Contenu du La Place d'Alliance

Stanislas, ancien roi de Pologne, devenu duc de Lorraine, veut faire de Nancy l’une des plus belles cités de l’Europe. En homme éclairé, il invite alors toutes les intelligences, savants et artistes, pour créer une nouvelle place reliée à la place Royale et la place de la Carrière afin de donner un équilibre cohérent à l’ensemble urbain et architectural de la ville nouvelle.

Une troisième place

Une place née de la volonté de Stanislas et dessinée par Héré

La place, dédiée au début à saint Stanislas, est construite sous la direction d’Emmanuel Héré, premier architecte du roi de Pologne, sur l’ancien potager royal de Léopold ier de Lorraine.
L’architecte prévoit de l’entourer de beaux immeubles avec, au centre, une statue de Stanislas ombragée par une double rangée de tilleuls. Mais les travaux commencés en 1751 s'éternisent. La place n’est pas encore achevée au moment de l’inauguration de la place Royale, le 26 novembre 1755. Mais en 1756 se produit un événement majeur : le renversement des alliances. Louis xv s'allie à l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, dont l'époux est l'ancien duc de Lorraine François iii. Alors les Lorrains, réjouis que la France soit réconciliée avec leur ancien souverain, décident que la nouvelle place serait le lieu idéal pour en perpétuer le souvenir. La place est rebaptisée place de l’Alliance, et on prévoit d’y placer un monument mémoriel à la hauteur de l’événement.

Toutefois en raison du conflit qui oppose quelques mois plus tard la France à la Prusse, la Lorraine est accablée d’impôts et se retrouve exsangue. Alors Stanislas par souci d’économie renonce à des dépenses supplémentaires et décide simplement de déplacer la fontaine de l’hémicycle du palais du gouvernement pour l’installer au centre de la toute nouvelle place.

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Une jolie fontaine

Une fontaine dessinée par Cyfflé commandée par Sanislas pour célébrer l'alliance

Dessinée par Paul-Louis Cyfflé, la fontaine est à l'origine prévue pour décorer l’hémicycle du palais de l’intendance place de la Carrière. Il s’agit d'un monument triomphal de style baroque érigé en l’honneur du roi de France Louis xv. Elle est composée de deux bassins. Dans le grand s'élève un énorme rocher contre lequel sont assis trois vieillards qui tiennent des urnes renversées d’où l’eau jaillit. Ils représentent les trois fleuves européens la Meuse, l’Escaut et le Rhin. Comme Atlas, leurs épaules soutiennent le bassin supérieur en forme de coquille surmontée d’un obélisque orné de médaillons célébrant les victoires et conquêtes militaires du roi. Sur le pyramidion un petit génie personnifiant la Renommée souffle dans une trompette où est attachée la bannière de France avec les trois fleurs de lys, il tient en même temps, de la main gauche, une couronne de lauriers.

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La fontaine dessinée par Cyfflé

 

Transportée sur la place, on la modifie en reprenant les principaux éléments de la fontaine originelle. La vasque en forme de coquille est remplacée par un plateau en plomb orné d’inscriptions latines sur lequel on a posé des cornes d’abondance. Au sommet de l’obélisque la Renommée redessinée par Cyfflé embouche toujours une trompette. Mais elle tient de sa main gauche non plus comme à l’origine une couronne de lauriers mais un bouclier sur lequel est gravé en latin l’éternel traité de concorde conclu en 1756 : Perenne concordiae foedus anno 1756.
La fontaine évoque la grande fontaine du Bernin de la Place Navone à Rome.

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Un nouveau quartier résidentiel

Stanislas veut voir naître un nouveau quartier

Stanislas, féru d’urbanisme et d’architecture, roi bâtisseur, ne laisse rien au hasard. Pour inciter ses serviteurs les mieux affectionnés à venir s’installer dans ce nouveau quartier, construit sur les abords de l’ancien terrain potager et faisant partie du domaine public, il leur cède gratuitement 23 lots morcelés autour de la place ; à charge pour eux de bâtir à leur frais des immeubles ou des hôtels privés, suivant une ligne architecturale similaire à celle de la place Royale et de la place de la Carrière : deux étages et de larges fenêtres. Les acquéreurs proches de la cour sont des architectes, des entrepreneurs habitués à acheter pour investir, des fermiers du domaine, des artistes, des personnes de confiance...

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Plan des concessions

Parmi les bénéficiaires, on peut citer tout naturellement Emmanuel Héré, mais aussi Claude Mique, qui appartient à une grande famille d'architectes nancéiens, Léopold Roxin, peintre du roi connu pour avoir été un éminent portraitiste, le valet de chambre du roi Denis Albert, et bien d’autres personnalités du milieu du xviiie siècle, comme Baligand l’ingénieur en chef des ponts et chaussées de Lorraine et du Barrois, à qui l'on doit la plupart des grands travaux publics faits en Lorraine au milieu du xviiie siècle.

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Un patrimoine architectural

Reflet de la richesse de ses propriétaires

La place d’Alliance, aux dimensions modestes, est entourée comme l'a prévu Héré, d’une double rangée de tilleuls plantés juste après la guerre de sept ans, en 1763. Le quartier est résidentiel, tranquille, sans commerce et à l’écart de l’agitation citadine.

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Rampe d'escalier en fer forgé, par Jean Lamour

Les façades des immeubles, comme prévu, sont d’architecture uniforme et reproduisent les fenêtres cintrées de la place Royale. Les rez-de-chaussée sont en pierre de taille, les deux étages en maçonnerie enduite, des corniches de pierre soulignent les horizontales des étages. L’encadrement des fenêtres est orné d’agrafes sculptées et agrémenté de persiennes en bois. Les hôtels particuliers sont édifiés selon un modéle canonique et signent ainsi le prestige du propriétaire : un portail cocher, un corps de logis central, une cour intérieure et un jardin d’agrément. Au numéro 16, rue Girardet, le portail de l’hôtel particulier ayant appartenu à l’architecte Claude Mique est flanqué par deux chapiteaux de pilastre dorique, sur lesquels des enfants sculptés présentent les attributs de l’activité de son propriétaire. L'hôtel accueille en 1824 l'École royale forestière. L’hôtel d’Alsace, au numéro 8, de la place d'Alliance, qui a appartenu à Héré, est une construction imposante signant l'architecture typique du classicisme français. Il comprend un bel escalier en colimaçon tournant à gauche et pour lequel Jean Lamour a exécuté une très belle rampe composée de panneaux et de balustres en fer forgé. Les éléments de décoration sont de rocaille doré. L’hôtel particulier au numéro 2bis, rue Girardet, construit par Denis Albert valet de chambre de Stanislas, présente également un magnifique escalier à limon en pierre avec une très belle rampe similaire à celle de l'actuel Musée des Beaux-arts et du grand-hôtel de la place Stanislas.