Histoire

L’ Affaire Troppmann ou le massacre de Pantin

Si le public est familier des images populaires ayant pour sujet les contes, les légendes, l’Histoire Sainte ou la vie politique, on ignore généralement qu’elles traitent également des faits divers et notamment des grandes affaires criminelles.

Contenu du L’ Affaire Troppmann ou le massacre de Pantin

Si le public est familier des images populaires ayant pour sujet les contes, les légendes, l’Histoire Sainte ou la vie politique, on ignore généralement qu’elles traitent également des faits divers et notamment des grandes affaires criminelles.

20 septembre 1869

Les Faits

Tout commence le 20 septembre 1869 au matin, dans la plaine de Pantin, lorsqu’un paysan déterre six cadavres atrocement mutilés, une mère et ses cinq enfants. C’est le début d’une affaire criminelle qui va passionner l’opinion publique et qui va bénéficier d’une grande médiatisation en cette fin de Second Empire.
D’origine alsacienne, le jeune Jean-Baptiste Troppmann, ouvrier mécanicien, taciturne et peu sociable, attire l’attention par sa cupidité et son manque de scrupule. 
Après avoir noués des liens avec une famille de la petite bourgeoisie roubaisienne, Troppmann cherche à leur extorquer de l’argent. Il empoisonne le père Jean Kinck en Alsace après l’avoir volé et dépouillé de ses papiers. Fort de cette usurpation d’identité, il invente un stratagème pour convaincre le reste de la famille du défunt de le rejoindre dans la plaine de Pantin où il les assassine méthodiquement dans la nuit du 19 au 20 septembre 1869.

undefined
Le crime de Pantin, Troppmann empoisonne Jean Kinck dans la forêt de Wattwiller
Contenu du L’ Affaire Troppmann ou le massacre de Pantin
19 janvier 1869

Arrestation, condamnation et exécution

La découverte des victimes, tuées dans des conditions atroces, révulse l’opinion. Pour la première fois certainement, une photographie des corps exposés à la morgue est même diffusée. À l’issue d’une enquête menée de façon exemplaire pour l’époque, la police suit la piste de Troppmann jusqu’au Havre d’où il projette de s’embarquer pour le Nouveau Monde. La présence sur lui de divers courriers et d’objets volés aux malheureux achèvent de le désigner comme coupable.
À l’image des tueurs en série modernes, Troppmann se montre volontiers manipulateur avec les policiers et la justice mais son habilité ne lui permettra pas de sauver sa tête. À l’issue d’un procès qui attire les foules, il est condamné à la peine capitale par la Cour d’assises du département de la Seine le 30 décembre 1869.
Il est guillotiné le 19 janvier suivant après avoir, dit-on, mordu la main gauche du bourreau Heidenreich.

undefined
Troppmann en enfer : air de Fualdès
Contenu du L’ Affaire Troppmann ou le massacre de Pantin
Une affaire qui a marqué les mémoires

Le premier fait-divers surmédiatisé ?

L’affaire Troppmann fait connaitre à la presse une mutation spectaculaire. Racontée chaque jour, par épisodes, à la manière d’un roman-feuilleton, notamment par le célèbre « Petit Journal », elle occupe les esprits de toutes les classes sociales et même le lectorat des « images à deux sous ». Les imagiers lorrains, d’Épinal à Metz, en témoignent.
Troppmann est devenu pour la presse et l’opinion publique l’archétype du criminel abominable, de la « figure du mal » à laquelle les autres criminels sont comparés. Même les atrocités dont furent victimes les populations au début de la guerre contre la Prusse, qui allait débuter en cette même année 1870, ne parviendront pas à faire oublier le visage du monstre. Le nom de Troppmann est cité par Rimbaud dans l’Album zutique de 1872.

image_verrier_jules_portrait_de_jea_ph57151_320397
Portrait de Jean Baptiste Troppmann (1849-1870), criminel, auteur de l'assassinat de la famille Kinck à Pantin en 1869.
Coll. Musée Carnavalet, Histoire de Paris