Inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1983 et élue monument préféré des Français en 2021, la place Stanislas rayonne au-delà de la Lorraine et fait la fierté des Nancéiens. À pied, à vélo ou en petit train, la Place Stanislas a toujours été un lieu incontournable pour les habitants et les promeneurs.

 

 

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Inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1983 et élue monument préféré des Français en 2021, la place Stanislas rayonne au-delà de la Lorraine et fait la fierté des Nancéiens. À pied, à vélo ou en petit train, la Place Stanislas a toujours été un lieu incontournable pour les habitants et les promeneurs.

 

 

Une place royale à Nancy

Une place en l'honneur de Louis XV

Depuis le xviie siècle, les grandes villes du royaume se dotent de places royales. Ces places sont des lieux de promenades, de célébrations, de démonstrations du pouvoir et de déplacement des armées sous le regard du roi de France. La construction de la place Royale est ainsi un moyen pour Stanislas de faire honneur à son gendre Louis xv, administrateur de la Lorraine via son chancelier La Galaizière, et futur héritier. C'est également un moyen de rapprocher les Lorrains, très attachés à leurs ducs puis au « bon roi » Stanislas, au royaume de France.

L'ensemble des trois places a pour objectif de relier Ville Vieille et Ville Neuve. Pour cela, Stanislas s'entoure des meilleurs praticiens, tels que l'architecte Emmanuel Héré (1705-1763) reconnu pour ses aménagements du château de Lunéville et la création de la chapelle Notre-Dame de Bonsecours. Influencé par le classicisme et le baroque, Héré dessine sur un quadrilatère plusieurs pavillons. Pour mener à bien ce projet, des habitations sont détruites et les propriétaires sont expropriés et indemnisés. À la place sont construits l'Hôtel de Ville, le pavillon Alliot (Grand Hôtel), l'Hôtel des Fermes (en 1919, il devient l'Opéra), l'Hôtel du Collège de Médecine et de chirurgie (il devient en 1936 le Musée des Beaux-Arts), le pavillon Jacquet et les basses-faces. Celles-ci ont pour rôle de cacher les fossés des remparts de la ville-vieille, et de faire apparaître l'Hôtel de Ville et la statue de Louis xv surplombant la place Royale et la place de la Carrière jusqu'au Palais du gouvernement. La richesse et le pouvoir sont reliés physiquement par le cheminement sur les deux grandes places.

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Place Stanislas. Les trottoirs (Nancy)

La place Royale est clôturée par des portiques et des grilles dorées à la feuille d'or réalisés par le maître serrurier Jean Lamour (1698-1771). Le décor d'arabesques est Influencé par le style de l'époque et du château de Versailles. Le portique central est surmonté d'un médaillon bleu comportant trois fleurs de lys, entouré par les colliers des ordres de Saint-Michel et de Saint-Esprit et coiffé d'une couronne royale.

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Le char de Neptune

Deux bassins sont réalisés par le sculpteur Barthélémy Guibal (1699-1757) pour embellir les deux angles nord de la place Royale. Une première fontaine représente Neptune, l'autre Amphitrite sur des coquillages fixés sur un rocher, entourée de naiades, de putti et d'animaux.

Au milieu de cet écrin royal trône sur un piédestal en marbre venu de Gênes, la statue en bronze de Louis xv réalisée par Guibal et coulée par Paul Cyfflé le 15 juillet 1755 à Lunéville. Louis xv est présenté de manière traditionnelle, en chef de guerre victorieux, habillé d'une armure antique et d'un péplum. Dans sa main droite, il tient le bâton de commandement tendu en direction de l'est, des royaumes et empires voisins, la tête tournée en direction du Royaume de France. La statue est posée sur un piédestal comportant sur chaque face quatre événements de la vie de Stanislas : le mariage de sa fille Marie Leszczynka avec le roi de France, le rattachement de la Lorraine à la France, la Paix de Vienne (fin de la guerre de Succession de Pologne) et les bonnes oeuvres de Stanislas. Le piédestal est orné de quatre allégories rappelant les vertus du roi : prudence, justice, force et clémence. Surélevée de trois marches, la statue est entourée des grilles de Jean Lamour.

La place Royale en partie financée par la ville est achevée en 1755. En 1759, un manuscrit de prestige récapitule l'ensemble des dépenses liées aux travaux d'embellissement de Nancy : c'est le Compte général de la depence des edifices et batimens que le Roy de Pologne Duc de Lorraine et de Bar a fait construire pour l'embelissement de la ville de Nancy depuis 1751 jusqu'en 1759, rédigé par Michel et illustré par Girardet, qui connaît par la suite plusieurs éditions imprimées.

 

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Vue orientale de la statue de Louis xv. Élevée au milieu de la Place Royale de Nancy le 26 novembre 1755 par sa Maj[esté] polonnoise. Et figure de la médaille frappée par lad[it]e ville à ce sujet

De la place du Peuple à la place Stanislas

Lorsque la révolution éclate, les insignes royaux doivent disparaître. Conscients et fiers de leur architecture, les Nancéiens lancent une pétition pour garder la statue de Louis xv. Mais sans succès, les révolutionnaires déboulonnent la statue en 1793 puis l'enterrent symboliquement au pied de son socle. La statue finit par être déterrée et fondue à la fonderie de Metz. La place change de nom pour devenir « place du Peuple ».

