La place de la Carrière est située dans la vieille-ville de Nancy. Elle fait partie, avec la place Stanislas et la place d'Alliance, d'un ensemble de trois places, inscrit au Patrimoine Mondial de l'Unesco en 1983. Créée au xvie siècle, elle est la place la plus ancienne du trio. Constituée d'une longue bande rectangulaire, la place est clôturée par le Palais du gouvernement au nord et l'arc Héré au sud.
Un lieu de jeux et de courses équestres
En 1551, la place de la Carrière est avant tout une rue, assez large et rectiligne. Elle porte alors le nom de rue Neuve.
Du fait de la configuration de cet espace, joutes, courses et tournois équestres y sont organisés très tôt. La rue devient progressivement une place animée.
En 1605, le Conseil de ville fait marquer l'espace de jeux par une clôture en chêne tout autour du centre de la place, que l'on voit bien sur la gravure de Jacques Callot. Cette scène de tournoi nous montre avec détail les façades alignées mais bigarrées du pourtour de la Carrière et au loin, le Palais ducal.
C'est au cours du xviie siècle que le nom de la Carrière remplace le nom de rue Neuve. Cette dénomination fait directement référence à l'usage de la place : « la carrière » c'est le champ de courses.
La place garde cette appellation jusqu'à nos jours, à l'exception de l'époque révolutionnaire où elle prend temporairement le nom de place de la République démocratique.
Sous le duc Léopold
La place est visible sur les différents plans de Nancy du xviie siècle. Mais c'est sur celui de Claude de la Ruelle, réalisé en 1611, qu'elle apparaît de manière la plus détaillée.
Nous pouvons y voir à son extrémité la petite et la grande écuries (n°6), où logeaient les écuyers et maréchaux du duché de Lorraine. La porte principale, bien visible sur le plan, marque aujourd'hui l'entrée de la rue des Écuries. Juste à côté figurent deux hôtels particuliers (n°4-5), construits pour les comtes de Salm. Ravagé par un incendie en 1683, l'emplacement reste en ruines jusqu'au règne de Léopold ier. Le duc rachète le terrain et charge Germain Boffrand de construire à cet emplacement un hôtel particulier pour le duc de Beauvau-Craon. Ce bâtiment est aujourd'hui la cour d'appel de Nancy. Le style classique de cet hôtel sert quelques années plus tard de source d'inspiration à Emmanuel Héré, pour la construction des pavillons de la place Stanislas.
La place à l'âge classique
Emmanuel Héré, sous l'impulsion de Stanislas, apporte des modifications importantes à la place de la Carrière. Il s'emploie à rendre la place plus symétrique, uniforme et classique, et à l'aménager comme un prolongement de la place Royale.
Ainsi, il construit un hôtel particulier identique à l'hôtel de Beauvau-Craon en symétrie de l'autre côté de la place. Côté nord, il marque également les angles en édifiant deux pavillons symétriques. Emmanuel Héré établit sa demeure dans le pavillon ouest.
L'architecte reprend également l'ensemble des façades Renaissance des maisons de la place, pour leur donner un style classique, en adéquation avec la mode de son temps et la place Royale voisine.
La place est ornée de deux lignes de tilleuls, la clôture en bois installée au xviie est remplacée par une clôture de pierres. Sculptures de putti et fontaines habillent les quatre angles de la place. Enfin, deux grilles de Jean Lamour viennent marquer l'entrée de la place côté sud.
À l'extrémité de la place, s'élève le Palais du gouvernement, à l'emplacement où Léopold Ier avait débuté la construction de son palais. Ce nouveau bâtiment somptueux, siège de l'intendant Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière, fait face à l'Hôtel de ville située sur la place Royale ; il est pensé comme son pendant.
Le bâtiment est relié à la place par une colonnade antiquisante en forme d'hémicycle ornée de figures de l'Olympe. Une porte donne accès à la Grande Rue d'un côté, à la Pépinière de l'autre.
De l'autre côté, l'arc Héré, fait la jonction avec la place Stanislas. Il a été construit entre 1754 et 1756, par Emmanuel Héré, quasiment à l'emplacement de l'ancienne porte Saint-Nicolas, aménagée dans le rempart en 1673. L'arc est dédié, comme la place voisine, au roi de France. Du côté de la place royale, un décor évoque à la fois la paix et la guerre avec des sculptures réalisées en partie par Barthélémy Guibal.