Contenu du Nancy avant Stanislas

Une cité en deux morceaux

En arrivant à Nancy en 1737, Stanislas découvre une cité séparée en deux par les fortifications. Au nord, une ville vieille médiévale, et au sud une ville neuve conçue à la Renaissance. Le passage d'une partie à l'autre n'est possible que par une porte, la Porte Saint-Nicolas et le franchissement de ses fossés. Un constat s'impose alors : Nancy doit être modernisée. C'est ainsi que commencent des travaux d'envergure à partir de 1751.

Nancy est l'objet d'un premier projet urbain sous Charles iii (1545-1608). L'objectif est alors de constuire au sud de la ville médiévale une ville neuve selon un tracé régulier. Par la suite, le duc Léopold (1698-1729) initie un vaste programme, nécessitant temps et moyens, alors que la ville a souffert des vissicitudes de la Guerre de Trente Ans. Une ordonnance de 1710 est à l'origine de nombreuses transformations. En conformité avec les aspirations des urbanistes de son temps, Léopold veut une ville moderne. Il souhaite que des édifices somptueux symbolisent la puissance ducale retrouvée.

Le Palais ducal

En 1715, après avoir vécu à la Malgrange pendant l’occupation de Nancy par les Français, Léopold et sa famille s’installent dans le palais ducal. Ce dernier restant cependant mal agencé aux yeux du duc, il fait l’objet d’un vaste chantier. C’est ainsi que les trois-quarts du Palais sont rasés en vue d'une reconstruction ambitieuse dont la maîtrise d’œuvre est confiée à Germain Boffrand.

Commencé en 1717, le projet est interrompu en 1722, alors que le bâtiment est presque terminé et que l’aile côté jardin est en cours d’élaboration. L’ensemble déjà construit est somptueux. Avec un ordre classique dominant, la façade du bâtiment principal est rythmée de pilastres et de colonnes à l’antique. Elle s’élève sur trois niveaux et comporte en son centre un fronton sculpté représentant Léopold de retour dans ses États. À juste titre, cette prouesse architecturale est par la suite appelée « Le Louvre de Boffrand ».

Les grosses difficultés financières du duché et la préférence de Léopold pour le château de Lunéville – premier chantier de Germain Boffrand alors recommandé par son oncle Jules Hardouin-Mansart - mettent cependant un terme définitif à ce programme. Avant l'aboutissement de ce vaste chantier, le bâtiment est cédé à la ville en 1739, avant d’être démoli en 1745.

Contenu du Nancy avant Stanislas
Contenu du Nancy avant Stanislas

Les édifices religieux

La Primatiale (premiers plans de Giovanni Betto, reprise par Jules Hardouin-Mansart puis Germain Boffrand) et Saint-Sébastien (édifiée entre 1720 et 1731 sous la direction de Jean-Nicolas Jennesson successivement architecte de Léopold, François iii et Stanislas) sont les deux églises principales établies par Léopold.

La facade de la Primatiale est caractérisée par trois ordres superposés. L'ordre inférieur est corinthien, les deux autres composites. La succession des trois architectes explique le manque d'harmonie de la façade, Mansart préconisait un dôme qui a été abandonné et remplacé par les deux tours. Ces dernières sont jugées sévèremment par Victor Hugo qui les qualifie de « poivrières Pompadour ». L'espace central comporte une horloge aux armes de Léopold surmontées d'une croix. L'intérieur de la Primatiale est beaucoup plus conforme au plan initial de Mansart.  

L'Église Saint-Sébastien est dédiée à ce dernier en raison des nombreuses épidémies de peste. Elle constitue la paroisse de la Ville-Neuve. Jennesson a su relever un défi technique en réussissant sa construction sur un terrain enserré entre quatre rues.

Les hôtels particuliers

Les créations monumentales ne se limitent pas aux édifices publics et aux églises. La situation sociale de Nancy et son essor démographique justifient un développement des habitations particulières. Les nobles, une fois la paix retrouvée, font relever ou restaurer leurs hôtels voire en édifier de nouveaux. Afin de rester proches de la cour, ils habitent en Ville-Vieille et confient majoritairement leurs commandes à l’architecte officiel du prince : Germain Boffrand (1667-1754).

Parmi les plus beaux hôtels particuliers conçus par cet architecte figurent l’Hôtel des Loups, situé rue des loups, l’hôtel de Beauvau Craon, place de la Carrière, bâti pour Marc de Beauvau, prince de Craon, époux de la favorite du duc, l’Hôtel Ferraris, rue du Haut-Bourgeois, ou encore l’hôtel de la Monnaie rue de la Monnaie.

Ces demeures étaient conçues pour recevoir et pour héberger des familles nombreuses et un personnel conséquent. Constituées d’une porte cochère imposante, elles comportent une importante quantité de fenêtres.

Contenu du Nancy avant Stanislas
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Les nouveaux quartiers

Dans la Ville-Neuve, l'habitat connaît une évolution dont bénéficient les classes moyennes. Léopold veut une ville organisée et rationnelle. Dès 1710, une ordonnance contraint tous les bourgeois à adapter leur habitat selon des normes de hauteur et d'alignement. Les espaces libres, peu nombreux, disparaissent progressivement. L'esplanade située au nord de la Ville-Neuve, plantée d'arbres disparaît à partir de 1715 pour faire place à des maisons plus modestes. Cinq années plus tard, ce sont les rues de la Visitation, des Carmes et Saint-Dizier dont les terrains sont progressivement occupés par des artisans ou des négociants. La rue du Manège, côté est de la ville, est tracée en 1720. Ainsi, tous les espaces sont bâtis à l'intérieur des remparts, et, à la fin du règne de Léopold, le Faubourg Saint-Pierre, en dehors des anciens remparts, connaît déjà un fort développement. Au nord, le Faubourg des Trois-Maisons s'étend jusqu'aux pentes de Boudonville.