Contenu du Le tramway à Metz au début du XXe siècle : tout le monde le prend, personne ne l'aime

En cas d'innovation, les prophètes de malheur sont toujours légion

En 1902, les tramways électriques messins sont mis en place. Les critiques ne manquent pas, même avant la mise en service. Les pessimistes prévoient des accidents qui ne manqueront pas de se produire ; alors que les travaux sont à peine commencés, les décisions prises au sujet du tracé des lignes soulèvent des controverses : à tel endroit la courbe est trop courbée, à un autre endroit, la pente est trop pentue, et les lignes ne desservent pas tel ou tel village, et puis les travaux occasionnent maints désagréments ; enfin, désastre parmi les désastres, les tramways vont gêner le commerce ! Les augures décrètent les calamités : l'un prédit même que le tramway électrique stresse la population et produira des générations de neurasthéniques, voire d'idiots. On se souviendra qu'un oracle similaire avait été rendu à propos du chemin de fer, à l'époque de ses débuts. Aurait-on trouvé, dès les premières années du XXe siècle, une cause au stress de nos sociétés : les transports à l'électricité ?

Le tramway électrique, vraiment, n'apporte que des inconvénients

Un lecteur minutieux réalise une comparaison  entre les tramways à Metz et à Nancy. Les aménagements intérieurs et extérieurs sont critiqués. Les riverains se plaignent de la poussière soulevée. L'impolitesse, la rudesse des employés semblent communes. Un lecteur remarque que les employés ne sont pas bilingues. Le règlement intérieur est publié dans la presse et rappelle le personnel à ses devoirs envers le public. Si les questions des recettes, du rendement ou  des tracés et des tarifs sont souvent évoquées, d'autres charges paraissent surprenantes. Une polémique s'engage sur la question de l'autorisation des fleurs dans le tramway. La Compagnie des Tramways fait publier par voie de presse des éclaircissements à ce sujet. Une autre accusation concerne l'épingle à chapeau qui peut causer des accidents. C'est une question de sécurité internationale : Chicago, Saint-Pétersbourg, Strasbourg, Berlin, Nancy entre autres prennent des arrêtés pour les interdire ou les réglementer. Mais que fait Metz pour protéger les usagers de cette "coquetterie homicide" ?

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Enfin, il existe quand même quelques bienfaits indiscutables à ce moyen de transport moderne

Il semble que les gens prennent principalement la plume pour se plaindre, mais quelques-uns (plus honnêtes que les autres ?) soulignent les bienfaits du tramway. Si les investissements ont été lourds et que la rentabilité se prévoit à long terme, on reconnaît que le tramway dégage de bonnes recettes, depuis que la ville en est propriétaire et en assure l'exploitation. C'est aussi, il faut le reconnaître un moyen de transport plus rapide que les voitures hippomobiles.  La question des abonnements remporte la faveur du public, notamment ces abonnements mi-mensuels sont considérés comme une invention avisée. Alors, les pessimistes avaient-ils raison ? Il semble bien que non. Après avoir sillonné nombre de villes pendant des décennies, le tramway fut abandonné à Metz en 1948. Aujourd’hui ce moyen de transport n’évoque plus que des souvenirs surannés à nos aînés.