Contenu du Les manuscrits de la cathédrale de Metz

Des livres à la cathédrale

Comme la plupart des autres cathédrales, la cathédrale de Metz disposait jusqu’à la Révolution française de sa propre bibliothèque, composée de nombreux ouvrages parmi lesquels des manuscrits médiévaux. En effet, le fonctionnement de la cathédrale impose, dès le début du Moyen Âge, la présence de livres de deux types : ceux qui permettent la célébration des offices et ceux qui sont des outils pour la bonne gestion du diocèse, le territoire dont l’évêque a la charge.
Les livres liturgiques, qui permettent la célébration des offices religieux, sont extrêmement divers suivant leur destinataire : certains s’adressent à l’évêque, d’autres au prêtre, d’autres encore aux chantres, ou bien aux lecteurs.

Évêques et chanoines

Certains des manuscrits de la cathédrale étaient des dons de puissants, princes, rois ou empereurs. Cependant, le plus grand nombre de ces livres provient des dons des évêques de la ville, mais surtout des chanoines, les clercs qui avaient pour fonction d’y célébrer les offices quotidiens et d’assister l’évêque dans la gestion du diocèse. Ces hommes étaient souvent des savants dans les disciplines qui leur étaient utiles : la théologie et la philosophie, mais surtout les « deux droits », c’est-à-dire le droit civil et le droit canonique (droit de l’Église).
Appartenant au clergé, les chanoines n’étaient pas mariés et par conséquent n’avaient pas d’héritiers légitimes. C’est pourquoi nombre d’entre eux léguaient leurs livres à leur mort à la cathédrale : la bibliothèque de la cathédrale était donc en grande partie composée des legs des chanoines et reflétait ainsi les préoccupations de ses clercs. Cela explique l’importance des ouvrages théologiques et juridiques dans les manuscrits de la cathédrale, ainsi que les nombreuses marques de possessions de chanoines dans les manuscrits.
Parmi les ouvrages issus des bibliothèques des chanoines, certains sont facilement repérables : en effet, leur propriétaire y inscrivait une marque de propriété. Les provenances d’autres sont connues par leurs testaments. Parmi les grands donateurs de manuscrits, on peut citer Jean Chardalle, chanoine et chantre de la cathédrale, qui a légué de nombreux ouvrages bibliques, théologiques mais surtout juridiques où l’on peut encore aujourd’hui voir son ex-libris.

Ex-libris de Jean Chardalle
Ex-libris de Jean Chardalle (ms. 75, f.353 )

Contenu du Les manuscrits de la cathédrale de Metz
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Des ouvrages dispersés


En 1790, la Révolution française disperse les chanoines de la cathédrale et saisit les biens ecclésiastiques, y compris la bibliothèque. Pendant les années qui suivent, ces ouvrages sont placés dans des dépôts ; certains, jugés les plus beaux, sont envoyés à Paris où ils appartiennent aujourd’hui aux collections de la Bibliothèque nationale de France. Les registres de documents de gestion de la cathédrale sont donnés aux Archives départementales. Enfin, la plupart des livres sont attribués en 1804 à la Bibliothèque municipale de Metz, qui a la charge de leur conservation.

 

Mais leurs aventures ne s’arrêtent pas là : en effet, pendant la Seconde guerre mondiale, certains manuscrits, jugés les plus précieux, sont mis à l’abri au fort du Saint-Quentin par les autorités allemandes. Face à l’avancée des armées françaises en août 1944, les forces allemandes se retirent et mettent le feu derrière elles au fort et aux livres qu’il abritait. Près de la moitié des manuscrits médiévaux des Bibliothèques-Médiathèques de Metz ont alors disparu en une nuit, parmi lesquels de nombreux livres de la cathédrale.