Contenu du Un lorrain chasseur de vampires

Dom Calmet

Dom Calmet (1672-1757), 53e abbé de Senones (Vosges) fait partie de ces érudits bénédictins dont le travail critique sur l’Histoire de la Bible faisait référence. Également connu comme l’historien de la Lorraine, il luttait aussi contre les pratiques superstitieuses, païennes et magiques qui avaient encore cours dans les campagnes. Sa curiosité fut attirée par un phénomène qui affecta l’Europe orientale au début du XVIIIe siècle : le vampirisme.


Les vampires se lèvent à l'est...


De 1720 à 1740, des cas de paysans morts revenus à la vie pour tourmenter leurs proches sont signalés et se multiplient en Serbie, en Hongrie et en Pologne. Ces affaires sont suffisamment prises au sérieux par les autorités pour qu’elles déclenchent des enquêtes. Elles sont également rapportées par la presse et suscitent la curiosité d’un lectorat essentiellement constitué des élites sociales et intellectuelles de l’époque.
Contrairement aux fantômes, qui ne sont que des apparitions, les vampires sont des morts dont le corps ne s’est pas décomposé, qui quittent leur tombeau pour mordre les vivants avec qui ils étaient en litige avant leur décès. Pour retrouver la paix, les villageois rouvrent les cercueils, arrachent le cœur du défunt et le décapitent.
Un peu comme pour le phénomène des soucoupes volantes, la réalité de cette vague de vampirisme fait débat au siècle des Lumières. Même contestée, elle imprègne suffisamment les esprits pour que Buffon et Linné baptisent vampires certaines espèces de chauve-souris suceuses de sang.

 

Et disparaissent à l'Ouest !

Dom Calmet publie en 1746 un ouvrage intitulé Dissertations sur les apparitions des anges, des démons et des esprits, et sur les revenants et vampires de Hongrie, de Bohême, de Moravie et de Silésie. La seconde partie est consacrée plus particulièrement au vampirisme qu’il aborde « en historien, philosophe et théologien».

Il y accumule les récits concernant les vampires et aboutit à la conclusion que ces derniers n’existent pas. La résurrection des corps appartient à Dieu seul. Les preuves citées sont insuffisantes. Les faits rapportés peuvent s’expliquer par des causes naturelles : maladies, malnutrition, personnes inhumées prématurément. Cette dernière hypothèse entre en résonance avec la grande peur d’être enterré vivant qui fait florès en Europe dans les années 1740-1760.
Son livre connaît un grand succès (3 éditions de 1746 à 1751, traductions en allemand, en italien et en anglais) même s’il s’attire les foudres de Voltaire stigmatisant l’abbé dans sa croyance aux êtres démoniaques, et donc aux vampires si on lui apportait des preuves suffisantes.
L’œuvre de Dom Calmet constitue une somme d’histoires sur le sujet, somme dans laquelle vont puiser bien des écrivains par la suite. Paradoxalement, cette réfutation de l’existence des vampires va contribuer à leur résurrection… littéraire !

 

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