Contenu du Saint-Étienne de Metz, une cathédrale originale

La cathédrale de Metz, connue sous le nom de « lanterne du Bon Dieu » est la cathédrale de France ayant la plus grande surface vitrée (6 500 m2), et les plus grandes verrières gothiques d’Europe. Pour la hauteur de ses voûtes, elle vient en troisième position en France après les cathédrales de Beauvais et d'Amiens. Mais Saint-Étienne de Metz comporte encore bien d’autres originalités.


Vous avez dit gothique ?


Construite sur huit siècles de 1220 à 1903, elle présente une belle unicité de style gothique qui semble avoir été respectée à chaque campagne de construction ou de restauration. Pourtant l’édification de la cathédrale gothique s’est étalée sur trois cents ans, et les touristes qui s’extasient sur son portail occidental aux nombreuses statues « médiévales » ignorent le plus souvent que ce dernier, de style néogothique, a été créé de toute pièce en 1903 par l’architecte Paul Tornow et le sculpteur Auguste Dujardin, durant l’Annexion.

Tours étranges et portails insolites


Les deux tours de la cathédrale de Metz  ne sont pas sur la façade principale, contrairement à la plupart des cathédrales de ce style (Chartres, Reims, Notre-Dame de Paris et tant d’autres) car il existait à Metz, à côté de l’ancienne cathédrale ottonienne, une collégiale Notre-Dame-la-Ronde comprise dans la reconstruction gothique à partir du XIIIe siècle. Les deux églises eurent jusqu’à la fin du XIVe siècle un mur de séparation même si de l’extérieur elles ne semblaient faire qu’une. Il y avait une différence de forme des piliers, toujours visible, et une différence de niveau du sol, discernable aux socles de ces piliers. Les deux tours étaient donc bien en façade de la cathédrale proprement dite, mais accolées à Notre-Dame.

Dérivée de cette caractéristique, la cathédrale de Metz a longtemps été sans portail principal à l’ouest, ce côté étant un mur latéral de l’autre église. On y entrait et y entre toujours par le portail de la Vierge de l’église Notre-Dame, donnant en oblique sur la façade méridionale. En 1764, l’architecte Jacques-François Blondel érigea sur la façade occidentale un grand portail néoclassique qui rompait avec l’harmonie médiévale de l’édifice mais correspondait au goût de l'époque pour le classicisme français. Aménageant la place d’Armes après la démolition de différents cloîtres et bâtiments, et la construction de l’Hôtel-de-Ville, il accola à la cathédrale sur ce côté une galerie du même style qui abritait boutiques et cafés.

 

Contenu du Saint-Étienne de Metz, une cathédrale originale
Contenu du Saint-Étienne de Metz, une cathédrale originale

Des empereurs un peu trop présents


Autre particularité de Saint-Étienne, sa charpente est en métal depuis cent quarante ans car son ossature de bois et sa toiture médiévale en ardoise ont connu un grave incendie - comparable à celui de Notre-Dame de Paris - en 1877 en raison de feux d’artifices tirés en l’honneur d’une visite de l’empereur prussien Guillaume 1er. La voûte elle-même (30 cm d’épaisseur) ne s’était pas effondrée. La reconstruction de la charpente en métal et de la couverture en cuivre permit un rehaussement de la toiture qui est visible sur certaines photographies de la façade Blondel. S’ensuivit une vaste campagne de restauration du bâtiment, avec ajout de pinacles, démolition de la galerie et du portail classique et construction d’un nouveau portail reprenant le style médiéval de l’ensemble de l’édifice. L’architecte Paul Tornow en est le maître d’œuvre et peut être considéré comme le « Viollet-le-Duc » de l’Alsace-Lorraine annexée.

Dernière originalité, la cathédrale de Metz a eu droit à son empereur-prophète. Guillaume II, en effet, venu  inaugurer le nouveau portail en 1903, y était représenté en statue dans le rôle du prophète Daniel. Après 1918 on lui rasa la moustache pour le rendre à l’anonymat…

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Incendie de la cathédrale de Metz, 7 mai 1877, 4 heures du matin