Contenu du Les villes d’eau des Vosges

Développement des stations thermales

Le thermalisme vosgien bénéficie d’une série de facteurs économiques politiques et culturels favorisant son développement au milieu du XIXe siècle.

Protéger, encourager, investir

Durant le Second empire une législation en faveur de la protection des eaux est régulièrement promulguée. Napoléon III, souffrant de rhumatisme et de calculs rénaux, séjourne régulièrement à Plombières. Le 14 juillet 1856, il signe un décret impérial sur la conservation, la protection et l’aménagement des sources déclarées d’intérêt public. Pour l’Empereur des Français, les villes thermales sont des entreprises qui doivent être encouragées et protégées. Le thermalisme connaît un nouvel essor.

Des hommes d’affaires, des actionnaires, des banquiers, mais aussi des notables, des médecins créent des sociétés anonymes et investissent dans un secteur très prometteur. La Société générale des eaux minérales de Contrexéville est constituée en 1864. À Vittel, avec l’appui des frères Bouloumié, la société est fondée en 1882. Encouragées par les autorisations d’exploitation et guidées par l’intérêt économique bien compris, ces sociétés favorisent l’embouteillage à la source et la vente des eaux minérales à grand renfort de publicité. On soigne sur place, c’est la règle, mais aussi à domicile.

Le train favorise le tourisme

Les villes d’eaux, insérées dans des écrins de nature, souvent montagneuses et éloignées des grandes villes, deviennent progressivement accessibles par le train. Des compagnies privées de chemins de fer sont créées : la Compagnie de l’Est en 1845 ouvre la fameuse ligne Paris-Strasbourg. On rejoint Plombières en 1851 via la gare de Nancy où un service de calèches attend les voyageurs. Sous l’impulsion de l’ambitieux plan Freycinet en 1878, on construit à un rythme accéléré un maillage ferroviaire sur l’ensemble du territoire et on le raccorde à celui des pays voisins. Le train arrive alors directement à Plombières en 1878, à Contrexéville et Vittel en 1881. Un petit train des eaux en 1893 relie spécialement la capitale aux villes thermales des Vosges.
Ainsi est-il possible de fuir la vie parisienne, de se rendre soit à la mer, soit à la montagne avec des trajets plus courts et plus rapides qu’en calèche. Les compagnie des chemins de fer privées publient des documents promotionnels, lancent des tarifs avantageux pour les familles, publient des affiches illustrées à grand renfort de couleur et proposent des excursions en France et à l’étranger.

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La fréquention augmente

Entre 1850 et 1870, le nombre de curistes triple, et on dénombre 200 villes d’eaux en France. En Lorraine, à coté de la clientèle locale, familiale et modeste, composée d’ouvriers, de rentiers, de petits propriétaires, de militaires et de religieux, les villes thermales reçoivent aussi une clientèle française parisienne et étrangère plus argentée composée de notables, d’aristocrates, de gens du monde, d’hommes de lettres et de personnages politiques illustres. Les villes d’eaux des Vosges, en particulier Vittel et Contrexéville, deviennent par un effet de mode, des destinations incontournables pour l’élite, on ambitionne de se retrouver entre soi. 

Hôtels et palaces

Et il n’est pas question de partir aux eaux sans un train de vie luxueux. Au début du XXe siècle à Vittel, on recense douze hôtels, auxquels viennent s’ajouter en quelques décennies trois hôtels de luxe, le Grand Hôtel en 1912, le Vittel-Palace, et le Grand-Hôtel de l’Ermitage en 1929. Contrexéville possède pas moins de trente-deux hôtels, dont le Continental et le Cosmopolitain. Les palaces thermaux sont fréquentés par des curistes célèbres, comme le Shah de Perse, la grande duchesse Maria Pavlovna de Russie, la reine Isabelle d’Espagne.

La fin de l’âge d’or du thermalisme

Durant la Première Guerre mondiale, les hôtels sont réquisitionnés pour devenir des hôpitaux et mettent du temps à reprendre leurs activités. En Lorraine, le projet thermal de Longwy est avorté ; Martigny-les-Bains et Mattaincourt, qui ont suscité tant d’espoirs, ne se relèvent pas.

Après la Seconde Guerre mondiale, les cures thermales interrompues par le conflit reprennent. Les Français bénéficient désormais des congés payés, les soins médicaux sont pris en charge par la Sécurité Sociale créée en 1947. Les riches curistes de la Belle Époque et des Années Folles cèdent la place au tourisme de masse : la société mondaine délaisse peu à peu les villes d’eaux et se dirige plutôt vers les stations balnéaires plus chics. L’aspect médical du thermalisme prend le dessus sur les loisirs, au bénéfice des couches populaires qui choisissent de préférence la station de Bains-Les-Bains parce que ses hôtels depuis toujours y sont moins chers et qu’ils préfèrent aux distractions mondaines le calme d’une nature paisible.

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