Fables médiévales
Pour ce qui est de la littérature mettant en scène des chats, elle se rencontrait déjà au XIIe siècle, principalement dans les fabliaux, devinettes, contes et nouvelles. Le chat est alors le héros d’une multitude de proverbes comme par exemple « chat échaudé craint l'eau froide » qui date de cette époque.
En effet, dès le début du Moyen Âge sont rédigés des recueils de fables appelés ysopets (car inspiré d’Ésope). Le plus célèbre de ces recueils est celui de Marie de France, composé au XIIe siècle. Il contient entre autres la fable du « Renard et du chat », et celle du « Chat qui se fit évêque ». La thématique d’Ésope est également présente dans le Roman de Renart (XIIe siècle) dans lequel le chat Tibert se dispute avec Renart le goupil.
Le Chat devenu héros
Plus tard, au XVIIe siècle, le petit félin domestique se fera héros romanesque.
Le plus bel exemple est celui des Fables de La Fontaine écrites entre 1668 et 1694. Ayant largement puisé dans les fables d’Ésope, La Fontaine dresse un portrait du chat assez peu flatteur : il le décrit comme l’Attila des rongeurs ou l’Alexandre des chats : il chasse avec ruse, cruauté et fourberie (« Le Chat, la Belette et le Petit Lapin »), et renie ses amis par intérêt (« Le Chat et les deux moineaux », voir ci-contre). Cette position de La Fontaine n’empêcha pas à ses Fables de rencontrer un immense succès et de figurer, aujourd’hui encore, parmi les livres les plus connus. D'autant qu'elles seront régulièrement illustrées par les plus grands artistes au fil des siècles : de Cochin à Doré, en passant par Grandville.
Contemporain de La Fontaine, Charles Perrault sort en 1697 Les Contes de ma mère l’Oye qui seront eux aussi illustrés par les mêmes grands noms du dessin. On rencontre parmi ces contes le fameux chat botté qui s’inspire d’histoires et légendes anciennes : par exemple la fondation de Venise mettant en scène un négociant qui s’enrichit grâce aux talents de chasseur de ses chats, ou encore un conte persan relatant l’histoire d’un orphelin devenu riche grâce à son chat. Mais c’est bel et bien Perrault qui donnera à cette thématique une renommée internationale grâce à son conte « Le Chat botté ». Conte qui traverse les frontières et les siècles puisqu’on le retrouve chez les frères Grimm, Tchaïkovski, et même encore récemment en version parodiée dans la saga Shrek.
Moins connue mais non moins importante, Madame d’Aulnoy reprend ces personnages en 1698 dans ses Contes nouveaux ou les Fées à la mode. Parmi ces récits, on trouve celui de « La Chatte blanche » dans lequel on rencontre le chat Rodilardus qui fut pendu par les pieds au « Conseil tenu par les rats » de La Fontaine, et également le chat botté du Marquis de Carabas de Charles Perrault. Dans ce conte, le chat figure encore comme un guide merveilleux et protecteur. La chatte se révélant être une princesse métamorphosée, le conte trouvera écho un siècle et demi plus tard dans les Nouveaux contes de fées de la comtesse de Ségur qui y transforme un prince en chat.
À la fin du XVIIIe siècle, le chat continue de se raconter à travers les Fables (1792) de Florian, dont plusieurs mettent le chat en scène.
L'Ami des tout-petits
Si la plupart des contes sont originellement destinés à un public d’adultes, peu à peu, le chat va devenir une vedette de la littérature enfantine qui apparaît à partir du XVIIIe siècle.
L’entrée du chat dans les bibliothèques enfantines avait d’abord commencé en Angleterre dans les petits livres d’étrennes illustrés, puis se poursuit en France dans la seconde moitié du XIXe siècle à l’aide des collections dédiées à la jeunesse comme la fameuse « Bibliothèque rose illustrée » de chez Hachette. Ces livres offrent alors des récits plutôt conventionnels, et il faudra attendre Lewis Carroll et son chat du Cheshire en 1865 pour amener un peu de fantaisie chez les chats de papier.
Les livres pour enfants dont le héros est un chat sont trop nombreux pour être tous mentionnés, mais on peut citer Rroû de Maurice Genevoix (1931), qui raconte l’histoire d’un chat découvrant la vie à la campagne et la liberté, ou encore Jennie de Paul Gallico (1950) dans lequel un petit garçon transformé en chat est initié à la vie des gouttières de Londres par une chatte au caractère bien trempé. Notons également la série de contes de Marcel Aymé publié entre 1934 et 1946 et qui prend le nom de Contes du chat perché.