Une promenade au printemps, dans un petit coin de nature, en compagnie d’une ravissante demoiselle à la silhouette très épurée, presque diaphane, vêtue d’une longue robe épousant délicatement les formes de son corps longiligne.
Le cadre est joyeux, bucolique, baigné par une douce lumière restituant la sérénité, le calme, la fraîcheur purificatrice des montagnes et des forêts vosgiennes. À la lisière du bois, sous les branches délicates et protectrices des sapins qui exhalent généreusement des résines odorantes et bienfaisantes, l’artiste à campé le jardinet idéal de l’apothicaire.
On y trouve les ronces des bois aux épines acérées mais dont les feuilles sont prêtes à être récoltées et séchées pour des douces tisanes, suivise par la grande ciguë avec ses petites fleurs blanches disposées en ombelles, et en princesse des lieux, la digitale pourpre aux grandes feuilles velues et charnues.
Si la flore illustrée est tangible et donne un équilibre subtile au dessin, la jolie cueilleuse dégage quant à elle quelque chose d’impalpable, symbolisant peu ou prou de manière allégorique la dame blanche à la recherche d’herbes magiques que l’on entrevoit parfois au détour d’un chemin, les soirs d’été.
Henri-Charles Hogard géologue, cartographe et dessinateur de talent, sensible aux beautés de la nature adopte ici manifestement le style nabi lui permettant de traduire avec conviction la démarche à la fois scientifique et empirique de la jeune phalange pharmaceutique et estudiantine nancéienne des années 1900. Il signe ses oeuvres sous le pseudonyme Dry.
En somme, une belle affiche lithographiée par Jean Coube et destinée à illustrer naturellement la première page de couverture du Livre d'or du 2e congrès des pharmacien de France, organisé à Nancy en mai 1909 et en marge de l'Exposition internationale de l'Est de la France.