En 1802, les Nancéiens réfléchissent à la restauration de la place et de sa statue royale. En 1823, la ville aidée de subventions se met d'accord pour créer une nouvelle statue à l'effigie de Stanislas. Georges Jacquot (1794-1874), sculpteur nancéien, est chargé de sa réalisation. En 1829, la statue est coulée par la fonderie Soyer à Paris, mais le métal explose faisant plusieurs blessés. Une nouvelle tentative réussit en octobre 1831. La nouvelle statue est inaugurée le 6 novembre 1831.

Stanislas est représenté en monarque avec un manteau orné d'emblèmes lorrains avec des croix de Lorraine et des alérions. Il porte le collier de l'ordre du Saint-Esprit. Il pointe son doigt de la main droite en direction du médaillon royal qui orne l'arc de triomphe. Sa main gauche tient un sabre, symbole de puissance. Le piédestal est également changé. Les faces témoignent de la reconnaissance des Nancéiens envers les oeuvres sociales de Stanislas : les écoles primaires, l'École royale de médecine, la Société royale des sciences et belles lettres, la Bibliothèque publique.

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Statue de Stanislas. Lithographie du XIXe siècle

Transformations et restaurations

Dans les années 1950, la Place Stanislas est de nouveau en chantier. La municipalité de l'époque décide d'en faire un parking de 600 places. Ainsi, les pavés sont retirés et le sol est nivelé. Les pavés beiges sont réutilisés afin de délimiter les places de parking et les trottoirs sont bitumés.

Le dossier d'inscription de l'ensemble des trois places xviiie à Nancy au patrimoine mondial de l'UNESCO est accepté en 1983 et un décret est aussitôt publié pour interdire le stationnement sur la place. Pour le 250e anniversaire de la création de la place en 2005, la place Stanislas est restaurée dans son état du xixe siècle. C'est alors qu'elle redevient piétonne et retrouve des pavés. Les façades noircies par le temps et la pollution sont nettoyées et restaurées. L'éclairage est modernisé et les grilles de Jean Lamour retrouvent leur éclat. Deux années de travaux ont été nécessaires pour remettre en état la Place Stanislas. Celle-ci est inaugurée pour une énième fois, le 19 mai 2005 en présence du président de la République Jacques Chirac, du président polonais Aleksander Kwasniewski et le chancelier allemand Gerhard Schroeder à l'occasion du sixième sommet du Triangle de Weimar.

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Le carrefour de la vie nancéienne

Un lieu de démonstration politique

Les grands événements organisés par la ville sont situés sur un espace assez grand et central pour accueillir les participants. Ainsi, la place Stanislas a été le théâtre de nombreuses représentations politiques telles que des parades militaires et des expositions.

Les parades militaires permettent de montrer les compétences militaires d'un territoire, de voir les soldats partir en campagne depuis le centre de décision, ce qui rassure la population.

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Nancy

La place Stanislas devient un lieu d'exposition de prises de guerre avec la présentation des canons et des avions confisqués aux Allemands dès les années 1914. Ces expositions transmettent l'idée que la France est militairement supérieure à Allemagne. 

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Août 1914. Canons pris aux Allemands, exposés place Stanislas, à Nancy

La place Stanislas est régulièrement occupée par des rassemblements et des manifestations. Elle permet à un groupe souhaitant passer un message aux politiques locaux d'acquérir de la visibilité.

Un lieu de rencontre

Au cours des siècles, la place Stanislas a toujours été un espace public animé et traversé par les Nancéiens quelles que soient les catégories sociales. La place est avant tout un espace de circulation : à pied, en diligence, en tram ou en voiture, elle permet de desservir facilement plusieurs rues. Par conséquent, il est facile d'y faire des rencontres. Pour les personnes les plus riches, c'est un espace de représentation où il est bon de se faire voir et d'échanger sur des sujets de mondanités et d'affaires. De plus, c'est aussi un espace tout aussi fréquenté par des marchands et des artisans ambulants pour mener des activités économiques et commerciales.

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Place Stanislas

Un lieu de divertissement

La place Stanislas est entourée de pavillons dont les basses-faces où se trouvent boutiques et terrasses depuis le xixe siècle. La promenade est considérée comme un plaisir urbain pour les personnes avides de mondanités et pour les personnes du quartier. On se promène seul, en groupe ou accompagné de son chien tout en croisant les travailleurs citadins et les soldats qui veillent au maintien de l'ordre.

Au xxe siècle, la place Stanislas devient le lieu central de la culture. La Comédie devient Opéra en 1919 et le Musée des Beaux-arts est installé dans l'Hôtel de médecine en 1936. Sur ses pavés sont organisés de grands événements tels que le Livre sur la Place et le défilé de la Saint-Nicolas.