Quatre figures lorraines dans la tourmente révolutionnaire
Le général de Custine, un noble en guerre pour la Révolution
Adam Philippe comte de Custine est né à Metz le 4 février 1740. Sous-lieutenant dès l’âge de sept ans, cet aristocrate voua sa vie entière au métier des armes. Mais s’il accomplit l’essentiel de sa carrière militaire sous l’Ancien Régime, il se rallia pourtant aux idéaux révolutionnaires, davantage séduit, certes, par les idées libérales que par les promesses d'égalité. Avant la Révolution, il fut des officiers qui, sous les ordres de Rochambeau, participèrent à la guerre d’indépendance américaine. Il s’y distingua par ses faits d’armes, notamment lors de la prise de Yorktown, où les troupes britanniques furent contraintes à capituler (octobre 1781). Ce succès lui valut, à son retour du Nouveau-Monde, le grade de maréchal de camp. Il fut nommé en même temps gouverneur de Toulon.
Au printemps 1789, Custine est représentant de la noblesse de Lorraine aux États généraux. Lorsqu’il siège à l’Assemblée nationale constituante, ses prises de position reflètent celles des nobles les plus libéraux. S’il s’exprime en faveur de la Déclaration des droits de l’Homme, il n’en reste pas moins attaché aux prérogatives royales, et se montre un partisan peu zélé de l’abolition des privilèges.
Revenu à la vie militaire en 1791, il est envoyé en Alsace. La Révolution est alors menacée par les monarchies europénnes, et la patrie est en danger. En avril 1792, l’Assemblée législative décide donc de déclarer une guerre préventive au Roi de Bohême et de Hongrie.
Après être entré dans le Palatinat, Custine s’empare, en tant que général en chef de l’armée du Rhin, de villes importantes : Spire, Worms, Francfort, Mayence. La prise de cette dernière, en octobre 1792, revêtait un caractère à la fois stratégique et symbolique. Pourtant, peu après, une série de revers face aux Prussiens l’obligea à justifier, devant le gouvernement révolutionnaire, sa conduite dans la poursuite des opérations. Dénoncé comme traître par les journaux maratistes, il est rapidement mis en accusation par le Comité de salut public, et après un procès expéditif, condamné à mort le 27 août 1793. Il périt sur l'échafaud le lendemain.
Custine illustre parfaitement les contradictions de certains généraux issus de la noblesse qui, gagnés aux idées libérales de 1789, furent dépassés par le tour radical pris par la Révolution. Custine se battait en militaire aussi bien qu'en aristocrate, et autant pour la Nation que pour l'idée qu'il s'en faisait. Malgré ses réticences envers certaines idées démocratiques, pour lui, la Révolution et la France ne faisaient qu'un.