Histoire

Assainir la ville au XIXe siècle

Le xixe est un siècle de grands changements en ce qui concerne la salubrité publique. Au programme : assainissement des villes, modernisation et propagation des équipements d'hygiène, et développement des bonnes pratiques.

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Le xixe est un siècle de grands changements en ce qui concerne la salubrité publique. Au programme : assainissement des villes, modernisation et propagation des équipements d'hygiène, et développement des bonnes pratiques.

XIXe siècle

La Révolution hygiéniste

Durant la période post-révolutionnaire, les villes sont pointées du doigt en ce qui concerne l’hygiène. En effet, des études menées au xviiie siècle mettent en avant un taux de mortalité plus élevé en comparaison de la vie à la campagne. De nombreux éléments sont vus comme responsables de cette surmortalité, généralement liés à deux évènements majeurs de l'époque : l'exode rural, qui provoque l'entassement des populations, et la révolution industrielle qui implique la présence d'activités insalubres dans ou près des villes.

Au milieu du xixe siècle naît un courant de pensée qui fait prendre un grand virage en matière de salubrité publique : l’hygiénisme. Ce courant est le moteur de tous les grands changements urbains en termes d’hygiène publique au cours de ce siècle. Ces aménagements, qui s'appliquent partout en France, permettent de faire reculer en quelques décennies le taux de surmortalité urbaine.
Définition de l’hygiène publique, selon les Annales d’hygiène publique et de médecine légale (1829) :

« Art de conserver la santé aux hommes réunis en société […]. C’est elle qui observe les variétés, les oppositions, les influences des climats, et qui en apprécie les effets ; qui constate et éloigne toutes les causes contraires à la conservation et au bien-être de l’existence ; enfin, qui avise à tous les moyens de salubrité publique. »

Avec l’hygiénisme, des conseils de salubrité sont mis en place. Les médecins ont alors un espace pour faire entendre leurs recommandations sanitaires. En s’appuyant sur celles-ci, des ingénieurs, profession alors montante, vont repenser la ville. Ils basent leur réflexion sur le fait de donner sa place à chaque élément que sont l’air, le sol et l’eau.
Des programmes urbains imaginent les cités modernes, comme à Nancy en 1913.

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L'Air

Assainir l'air

C’est indéniable, l’air des villes est vicié. Il est nécessaire d’apporter un air plus pur dans l’espace urbain, et pour cela les ingénieurs opèrent dans différents champs d’action.
Pour commencer, on s’aperçoit que les villes sont trop enfermées, souvent cernées par d’anciens remparts ou fortifications qui n’ont plus lieu d’être. Ces murs obsolètes sont progressivement détruits, à l'exemple des remparts bastionnés de Metz datés du xviiie siècle et partiellement détruits entre 1901 et 1906. Ils laissent la place à un ring, boulevard circulaire bordant le centre-ville, et formé aujourd’hui par le boulevard Maginot, les avenues Jean-xxiii, Foch et Joffre.

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Démolition des remparts de Metz

Les boulevards fleurissent à cette époque, et ce toujours sur les recommandations des Conseils de salubrité qui stipulent que l'élargissement des rues permet une meilleure circulation de l'air. Ainsi sont aménagés des mails et boulevards arborés.

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Nouveaux boulevards près de la gare, à Metz.

Enfin, afin de ne pas corrompre ce nouvel air qui circule mieux, il est nécessaire d'éloigner, ou du moins d'isoler, les activités insalubres (usines, mais aussi abattoirs, tanneries, cimetières...). Autant que faire se peut, les activités nuisibles sont délocalisées loin des espaces d'habitation, à l'exemple du cimetière Litadus de Montigny-les-Metz, bâti en 1868 en périphérie de la ville.

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Vue aérienne de Montigny-les-Metz et son cimetière Litadus en périphérie.

En ce qui concerne les activités ne pouvant être déplacées comme les usines, des murs d'enceinte sont élevés afin de limiter de potentielles contaminations.

