À la fin du XIXe siècle, les épidémies poussent les hygiénistes à instaurer des mesures nationales d'hygiène publique et diverses actions prophylactiques : égouts, vaccination, promotion du sport... La loi sur la santé publique de 1902 entérine l'implication de l’État dans la santé de ses citoyens. C'est dans ce contexte que sont mises en avant les vertus de la gymnastique.

Contenu du Les gymnastes de la IIIe République

À la fin du XIXe siècle, les épidémies poussent les hygiénistes à instaurer des mesures nationales d'hygiène publique et diverses actions prophylactiques : égouts, vaccination, promotion du sport... La loi sur la santé publique de 1902 entérine l'implication de l’État dans la santé de ses citoyens. C'est dans ce contexte que sont mises en avant les vertus de la gymnastique.

Sport catholique vs sport laïque

À l'origine de cette manifestation : la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France (FGSPF).

Les patronages catholiques ont été créés au début du XIXe siècle, dans le but de détourner les jeunes des plaisirs de la rue et du cabaret en leur proposant des loisirs « sains ». Il s'agit aussi d'endiguer le détachement religieux des ouvriers, et après la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905, de lutter contre la laïcisation en encadrant les fidèles au quotidien. La FGSPF, créée en 1897, rassemble à la veille de la première guerre mondiale pas moins de 150 000 adhérents. Elle fédère à cette date plus de clubs que sa rivale laïque, l'Union des sociétés de gymnastique de France (USGF), avec 1504 clubs contre 1100.
Un tel engouement pour la gymnastique peut surprendre, tant le football mobilise les foules aujourd'hui. Pourtant, à l'époque, la gymnastique est un domaine d'affrontement privilégié entre catholiques et laïques. Ainsi, les traditionnels défilés en uniforme des gymnastes sont en réalité « une démonstration de force destinée à impressionner l'adversaire » (Yvon Travouez, 2006).
L'opposition entre laïques et catholiques est également tangible dans la presse. Par exemple, l'article dans l'Est Républicain de juin 1907 consacré à la fête de la gymnastique de la FGSPF s'attache plus à critiquer l'empiétement de la sphère religieuse sur la vie civile qu'à décrire la fête en elle-même. De quoi nous rappeler les débats houleux sur la laïcité qui agitent notre pays depuis quelques années...

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Des fêtes de la gymnastique très patriotes

Malgré ces rivalités, sport laïque et sport catholique se rejoignent sur le patriotisme.

La gymnastique est considérée comme l'un des meilleurs moyens de former de jeunes patriotes. Discipline du corps exigeante, c'est également une discipline de l'esprit investie par la IIIe République. La gymnastique est en effet conçue au tournant du XXe siècle comme un vecteur de diffusion de l'idée nationale. Les défilés et mouvements d'ensemble des gymnastes, comparables aux enchaînements militaires, ne trompent pas.

Les fêtes de la gymnastique, avant la première guerre mondiale, s'apparentent ainsi à une célébration de la nation française. Le simple fait que le sous-secrétaire d’État à la guerre, M. Chéron, préside les 18 et 19 août 1907, la fête de gymnastique de Longwy, suffit à donner la tonalité patriotique de ce type de manifestation. Dans le discours qu'il prononce se dégage une conception nationaliste de la gymnastique :
« On y devient fort et robuste, on y apprend cette discipline ''sans laquelle il n'y aurait plus de France demain'', selon la parole de M. Clemenceau », dit-il. Et M. Mézières d'ajouter que « le gouvernement veut la paix, mais une paix assurée par une armée disciplinée et forte ».

 

Sources :

Arnaud, Pierre, Le militaire, l'écolier, le gymnaste. Naissance de l'éducation physique en France (1869-1889), Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1991.
Jorland, Gérard, Une société à soigner : hygiène et salubrité publiques en France au XIXe siècle, Paris, Gallimard, 2010.
Laurans, Guy, « Pierre Arnaud, Le militaire, l'écolier, le gymnaste. Naissance de l'éducation physique en France (1869-1889) », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 48e année, n°1, 1993, p.74-75.
Travouez, Yvon, « Le sport catholique en France », Vingtième siècle. Revue d'histoire, n°92, 2006, p.171-18