Grâce aux différentes études et observations, le chat paraît moins sauvage. On cherche mieux à l’approcher, on se prend d’affection pour lui, voire on développe une véritable passion pour cet animal. Et le chat trouve particulièrement grâce aux yeux des artistes qui lui rendent hommage, que ce soit dans les textes littéraires ou dans l’art.
Tandis que du Bellay en 1568 et Ronsard en 1578 leur dédiaient des poèmes à la Renaissance, le siècle des Lumières verra quant à lui fleurir les amoureux des chats chez les aristocrates, et même jusqu’à la Cour du Roi. Louis XV lui-même appréciait le petit félin, allant jusqu’à mettre fin à la pratique du sacrifice de chats à la Saint-Jean. En bref, les chats font leur entrée dans le grand monde. Les gravures de l’époque, notamment chez Abraham Bosse, mettent d’ailleurs le chat en scène dans des intérieurs bourgeois ou nobles, se réchauffant près du feu, ou profitant de la chambre à coucher.
C’est à François de Moncrif que l’on doit le premier livre à plaider la cause des chats. Justement intitulé Les Chats et publié en 1727, il s’articule autour de onze lettres dans lesquelles il retrace la destinée du chat parmi les hommes à travers les âges. À la fois drôle et documenté, ce livre a largement contribué à la réhabilitation du chat. Moncrif ira jusqu’à écrire que « c’est dans les gouttières que nous ferions bien d’aller chercher de l’éducation », élevant ainsi le chat au rang de modèle de civilité. L’œuvre trouve son public et sera à de nombreuses reprises rééditée.
Autre amoureux des chats du siècle suivant : l’illustrateur favori des romantiques, Jean-Jacques Grandville. Il se plaît à croquer nos compagnons félins dans de nombreux croquis et gravures (voir ci-contre). En 1840, il publie un article dans la revue Le Magasin Pittoresque intitulé Physionomie du chat, accompagné de vingt dessins illustrant les diverses expressions félines (Grandville lui en compte 75).
Son contemporain l'écrivain Champfleury lui emboîte le pas et publie en 1869 un ouvrage intitulé Les Chats : histoire, mœurs, observations, anecdotes. Il y compile tous les éléments susceptibles de servir à la défense du chat, en passant de l’information érudite à l’anecdote plaisante. Il appuie son propos en mentionnant les grands amis des chats à travers les siècles tels que Mahomet, Baudelaire, mais aussi le cardinal de Richelieu, Colbert... L’ouvrage est illustré de 52 gravures d’après les oeuvres de grands maîtres comme Delacroix, Manet ou encore Hokusai.
Moncrif et Champfleury lanceront définitivement la mode des livres sur les chats qui vont dès lors se multiplier.