L'évolution de la place des femmes dans le sport a été rendue possible grâce au combat et au parcours de femmes remarquables comme Alice Millat, dont nous avons parlé ici. Mais également de quelques figures locales lorraines. C’est notamment le cas de Marie Marving, surnommée "la fiancée du danger". Ce nom ne vous dit sans doute rien, et pourtant. Il appartient à une femme au parcours exceptionnel, qui a peu à peu sombré dans l’oubli.
Marie est née à Aurillac, mais a vécu en Lorraine dès ses 5 ans, à Metz puis à Nancy. Son père, amateur de sport, lui transmet sa passion, et elle commence par pratiquer l’alpinisme, le canoë et la natation (à 5 ans elle nage déjà 4 km !). Elle pratique également le cyclisme, le ski, le patinage ou encore l’escrime. Un parcours qui va peu à peu sortir de l’ordinaire. En 1899, Marie Marvingt devient l’une des premières femmes à obtenir son permis de conduire. En 1905, elle est la première femme à traverser Paris à la nage, dans la Seine. En 1908, elle désire participer au Tour de France mais sa candidature est rejetée (alors qu’elle avait prévu de courir en jupe-culotte afin de ne pas choquer les esprits !). Elle fait malgré tout le même parcours que les hommes, mais en prenant un départ différé.
Par la suite, Marie Marvingt prend une toute autre direction en s’intéressant au monde de l’aviation. Elle passe notamment les brevets de pilote d’avion, hydravion et ballon. Par ailleurs, elle entreprend, en octobre 1909, une traversée en ballon au-dessus de la Mer du Nord et de la Manche. Un parcours de plus de 400 km, qui démarre du parc de la pépinière à Nancy, et qui se terminera sur les côtes anglaises, non sans petits contacts avec la mer.
Souhaitant mettre ses connaissances au service du plus grand nombre, Marie va révolutionner l’aviation sanitaire. En effet, peu avant la Première Guerre Mondiale, elle invente un prototype d’avion capable de transporter les blessés par voie aérienne. Lorsque la guerre éclate, elle souhaite apporter son aide en tant que pilote, mais fait face à un refus. Elle se déguise donc en homme et rejoint le front. Pendant 47 jours, personne ne la soupçonne d’être une femme ! Puis, démasquée, elle est renvoyée chez elle. Grâce au Maréchal Foch, elle obtient par la suite l’autorisation de rejoindre les chasseurs alpins en Italie, où elle aide à rapatrier les soldats blessés (qui sont bien contents de pouvoir profiter de son invention !).
Suite à cela, Marie Marvingt obtiendra la Croix de Guerre et sera faite Chevalier de la Légion d’honneur. Elle est ensuite infirmière de guerre pendant la Seconde Guerre Mondiale et invente un nouveau type de suture, plus rapide et limitant les infections.
Toujours plus étonnante, elle passe son brevet de pilote d’hélicoptère en 1955, alors qu’elle a… 80 ans ! Puis à 86 ans, elle relie Paris à Nancy en vélo, et revient en hélicoptère. De quoi faire taire Pierre de Coubertin et ses disciples une bonne fois pour toutes. Ils prétendaient que les femmes n’étaient pas faites pour l’effort physique, Marie Marvingt a démontré le contraire. D’ailleurs, on aurait bien aimé voir ces messieurs tenter de faire pareil !
Marie Marvingt est à la tête de 17 records mondiaux et possède 34 décorations en son nom. Malgré cela, elle meurt dans le plus grand anonymat et est toujours méconnue. L’histoire aurait-elle été différente si elle avait été un homme ?
En 2019, nous ne pouvons que constater les progrès et victoires gagnées dans le sport féminin. De grands noms s’ajoutent petit à petit au palmarès masculin : Laure Manaudou, Amélie Mauresmo, Estelle Mossely et plus récemment Amandine Henry ou encore Eugénie Le Sommer. Et bien que les inégalités persistent, les sportives féminines ne cessent de gagner du terrain et prendre de l’importance, dans la lignée de celles qui, au fil de l’histoire, n’ont cessé de se battre contre les injustices et les préjugés.
Si aujourd'hui les femmes sont bien présentes dans le monde du sport, cela n'a pas toujours été le cas. Elles ont rencontré un grand nombre d'obstacles à travers les différentes périodes de l'histoire. Obstacles que certaines d'entre elles ont su surmonter, afin de faire évoluer la condition des femmes dans ce milieu qui leur était alors fermé.
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