représentations urbaines et architecturales sont prises sur le motif et souvent représentées avec exactitude, il n’en est pas de même pour le paysage qui l’entoure, parfois recomposé de mémoire ou alors de manière totalement imaginaire.

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Porte-Notre Dame de Nancy appelée porte de la Citadelle

Veüe et Perspective de la Porte Nostre Dame de Nancy ; appelée à présent porte de la Citadelle

Israël Silvestre (Nancy, 1621 – Paris, 1691)

Vue et perspective de la porte Notre-Dame de Nancy, appelée à présent porte de la Citadelle

Eau-forte, vers 1650 ?

2ème feuille d’une suite de 13 pièces présentant des vues de Lorraine

Bibliothèques de Nancy, P-FG-AL-00037-02

Lors de la première occupation de Nancy en 1634, les troupes françaises de Louis XIII modifient les fortifications en créant la place forte de la Citadelle, desservie par la porte de la Craffe et la porte Notre-Dame (actuelle porte de la Citadelle). Silvestre, au service du roi de France, décrit le caractère imprenable de cette place : les douves, le double dispositif de passerelles et de pont-levis pour les franchir, les poivrières à chaque angle des bastions... Ultime démonstration de force : le « terre-plein » qui dépasse le mur de fortification, sur lequel sont juchés des personnages.

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Porte Saint-Georges

Veüe et Perspective de la Porte Sainct George de Nancy

Vue et perspective de la porte Saint-George de Nancy

Eau-forte, vers 1650 ?

3ème feuille d’une suite de 13 pièces présentant des vues de Lorraine

Bibliothèques de Nancy, P-FG-AL-00037-04

La porte Saint-George, située à l’est de la Ville Neuve, tient son nom du bastion voisin. C’est une construction de la Renaissance ornée des statues de Jean Richier, et d’une représentation de Saint Georges par Florent Drouin. Les travaux au premier plan illustrent le perpétuel chantier des fortifications, sans cesse objet de réparations ou d’améliorations. Cette porte a failli disparaître à la fin du XIXe siècle. Sa défense provoqua une mobilisation nationale des amoureux du patrimoine parmi lesquels l’écrivain Victor Hugo, qui la décréta « un des plus charmants édifices de la Renaissance ».

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Porte Saint-Jean

Veüe et Perspective de la Porte Sainct Iean de Nancy par dehors

Israël Silvestre (Nancy, 1621 – Paris, 1691)

Vue et perspective de la porte Saint-Jean de Nancy par dehors

Eau-forte, vers 1650 ?

7ème feuille d’une suite de 13 pièces présentant des vues de Lorraine

Bibliothèques de Nancy, P-FG-AL-00037-06

La porte Saint-Jean, une des trois portes de la Ville Neuve, commande le passage vers l’un des axes principaux de la cité et le quartier Saint-Jean où se situent les casernes. Elle arbore les armes d’Élisée d’Haraucourt, gouverneur de Nancy. L’accès se fait par un double pont-levis sur les douves alimentées par l’étang Saint-Jean. Cette porte a été détruite à la fin du XIXe siècle. Le Palais des ducs de Lorraine-Musée lorrain conserve les mascarons qui surmontaient les arcs de la façade extérieure.

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Porte Saint-Louis

Veüe et Perspective de la Porte Sainct Louis de Nancy

Vue et perspective de la porte Saint-Louis de Nancy

Eau-forte, vers 1650 ?

6ème feuille d’une suite de 13 pièces présentant des vues de Lorraine

Bibliothèques de Nancy, P-FG-AL-00037-05

La porte Saint-Louis (en hommage à Louis XIII) est construite en 1637, entre le bastion le Duc et le bastion des Dames, pour permettre l’accès à la Meurthe sans passer par la Citadelle. Silvestre privilégie la vue d’ensemble des fortifications. Les bastions s’échelonnent jusqu’au lointain dans des dégradés habiles qui accentuent la perspective. Au-dessus des murailles se dresse la tour du trésor des chartes et, à peine visible à l’arrière-plan, le palais ducal. Les arbres indiquent, au centre, le jardin du palais. Ce point de vue n’existe plus, les fortifications, la porte Saint-Louis et la tour du trésor ont été détruites.

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L'église des Capucins et des Pères Jésuites de Nancy

Veuë et Perspective des Eglises des Capucins, et des Peres Jesuites de Nancy

Vue et perspective des églises des Capucins, et des Pères Jésuites de Nancy

Eau-forte, vers 1650 ?

8ème feuille d’une suite de 13 pièces présentant des vues de Lorraine

Bibliothèques de Nancy, P-FG-AL-00037-08

Les portes achèvent le dispositif de défense organisé autour des bastions de Nancy : la porte Saint-Nicolas, construite entre 1603 et 1608, s’ouvre sur la route qui conduit à Saint-Nicolas-de-Port. Lors de la création de la Ville Neuve du duc Charles III, de nombreux établissements religieux comme les capucins et plus tard les jésuites s’installent à Nancy, qui devient un foyer du catholicisme face à la réforme protestante. Comme à son habitude, Silvestre dessine une vue à hauteur d’homme, la ville s’active dans la lumière du matin. Un berger mène son troupeau vers la campagne hors les murs.

