Jollois, le jeune aventurier

Le 2 juillet 1798, Bonaparte se lance dans la campagne d’Égypte. En plus des 37 000 hommes qui embarquent sur plus de 300 navires, 167 savants, ingénieurs et artistes se joignent à l’expédition et forment la Commission des sciences et arts de l’Armée d’Orient. Ce sont deux enseignants de l’École Polytechnique, Monge et Berthollet, qui sont chargés du recrutement. Logiquement ils recrutent parmis les nouveaux diplômés de leur école, dont Jollois fut élève de la première promotion. 
Jollois a 22 ans quand il embarque vers une destination tenue secrète. Dans une lettre à son père, il explique les raisons de son départ :

« Il faut maintenant que je vous dises quelles sont les raisons qui m’ont déterminé à faire une pareille folie, si toutefois c’en est une. D’abord c’est un désir de voyager que je nourris depuis longtemps, et que, dans aucune circonstance, je ne pourrais, à coup sûr, réaliser aussi avantageusement ; ensuite, l’ardent désir d’acquérir de l’instruction, de l’expérience ; enfin, la conviction intime que j’ai que ce voyage ne peut que m’être utile. »

Jollois fait la traversée sur le Guerrier en compagnie d'Édouard de Villiers du Terrage, surnommé Devilliers, également polytechnicien, de là naîtra une grande amitié entre les deux, jusqu’à leur mort. Ils débarquent  le 4 juillet 1798 à Alexandrie.

Contenu du Jollois en  Égypte
Contenu du Jollois en  Égypte

Jollois, l'égyptologue

Les missions premières de Jollois relèvent de sa formation d’ingénieur des ponts-et-chaussées : il est chargé de la construction d’hôpitaux dans la ville du Caire, où il découvre les pyramides de Giseh, puis des travaux hydrauliques dans le delta du Nil et enfin d'examiner le régime du Nil en Haute-Égypte et d'étudier le système d'irrigation. Indépendamment de ce travail d’ingénierie, lorsqu’il parcourt l’Égypte, il recueille de nombreux relevés et dessins sur les villes et les monuments antiques avec son ami Devilliers. 

Jollois eut une fin de campagne mouvementée : il est mis aux arrêts puisqu’il refuse d’aller à Ménouf et souffrant d’une ophtalmie il souhaite rentrer en France. Il est de retour le 10 janvier 1802 à Brienon-sur-Armançon (Bourgogne) dont il est originaire. 

Jollois et La Description de l’Égypte

En 1806, Jollois est nommé secrétaire de la Commission d’Égypte, il est chargé à temps plein jusqu’en 1810 de la publication de la monumentale Description de l’Égypte qui doit regrouper l'ensemble des résultats scientifiques des savants. Parue entre 1809 et 1822, elle est composée de 23 volumes dont 13 de planches, imprimés sur vélin d’Arches aux formats créés spécialement. Ces planches sont d'une grande précision scientifique ; pour la première fois des ingénieurs s’intéressent aux antiquités égyptiennes de manière scientifique et non comme des collectionneurs, leur souci est de mesurer, quantifier, replacer chaque monument dans un contexte historique et culturel. Jollois et Devilliers réalisent ensemble une centaine de planches notamment consacrées aux bas-reliefs astronomiques dont le fameux zodiaque de Dendérah. Jollois conçoit également avec Dubois-Aymé des planches de l’intérieur du Delta qu'ils ont visité à l'occasion de travaux hydrologiques dans le delta du Nil.

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