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Les Romains construisent des thermes en Lorraine

Le thermalisme sur notre territoire apparaît durant l’époque gallo-romaine. De nombreuses fouilles archéologiques démontrent clairement, notamment à Plombières et à Bains-les-Bains, que les citoyens romains, les soldats de César ou les légions rhénanes exploitaient avec profit les sources d’eau naturelle dans des bâtiments construits à cet effet, entre le Ier et le IVe siècle après J-C.

Les soldats et les citoyens romains profitent des eaux de Plombières et de Bains-les-Bains parce qu’elles sont chaudes. Elles ont un pouvoir relaxant et apaisant, elles soignent, nettoient, purifient et participent aux plaisirs du corps. Les armées, les soldats de César parcourent la Gaule et de bataille en bataille, les troupes ont besoin de panser leurs plaies et de se reposer. Chez les romains, la connaissance des eaux se base exclusivement sur un savoir empirique (Pline l’ancien reconnaît les vertus de l’eau minérale mais il n’est pas médecin, il est naturaliste), la médecine antique est rationnelle, scientifique et de tradition grecque (Galien) et ne reconnaît pas les vertus de l’eau minérale, l’eau doit être chaude ou froide. Une eau simple suffit.
Amateur de bains, ils prennent l’habitude durant les campagnes d’installer leurs camps  près des sources. Ingénieux, ils perfectionnent peu à peu les captages et construisent des thermes, des bâtiment en brique et en béton pouvant accueillir des bains, des piscines, des étuves. Les pièces et l’eau, au besoin, sont chauffées au sol par un système de chauffage central appelé « hypocauste » : le principe de fonctionnement du thermalisme est posé.

 

Plombières

À Plombières, l’historien érudit Dom Calmet dans son « Traité historique sur les eaux et bains de Plombières » écrit qu’« il y a tout lieu de croire que les Romains qui ont été maîtres des Gaules pendant quatre ou cinq cens ans, ont eu connaissance des eaux chaudes de Plombières, et que passionnés qu’ils étaient pour l’usage des bains, ils ne les ont point négligés. »
Selon l’historien amateur J-D. Haumonté, sept piscines ou étuves antiques probablement de l’époque de Tibère (Ier siècle après J.-C.), sont mises à jour par des fouilles. Elles ont été probablement construites simultanément, et de rajouter « les travaux des ingénieurs romains furent si bien conçus que c’est grâce à eux que nous pouvons même aujourd’hui disposer des eaux thermales à Plombières ».

Bains-les-Bains

À Bains, petit bourg distant de 15 km seulement de Plombières, 600 médailles de bronze romaines (notamment de Domitien) sont exhumées durant les travaux de restauration de la principale source qui alimente l’ancien bain en 1752. Plus tard, on met à jour une piscine à ciel ouvert de 9,40 sur 6,40 m pavée de dalles, entourée d’un triple rang de gradins. Selon les estimations, elle remonte comme les bains de Plombières au Ier siècle de notre ère, et était alimentée par deux sources thermales.


Bleurville

Dans ce petit village vosgien peu connu, non loin de Neufchâteau, les Romains érigent des thermes mis au jour par des fouilles au XIXe siècle. On constate ainsi que les Romains avec l’appui des populations locales, avaient une connaissance topographique assez précise des sources en Lorraine et dans les Vosges en particulier. Aucune n’échappait à leur sagacité, tant l’eau pour les Romains était un besoin de première nécessité. 

Au Moyen Âge, l’usage des bains persiste

À la chute de l’Empire romain, les bains liés à des lieux spécifiques ne disparaissent pas totalement durant le Moyen Âge. Contrairement à l’opinion commune, hommes, femmes, nobles et paysans en Lorraine continuent de se laver et à prendre soin de leur corps. Ils se rendent dans des étuves collectives, mais aussi dans les anciens bains romains qui ont échappé en partie à la destruction, même s’ils ne sont plus entretenus. En 1292, le fils du duc de Lorraine Ferry III fait élever un château fortifié à Plombières « pour protéger les baigneurs contre les méchantes gens ». 

Aux temps modernes on redécouvre les vertues des bains

Plombières est sans conteste la station la plus ancienne, la plus connue et la plus fréquentée des Vosges, la mieux étudiée aussi. Des écrivains, des poètes, des médecins français et étrangers de renom ont écrit de nombreux ouvrages sur la qualité de ses eaux, de ses sources, et sur leur propriétés curatives.
Vers 1540, l’écrivain Joachim Camerarius, venu à Plombières pour soigner les séquelles d’une chute de cheval, composa une description en vers latins des eaux de Plombières. 
En 1604 un poète anonyme, inspiré par l’esprit champêtre de la cité vosgienne, compose ce joli poème : « À Plombières, joly bourg lorrain, en plein païs très bucolique, jaillit, ma foy, source magique, qui depuis le vieil temps romain, guérit mil maux, dont ma colique ! Ah ! De cela je suis certain ! », 
Michel de Montaigne qui souffre de néphrite et qui se vante d’avoir vu presque tous les bains de l’Europe préfère ceux « où il y a plus d’aménité de lieu, commodité de logis de vivres & de compagnies comme ceux entre autres de Plombières ». 
Le duc de Lorraine et de Bar François Ier (1517-1545) va lui aussi à Plombières pour prendre les eaux ; en 1576 Jean le Bon, médecin du cardinal de Guise, écrit un « Abrégé de la propriété des bains de Plommières [sic] ».
Au début du XVIIe siècle, soucieux de la santé des soldats, le roi de France Henri IV crée le premier hôpital thermal, réglemente l’usage des eaux et crée la charge de surintendant général des bains et fontaines minérales du royaume. Il jette les bases d’un thermalisme scientifique, des médecins sont chargés de suivre les « baignans ».
Le duc de Lorraine Henri II commence à fréquenter les eaux de Plombières en 1614, il y vient tous les ans. Il souffre de l’estomac et se soigne en buvant l’eau de la source.
Mais on se rend à Plombières surtout pour se baigner. L’usage des bains prolongés a la faveur des curistes du temps du médecin Berthemin. « On se baignait tout debout dans les bains de Plombières, les Allemands qui s’y rendaient, demeuraient dans le bain tout le jour, y grenouillaient et y faisaient même apporter leur soupe quand ils se sentaient faibles ». Si certains se contentaient de boire quelques verres des eaux chaudes, la plupart n’en buvaient pas du tout.
Le bain consiste à se plonger dans l’eau tout le corps sauf la tête qui doit être bien couverte, on ne doit y descendre que peu à peu, après l’étuve (bain de vapeur). Ensuite, on introduit aussi la douche. Le jet d’eau chaude qui frappe et atteint les parties du corps malade est introduit en 1617 à Plombières.

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Manière dont le malade enfermé dans l'étuve reçoit la douche

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