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La chapelle des Bourguignons

Veue et Perspective de la Chapelle des Bourguignons, maintenant Nostre Dame de bon secours, proche de Nancy, ou René Duc de Lorraine gaigna la bataille contre Charles Duc de Bourgogne le cinquieme Janvier 1477

Vue et perspective de la chapelle des Bourguignons

Eau-forte, vers 1650 ?

10ème feuille d’une suite de 13 pièces présentant des vues de Lorraine

Bibliothèques de Nancy, P-FG-AL-00037-10

La chapelle est édifiée en remerciement à la Vierge suite à la victoire du duc de Lorraine René II en 1477, lors de la bataille de Nancy face aux troupes de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. D’abord nommée la chapelle du cimetière des bourguignons, elle est placée ensuite sous le vocable Notre-Dame-de-Bonsecours. Elle devient un lieu de pèlerinage sous la houlette des religieux Minimes, attirant pèlerins et mendiants comme le montre la gravure. Paysagiste méticuleux, Silvestre indique les deux tours de l’église de Saint-Nicolas-de-Port au loin.

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L'église Saint-Nicolas

Veüe et Perspective de l’Église Sainct Nicolas de Loraine

Gabriel Pérelle (Vernon 1604 – Paris 1677)

D’après Israël Silvestre (Nancy, 1621 – Paris, 1691)

Vue et perspective de l’église Saint-Nicolas de Lorraine

Eau-forte, vers 1650 ?

11ème feuille d’une suite de 13 pièces présentant des vues de Lorraine

Bibliothèques de Nancy, P-FG-AL-00037-11

Silvestre présente la ville de Saint-Nicolas-de-Port sous un jour heureux. Les arbres du premier plan, le pont sur la Meurthe et les collines donnent une tournure bucolique à la cité dominée par l’église de style gothique flamboyant. Elle est construite par le duc René II comme action de grâce suite à la victoire en 1477 des troupes lorraines sur celles de Charles le Téméraire, qui menaçait l’indépendance du duché. Centre de pèlerinage, elle abrite une relique de Saint-Nicolas, le saint patron de la Lorraine.

Contenu du Invitation au voyage : choix de gravures d'Israël Silvestre (1621-1691)
Château de Fléville

Veuë et Perspective du Chasteau de Fleville proche Nancy, appartenant a Monsieur de Beauveau

Vue et perspective du château de Fléville proche Nancy, appartenant à Monsieur de Beauveau

Eau-forte, vers 1650 ?

13ème feuille d’une suite de pièces présentant des vues de Lorraine

Bibliothèques de Nancy, P-FG-AL-00037-13

Situé au sud de Nancy, le château de Fléville est une demeure féodale transformée à la Renaissance. Silvestre dessine le château de face : un corps de bâtiment principal flanqué de deux ailes en retour, dont l’une jouxte l’ancien donjon. Des douves ceinturent l’ensemble. Sous le fronton de l’entrée, on peut lire « Luxenbourg », il s’agit en réalité de la famille Lutzelbourg, à l’initiative des transformations de ce séjour au début du XVIe siècle. L’édifice existe toujours avec quelques petites différences. Le mur de défense et la poterne ont notamment été supprimés au XVIIIe siècle.

Contenu du Invitation au voyage : choix de gravures d'Israël Silvestre (1621-1691)
Vue de pont de Malzéville

Veuë du Crosne et du pont de Marseuille proche de Nancy

Vue du Crosne et du pont du Marseuille proche Nancy

Eau-forte

21ème feuille d’une suite de pièces présentant des vues de Lorraine

Bibliothèques de Nancy, P-FG-ES-00132

Le Crosne ou Crône est le port marchand de la cité ducale. Son nom d’origine germanique (« Krau ») signale la présence d’une grue comportant une flèche, support d’un système de levage à chaînes pour le déchargement des bateaux qui naviguent sur la Moselle. À l’extrémité du pont de Malzéville s’élève une pyramide ornée d’une statue représentant le Sauveur du monde.

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Le Palais de Nancy

Veüe en partie du Palais de Nancy

Vue en partie du Palais de Nancy

Eau-forte

15ème feuille d’une suite de pièces présentant des vues de Lorraine

Bibliothèques de Nancy, Inv. P-FG-ES-00066

Silvestre grave cette représentation du Palais des ducs de Lorraine, exercice obligé après Callot et Deruet, ses aînés. Dans une estampe circulaire, il focalise son attention sur les éléments d’architecture du jardin, les niches ornées de divinités à l’antique sculptées par Siméon Drouin ou, les statues œuvres des frères Chaligny. En son temps, Callot avait accentué le décor italianisant du jardin et imaginé une architecture florentine le bordant. Pour la fantaisie Silvestre ne le lui cède en rien : au pied de la double rampe qui mène au jardin ducal « le parterre d’en-haut », le graveur campe un port, clin d’œil au lorrain de Rome, Claude Gellée.