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Usines Bragard situées à Épinal, cernées par de hauts murs d'enceinte.
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Le Sol

Aménager le sol

Le sol est la première cause de l'insalubrité dans les villes. Il faut dire qu'à cette époque nombreux sont les déchets qui jonchent les sols, sans parler des pots de chambre dont le contenu est vidé sur l'espace public chaque matin. Il faut attendre 1884 pour qu'Eugène Poubelle ordonne à Paris le dépôt des déchets dans des récipients spéciaux munis d'un couvercle, et quelques années encore pour que cette pratique se généralise jusqu'en province.

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Femmes vidant leurs pots de chambre le matin à Épinal

En attendant l'arrivée tardive de ces containers à déchets, on pense à dégager les routes des saletés via des caniveaux. Les routes sont alors bombées, ce qui permet aux souillures de glisser sur les côtés. Afin de recueillir ces ruisseaux pollués, des égouts souterrains sont implantés, notamment à Metz sous l'impulsion du maire Félix Maréchal (1854-1870). De plus, on établit des trottoirs surélevés pour ne pas avoir à fouler ces souillures. Les trottoirs permettent également de protéger les piétons de la circulation en leur dédiant un espace.

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Plan des égouts de la Ville de Metz en 1861

Toujours pour faciliter l'écoulement des déchets, le pavage des routes est de plus en plus répandu. On assiste alors à une forte minéralisation des espaces urbains dans le but de les assécher.

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La place des Vosges pavée à Épinal
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L'Eau

Maîtriser l'Eau

L’eau, cet élément primordial pour servir la propreté à la fois du sol, des habitations et bien sûr du corps. Le xixe siècle place l'eau au coeur de ses réflexions.
Avec les explosions démographiques du début du siècle, les villes construisent d’avantages d’aqueducs et de nouvelles fontaines afin d’approvisionner en eau potable leur population. À Metz, c'est encore sous la municipalité de Félix Maréchal qu'est installé un réseau d'eau potable. Plus globalement, et sous l’impulsion de Napoléon ier, d’anciennes fontaines sont remises en service, d’autres sont construites pour faire office de château d’eau.

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Château d'eau dans une rue de Dombasle-sur-Meurthe

Car ces châteaux d’eau, même s'ils tiennent leur existence de l’Antiquité, ont longuement été oubliés pour être remplacés par les porteurs d’eau. Mais avec l'accroissement des populations, le xixe siècle en érige de nouveaux. En plus d'approvisionner les villes en eau potable, ils servent également au bon fonctionnement des locomotives à vapeur, d'où leur présence fréquente à proximité des gares.

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Château d'eau de la gare de Nomeny

 

Sous terre, des travaux d'aménagement ont également lieu. Outre l'implantation des égouts, on canalise  certains ruisseaux. Citons par exemple à Épinal la canalisation des ruisseaux de Saint-Michel et d'Ambrail par les frères Pierre Nicolas et Antoine Dutac

 

Dans les habitations, le raccordement à l'eau courante se fait lentement et tend à privilégier les propriétaires bourgeois. En attendant, et afin de servir à l'hygiène des corps de toutes les classes sociales, des bains-douches ouvrent leurs portes un peu partout sur le territoire. Inspirés des thermes romains, alors très présents dans les Vosges, les bains-douches sont des établissements publics équipés, comme leur nom l’indique, du nécessaire permettant à la population de se laver. À cette époque où rares sont les habitations dotées de pièces d’eau destinées à l'hygiène corporelle, les résidents se contentent généralement d’une toilette sommaire des mains et du visage, et ponctuellement de bains de rivière.
Les bains-douches s’établissent dans des bâtiments totalement dédiés, ou bien dans des établissements thermaux déjà présents, ou encore dans des entreprises privées ou usines bénéficiant déjà de pièce d’eau propre à accueillir cette activité.

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Bains-douches des Roches à Metz
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Hygiène de l'enfant

En parallèle à cette offre d'équipements publics, on développe de plus en plus l'éducation à l'hygiène auprès de la population. Et ce sont les écoles qui sont le théâtre de cette nouvelle tendance. En effet l'instituteur, assisté généralement d'un médecin, promeut auprès des élèves les bonnes pratiques sanitaires que ce soit sur l'hygiène des corps (lavage des mains régulier), ou de l'environnement (aération des pièces, nettoyage des sols...). Les élèves, en rentrant chez eux et mettant en place ces pratiques éduqueront alors le reste de leur famille.