Histoire

Mon beau sapin !

Dès début décembre certains l’installent, tandis que d’autres préfèrent attendre le 24. Il est bien souvent lié à nos souvenirs d’enfance. Symbole des fêtes de fin d’année, le sapin de Noël doit beaucoup aux traditions germaniques et à la Lorraine !

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Dès début décembre certains l’installent, tandis que d’autres préfèrent attendre le 24. Il est bien souvent lié à nos souvenirs d’enfance. Symbole des fêtes de fin d’année, le sapin de Noël doit beaucoup aux traditions germaniques et à la Lorraine !

Les origines

Une tradition païenne

Le sapin de Noël trouve ses origines dans les religions païennes qui, fin décembre, fêtaient le solstice d’hiver. La coutume d’y associer un arbre à feuilles persistantes se retrouve dans de nombreuses civilisations antiques. Chez les Celtes, l’épicéa était associé au calendrier lunaire du mois de décembre comme le symbole de l’enfantement et du renouveau. Tandis que chez les Romains, lors des fêtes des Saturnales, il n’était pas rare de décorer les maisons de branches d’arbre et de s’offrir des cadeaux.
Dans les pays Scandinaves, les fêtes de fin d’année de Yule commémorent les dieux arbres Holly-King et Oak-King. C’est également la période où le dieu Heindall venait offrir des cadeaux aux enfants.
Les exemples sont nombreux. Il n’est guère surprenant qu’au IVe siècle, la date du 25 décembre ait été choisie par les chrétiens pour fêter la naissance de Jésus Christ et ainsi chercher à supplanter les fêtes païennes.
Mais pourquoi choisir un sapin ?

 

Un symbole chrétien

De nombreuses légendes et croyances entourent également la symbolique du sapin. Pour n’en citer que deux, on raconte qu’à la fin du VIIe siècle, Saint Boniface de Mayence fit abattre un chêne sacré pour les germains. En tombant, ce dernier écrasa tout sur son passage sauf un jeune sapin. Les dieux-arbres n’ayant pas répondu à cet affront, de nombreux germains se convertirent au christianisme et la forme conique du sapin servit au Saint à expliquer la Trinité.
Une autre légende, lorraine cette fois, raconte que la coutume de décorer le sapin viendrait de Saint Colomban, qui fonda le monastère de Luxueil dans les Vosges. Un soir de Noël, il décora avec d’autres moines, un sapin sacré du rite païen, avec des lanternes et des torches, surmonté d’une croix lumineuse. Le but était de convertir au christianisme ceux qui assisteraient à la scène. Et cela fonctionna !

 

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Du Moyen âge à la Renaissance

L’arbre de Noël

On vit donc peu à peu apparaître dans les foyers chrétiens, le sapin à la place des branches d’arbres. La première mention du sapin de Noël tel qu’on le connaît date de 1521. Elle se trouve dans un livre de comptes de la ville de Sélestat en Alsace. Cette dernière rapporte que la municipalité autorisa la coupe de sapins pour les fêtes de Noël.
La tradition, jusqu’au XVIIe siècle, veut qu’on décore le sapin de pommes rouges, symbole de l’arbre du paradis originel d’Adam et Eve, et d’hosties non consacrées, symbole de la rédemption.
Au moment de la réforme protestante, le sapin devient le centre des festivités. On le trouve essentiellement dans les pays germaniques et scandinaves où on le préfère à la crèche. Il se pare de papillotes, symbolisant un verset de l’Ancien Testament faisant ainsi référence au rameau fleuri de Jessé.

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Du XVIIIe au XIXe siècle

L’essor des décorations de Noël

Au fil du temps, les références religieuses dans les décors s’estompent au profit de décors sucrés. Les pommes, difficiles à trouver en hiver, sont remplacées par des friandises et autres confiseries : gâteaux, noix… qui seront offerts aux enfants à la fin des festivités. En parallèle, on voit apparaître dès la fin du XVIIIe siècle, des décorations métalliques, souvent dorées, qui apportent une touche de féérie au sapin. D’anciennes gravures montrent des sujets figuratifs : animaux, petits personnages… C’est aussi l’époque des premiers sapins illuminés à l’aide de coquilles de noix remplies d’huile que l’on fait brûler.

De tradition germanique, il faut attendre 1837 pour que le sapin de Noël fasse son entrée à la Cour de France grâce à la duchesse d’Orléans, Hélène de Mecklembourg-Schwerin. Avant elle, Marie Leczinska avait essayé de l’introduire à Versailles mais sans grand succès… Ce n’est finalement qu’après la guerre de 1870, que le sapin de Noël se généralise et se démocratise dans les foyers français.

 

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Noël 1913
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XIXe siècle

Que j’aime ta parure !

Les décorations évoluent grâce à la technique de la chromolithographie qui vient enrichir l’offre. On illumine le sapin avec des bougies. Les boules sont très prisées par la bourgeoisie mais les moins fortunés continuent de fabriquer leurs propres ornements. Ce n’est qu'à la fin du XIXe siècle que la boule de Noël se démocratise. On raconte que suite à la sécheresse dans les Vosges en 1858, un verrier de Goetzenbruck eut l’idée de souffler des boules en verre. L’aventure de la boule de Noël industrielle en Lorraine venait de naître. On connait aujourd’hui la réputation des boules Meisenthal. Dans les années 50, ce sont plus de 200 000 boules qui étaient exportées à travers le monde ! Malheureusement les matériaux synthétiques : plastique, résine, aluminium, ont eu raison de l’entreprise qui ferma ses portes dans les années 60. Relancée en 1998 par le Centre international d’Art verrier, le succès des créations contemporaines donna un second souffle à l’entreprise lorraine.

 

Cependant on doit les principales innovations décoratives du XXe siècle aux Etats-Unis, tels que la capsule en métal et l’anneau de suspension des boules mais aussi, vers 1930, la guirlande électrique, qui se développe par peur des incendies liées aux bougies.
Depuis le sapin de Noël ne cesse de se magnifier et de se réinventer suivant la mode par ses couleurs, ses matériaux et la forme de ses décorations.

Le sapin artificiel apparait quant à lui dès le début du XIXe siècle d’abord en plumes d’oiseaux et poils d’animaux teintés de vert. Ils sont ensuite fabriqués en aluminium, jusque dans les années 60, puis aujourd’hui en PVC.

Naturel ou artificiel vous avez certainement votre préférence !

 

Sources:

L'histoire de l'arbre de Noël du XVIe siècle à nos jours, Ville de Sélestat [en ligne]
D’où vient la tradition du sapin de Noël ?, La Croix 01 décembre 2017 [en ligne]
Noël, une si longue histoire…,Alain Cabantous, François Walter, Payot,
Centre d'art verrier de Meisenthal [en ligne]